Otis Taylor - 'Fantasizing about being black' (2017)
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04092017
Otis Taylor - 'Fantasizing about being black' (2017)
Otis Taylor - 'Fantasizing about being black' (2017)
Date de sortie: 17 février 2017
Label: Trance blues festival/
(ou Inakustik)
Genre: Blues, Folk, Bluegrass-Old timey, Rock, Country
Liste des titres:
01- Twelve string mile
02- Walk on water
03- Banjo bam bam
04- Hands on your stomach
05-Jump Jelly belly
06- Tripping on this
07- D to E blues
08- Jump out the line
09- Just want to live with you
10- Roll down the hill
11- Jump to Mexico
Personnel:
Otis Taylor/ Guitare, banjo, chant; Todd Edmunds/ basse; Brandon Niederauer/ guitare; Jerry Douglas/ lap steel guitare; Ron Miles/ cornet ; Anne Harris/ violon; Larry Thompson/ batterie
'Twelve string mile'
'Tripping on this'
'Walk on water'
https://youtu.be/5bdhWCpccbQ
'Jump Jelly Belly'
https://youtu.be/y-rU80zltLA
Date de sortie: 17 février 2017
Label: Trance blues festival/
(ou Inakustik)
Genre: Blues, Folk, Bluegrass-Old timey, Rock, Country
Liste des titres:
01- Twelve string mile
02- Walk on water
03- Banjo bam bam
04- Hands on your stomach
05-Jump Jelly belly
06- Tripping on this
07- D to E blues
08- Jump out the line
09- Just want to live with you
10- Roll down the hill
11- Jump to Mexico
Personnel:
Otis Taylor/ Guitare, banjo, chant; Todd Edmunds/ basse; Brandon Niederauer/ guitare; Jerry Douglas/ lap steel guitare; Ron Miles/ cornet ; Anne Harris/ violon; Larry Thompson/ batterie
'Twelve string mile'
'Tripping on this'
'Walk on water'
https://youtu.be/5bdhWCpccbQ
'Jump Jelly Belly'
https://youtu.be/y-rU80zltLA
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Otis Taylor - 'Fantasizing about being black' (2017) :: Commentaires
Passablement déçue par le précédent 'Hey Joe/ Opus Red meat' d'OtisTaylor, c'est avec une certaine distance que j'ai abordé, voici quelques mois déjà, ce 'Fantasizing about being black', à l'intitulé un rien ambigu, mais qui dévoile assez vite l'étendue de sa noirceur pseudo-humoristique.
N'y cherchez pas l'évocation des plus intimes fantasmes nocturnes de l'homme noir, l'expression de ses pulsions instinctives, l'énumération de ses désirs et sentiments refoulés, de ses vaines espérances, ou bien encore le descriptif de quelques voyages extra temporels tout droit jaillis des tréfonds d'un inconscient en pleine phase de sommeil paradoxal, vous seriez déçus.
Les songes de Taylor sont au contraire d'une lucidité exemplaire, fruits d'une conscience supra éveillée, et tous peuplés d'images fantasmagoriques obsédantes.
Ce sont toujours de sombres allégories, qui ciblent encore ici quelques unes des plus rudes épreuves subies par la communauté afro-américaine au cours de son histoire :
Traite des africains ; joug de leur servitude ; soumission et désirs de liberté ; ségrégation post-esclavagiste ; tabous des couples mixtes ; tensions de retrouvailles entre un père et son fils métisse autrefois abandonné ; persévérance des marcheurs pour les droits civiques, pacifistes malgré leur hantise de violentes répressions (allusion aux étudiants de Birmingham repoussés à coup de lances à incendie et de lâcher de chiens policiers, en 1963); militaires afro-américains délibérément assignés aux tâches les plus périlleuses durant la seconde guerre mondiale...
Et puis, une dernière parabole sur un sujet brûlant, l'avenir des chicanos aux U.S.A.
Soit autant de zooms symboliques, pour la plupart balises mémorielles indélébiles, érigées en sentinelles d'une éthique normative sans cesse bafouée, dont le climat musical illustre à la fois l'aspect tragique des événements et surtout le profond désarroi de Taylor devant l'actuelle extension des doctrines racistes et xénophobes.
Alors, bien sûr, la teneur du message explique en partie la structure musicale adoptée. Et, par le biais de ces chroniques, Taylor dénonce avec toujours autant d'application discriminations et préjugés ethniques, sa façon de prôner davantage de tolérance, de fraternité et d'équité entre les peuples.
Mais si l'argumentaire de l'artiste, solide, sans appel, peut encore se révéler salutaire, son orchestration, elle, laisserait plutôt planer une forme de résignation, voire même une sorte d'apitoiement sur sa propre condition.
Aussi, à l'issue de cet exercice, aux antipodes de tout rêve chimérique, me suis-je interrogée sur l'incidence d'une telle matrice.
