Davantage de douceur dans cette nouvelle production de Kirk Fletcher, sur lequel les vocaux de l'artiste gagnent en profondeur et en émotion. Soit un sixième opus, plus orienté soul-blues que les précédents, où les soli du guitariste s'avèrent néanmoins toujours aussi inspirés.

C'est le cas sur 'Ain't no cure for the downhearted', comme sur le groovy 'No place to go' (l'une des deux co-écritures de Kirk et de Richard Cousins, le bassiste de longue date de Robert Cray), où son jeu incisif rappelle ceux d'Albert King et d'Albert Collins.
Même la ballade très bien chantée 'Love is more than a word' (la 2è collaboration entre Fletcher et Cousins), pourtant un rien inconsistante à la base, n'échappe pas à ce constat d'une réelle maîtrise de l'instrument chez  Kirk Fletcher. L'excellent mid-tempo 'Struggle for grace' qui lui succède le confirme.
Dans un registre blues-rock texan, suit le remarquable shuffle 'Rather fight than switch'.
'Heart so heavy', un slow blues interprété dans une mouvance proche de BB King, se révèle un autre savoureux exemple de son talent guitariste.

Soulignons, au passage, deux adaptations aussi inattendues qu'intéressantes: tout d'abord celle de 'Rather fight than switch', un titre d'AC Reed où la guitare punchy de Kirk vient en particulier se substituer au sax initial de Reed dans le solo central. Une belle performance.
Ensuite, la version habilement revisitée du 'Fattening frogs for snakes' de Sonny Boy Williamson II, où les chorus de guitare remplacent avec brio ceux à l'origine joués à l'harmonica.  

L'on pourrait encore citer la reprise du funky 'Place in this world somewhere' (un morceau du Chris Cain band), elle aussi très enlevée.

Quant à l'instrumental 'D is for Denny', il s'agit là d'une composition de Fletcher écrite en hommage à Denny Freeman, un guitariste et pianiste de blues texan, un moment basé à Los Angeles, période durant laquelle le jeune Kirk l'avait fréquenté et qui l'a, depuis lors, toujours beaucoup impressionné. Sur ce morceau, son jeu rappelle tantôt celui de Stevie Ray Vaughan, tantôt celui d'un Freddie King à ses débuts.

Et pour clore avec sensibilité cet opus, Fletcher nous propose en acoustique sa relecture d'un émouvant ''downhome'' blues du texan Weldon 'Juke Boy' Bonner ('Life gave me a dirty deal'), épaulé pour la circonstance par l'harmonica de Charlie Musselwhite (lequel nous offre une magistrale intervention) et le résonateur très ''backporch'' de son vieux pote Josh Smith.

Vous l'aurez compris, 'My blues pathway', qui réunit quelques unes des influences ayant jalonné le parcours du guitariste depuis ses débuts, est une belle réussite. Nul doute qu'en poursuivant sa route  Kirk Fletcher laisse désormais sa trace parmi les grands du blues.

Kirk n’est pas vraiment un inconnu, son CV montre qu’il a joué avec Joe Bonamassa, Eros Ramazzotti et a été le guitariste principal des Fabulous Thunderbirds. Il a croisé quelques légendes du blues : Pinetop Perkins, James Cotton et Hubert Sumlin. Et Charlie Musselwhite lui a proposé une collaboration. En son nom propre, My Blues Pathway est son sixième album, dont un excellent live, Burning Blues (Live at the Baked Potato) sorti en 2014. La diversité de ces rencontres a permis d’ouvrir sa musique dans des directions originales avec un blues teinté de soul. Avec ce nouvel album, il franchit un palier avec une musique qui lorgne du côté de Robert Cray, d’ailleurs, Richard Cousins le bassiste de Cray a co-écrit deux titres ; « «No Place To Go» » et « «Love Is More Than A Word» ». Avec Travis Carlton à la basse, Jeff Babko aux claviers, Lemar Carter et David Kida à la batterie, Joe Sublett au sax et Mark Pender à la trompette le groupe est costaud. On remarque aussi une belle influence d’Albert King sur « «Struggle For Grace» » et sa reprise de “Rather Fight Than Switch”d’A.C. Reed casse la baraque.

Et dans “Fattening Frogs for Snakes” (Sonny Boy Williamson), il remplace habilement l’harmonica par des licks de guitare subtils. Cerise sur le gâteau, l’album se termine par «Life Gave Me A Dirty Deal» avec l’immense Charlie Musselwhite à l’harmonica et l’excellent Josh Smith au résonateur