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John Coltrane : Meditations (1966)

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John Coltrane : Meditations (1966) Empty John Coltrane : Meditations (1966)

Message par Ayler Jeu 20 Mar 2008 - 13:43

John Coltrane : Meditations (1966)

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Face 1

1. The Father And The Son And The Holy Ghost – 12:51
2. Compassion – 6:50

Face 2

1. Love – 8:09
2. Consequences – 9:11
3. Serenity – 3:28


Personnel :

John Coltrane — Saxophone ténor
Pharoah Sanders — Saxophone ténor
McCoy Tyner — Piano
Jimmy Garrison — Contrebasse
Elvin Jones — Batterie
Rashied Ali — Batterie

Enregistré le 23 novembre 1965 au Rudy Van Gelder Studio.


"Meditations" est sans nul doute l'un des albums les plus importants de la New Thing. Un véritable chef d'oeuvre. Dernier album studio publié du vivant de Coltrane, il constitue la transition entre la fin du quartet historique et l'ultime quintet (avec Pharoah Sanders). C'est aussi l'album qui est à la frontière des deux mouvements de ce qu'on appelle souvent la dernière période de Coltrane (qui débute après "A Love Supreme").

Il est d'ailleurs intéressant de rapprocher "Meditations" de "A Love Supreme". Enregistrés à seulement un an d'écart, ils présentent des similitudes : ce sont des disques de musique spirituelle conçus comme un tout. L'ordre des différents mouvements est pensé, et le travail d'écriture en amont non négligeable. Les deux albums partagent d'ailleurs une qualité d'écriture rarement égalée dans l'univers du jazz.
Pour autant, l'écoute des deux albums montre surtout le chemin parcouru musicalement par Coltrane en un peu moins d'un an : il dépasse l'entendement. Alors que "A Love Supreme" se situe encore dans le prolongement des débuts du quartet, constituant d'une certaine façon son aboutissement, "Meditations" est un album de free jazz, où l'émotion, la puissance, la beauté et l'énergie brute s'impose à l'auditeur avec violence.

A ce stade de sa carrière, Coltrane était l'un des très rares jazzmen pouvant se permettre d'enregistrer régulièrement, et ne choisir que les sessions qu'il estimait les plus abouties. "First Meditations" (publié seulement en 1977) permet d'entendre le seul quartet historique de John interpréter le 2 septembre 1965 l'œuvre dans une version fort différente - et, je l'avoue, autrement plus accessible musicalement. Mais pas forcément aussi forte que les "Meditations" finalement retenues par John.

Le personnel de "Meditations" explique dans une large mesure l'originalité absolue de l'œuvre. Il faut noter que ce sont là les ultimes contributions en studio de McCoy Tyner, qui est au sommet de son art, mais aussi d'Elvin Jones (qui rejouera toutefois avec Coltrane par la suite). "Meditations" explique dans une certaine mesure le départ des deux hommes. McCoy Tyner et Elvin Jones étaient des jazzmen qui, sans être hostiles au free jazz, n'avaient pas forcément envie d'en jouer sur le long terme. Dans un cadre free, nul besoin de la science harmonique de McCoy, pas plus que des polyrythmies d'Elvin où le swing, n'en déplaise aux critiques d'alors, avait toujours sa place. Avec Rashied Ali à ses cotés, la partie était perdue d'avance pour Elvin, dans la mesure où le jeu free s'impose irrémédiablement au jeu respectant les mesures. Elvin et McCoy donneront la même explication quant à leur départ du groupe : ils ne s'entendaient plus jouer - imaginez quatre saxophonistes et deux batteurs dans un contexte free…
Jimmy Garrison est ainsi le seul membre du quartet historique qui continuera l'aventure, mais son attachement à la personne de Coltrane allait de toute façon au-delà de ses convictions musicales. A ce stade, celles de Coltrane étaient pour le coup en phase avec celles de Pharoah Sanders, qui intègre alors le groupe de façon définitive, mais aussi de Rashied Ali, dont le jeu multidirectionnel (le qualificatif est de Coltrane) se rapprochait plus de la liberté à laquelle aspirait John.

"The Father And The Son And The Holy Ghost" est le seul mouvement absent de "First Meditations". Selon Pharoah, il faut comprendre le titre comme une sorte de manifeste de la New Thing, où Coltrane serait le Père, Pharoah le Fils, et Albert Ayler le Saint Esprit. A ce stade de sa carrière, Coltrane cherchait manifestement d'autres voies, et la passion de Pharoah - et plus encore d'Albert Ayler - a manifestement beaucoup influencé son approche de l'instrument. Il suffit de comparer le son de Coltrane sur "A Love Supreme" et celui des derniers mois pour s'en rendre compte : Coltrane a fait sien le large vibrato d'Albert Ayler. La terre (le gospel, le blues) et l'espace (la liberté du free) se fondent dans une complète communion. Pour autant, même dans ce contexte free, où le jeu de Pharoah est avant tout instinctif, le jeu de Coltrane reste toujours incroyablement pensé et parfaitement articulé. Le jeu de John n’est pas moins puissant que celui de ses collègues. Sa maîtrise ne fait jamais obstacle à sa capacité à susciter l’émotion.
Etrangement, après la mort de Coltrane, Ayler et Pharoah n'auront de cesse de revenir à l'héritage Coltranien, qui finira par écraser Pharoah sur certains enregistrements - alors que ce dernier avait une personnalité musicale très forte dans les années 60.

Concernant la musique enregistrée ce 23 novembre 1965, on retrouve effectivement les deux derniers soli enregistrés par McCoy Tyner chez Coltrane : ils comptent parmi ses meilleurs. Le duo Ali/Jones n'a pas certes fonctionné sur le plan humain, mais le résultat est par moment stupéfiant ("The Father and The Son and The Holy Ghost") et le partage des tâches finalement équilibré. Pharoah livre deux soli sauvages, d'une intensité exceptionnelle où le son pur prime sur les notes, dans le prolongement de son chorus de "Om". Quant à Coltrane, il alterne avec génie violence tellurique ("The Father and The Son and The Holy Ghost") et lyrisme ("Love", "Serenity"). Un sommet en terme de musique spirituelle.
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John Coltrane : Meditations (1966) Empty Re: John Coltrane : Meditations (1966)

Message par WillieBrown Mer 9 Déc 2009 - 19:37

Le premier morceau est énorme, vraiment vraiment bon. Faut plusieurs écoutes avant de pouvoir le supporter mais après on ne le lâche plues. C'est intense, entêtant, puissant et très violent sans être méchant. Les saxophones sont monstreux, les deux batteries donnent une fièvre sans égale, on peut entrer dans une véritable transe, surtout à partir de la cinquième minute. C'est à faire danser les morts.
Par contre le reste de l'album contraste trop avec ce titre, je trouve que Compassion est ennuyeux, le piano n'apporte aucune émotion (au contraire de A Love Supreme), tout comme Love où je ne parviens pas à en ressortir avec quelque chose. Ca repart avec Consequences où la phrase de la chronique ci-dessus "le son pur prime sur les notes" prend tout son sens, mais la fin refroidit l'intérêt. Et autant écouter Om pour entendre Sanders faire fondre son saxophone avec son souffle. Serenity, le dernier morceau, est par contre magnifique. Le solo de Coltrane a quelque chose de très tragique mais finit par être très apaisant. C'est le morceau que je voudrais apprendre si j'avais un saxophone.

En bref si vous voulez du free jazz qui ne tombe pas dans l'expérimental et dans l'insupportable, le premier morceau est pour vous Smile
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