Parce qu'entre évoquer, en guise d'ultime garde-fou, les pires cauchemars de l'homme noir, résurgences d'un passé en soi déjà suffisamment douloureux, et recourir à une tonalité d'enregistrement sinistre à vous flanquer le bourdon de bout en bout, l'on peut se demander si c'est vraiment la plus subtile des méthodes pour, d'une part, convaincre un auditoire encore dubitatif, voire sensibiliser un nouveau public, et de l'autre, générer un semblant d'optimisme chez les principaux concernés.
Ici, aucune note d'espoir, aucune forme de libération instrumentale ou vocale ne vient contrebalancer l'oppressante ambiance de fond.
Autant la musique de Taylor avait auparavant l'art de mêler des atmosphères diamétralement opposées, le talent inné de nous communiquer simultanément la gravité d'une situation et une farouche détermination à la surmonter, autant, à présent, elle refléterait plutôt le fatalisme qui le gagne.
L'urgence du propos, tout comme l'impératif d'y faire front, bien entendu dans l'élémentaire observance de la non-violence, ne transparaît plus dans les mélodies.
Il n'y a plus aucune progression à contre-courant. Plus le moindre sursaut réflexe qui vienne infléchir le plomb lourdement pulsatif des tempos.
Guitares et banjos, loin de suggérer comme auparavant des étincelles de réaction, une échappée toujours possible, la perspective éventuelle de jours meilleurs, s'abîment désormais dans la mélancolie la plus abyssale.
Un tel registre musical, intentionnel ou pas, donne l'impression que le rouleau compresseur, ainsi affranchi du moindre obstacle (ou de la plus élémentaire velléité de résistance alentour), poursuit inexorablement sa route.
Ce faisant, les récits perdent de leur vivacité. Mélodiquement parlant, la puissance évocatrice de Taylor s'estompe au profit d'une amertume presque palpable, démontrant à quel point, depuis l'inimaginable ascension de Trump dans la course présidentielle, cette ré-émergence massive du nationaliste blanc, ô combien alarmante, l'atterre.
Et la musicalité de l'album en souffre.
Du reste, d'un point de vue stratégique, cette forme de mise en garde se révèle, à bien des égards, maladroite.
Sans doute submergé par un légitime flot d'émotions, Taylor tend non seulement à associer barbaries passées et situations contemporaines, mais aussi à orienter son plaidoyer vers des événements phares, hautement subjectifs, tout en négligeant les avancées bénéfiques qui en découlèrent.
Outre ces omissions, il noircit inutilement l'horizon, sans qu'aucun vecteur d'espoir ne vienne le nuancer.
Du coup, et bien que son argumentaire, toujours sous couvert d'une neutralité exemplaire d'observateur historique, soit en majorité exempt d'accents subversifs, son manque de recul par rapport aux faits actuels (ou distanciation, vertu de tout historien qui se respecte) altère en partie la qualité de ce réquisitoire.
Adieu, donc, les effets de contraste, ces jeux d'ombres et de lumières, entrave des rythmiques plombées vs / entrain des arpèges en acoustique, si représentatifs des différents paliers de l'énergie pulsionnelle générée par l'affect.
Absence de dynamisme, manque de relief, redondances, fadeur et défaut d'inspiration seraient plutôt les maîtres-mots de cet album, sur lequel Taylor revisite par ailleurs quatre de ses anciennes compositions.
Seules quelques plages parviennent à relever un tant soit peu le niveau d'ensemble : 'Twelve string mile' (l'une des reprises), 'Tripping on this', 'Jump out of line', et 'Roll down the hill', ces deux derniers d'influence Mississippi Hill Country (dans des sonorités guitaristiques à la Junior Kimbrough).
Je crains toutefois que l'impact n'en soit que très relatif.
A mon grand regret, le pouvoir d'attraction d'Otis Taylor n'a cessé de diminuer depuis 'My World is gone', les deux dernières tentatives discographiques de l'artiste s'étant révélées plutôt médiocres.
Aussi, à défaut de faire encore vibrer son auditoire, espérons seulement que ces quelques rappels suffiront à remettre dans le droit chemin les esprits égarés, trop facilement influençables...
N'y cherchez pas l'évocation des plus intimes fantasmes nocturnes de l'homme noir, l'expression de ses pulsions instinctives, l'énumération de ses désirs et sentiments refoulés, de ses vaines espérances, ou bien encore le descriptif de quelques voyages extra temporels tout droit jaillis des tréfonds d'un inconscient en pleine phase de sommeil paradoxal, vous seriez déçus.
Les songes de Taylor sont au contraire d'une lucidité exemplaire, fruits d'une conscience supra éveillée, et tous peuplés d'images fantasmagoriques obsédantes.
Ce sont toujours de sombres allégories, qui ciblent encore ici quelques unes des plus rudes épreuves subies par la communauté afro-américaine au cours de son histoire :
Traite des africains ; joug de leur servitude ; soumission et désirs de liberté ; ségrégation post-esclavagiste ; tabous des couples mixtes ; tensions de retrouvailles entre un père et son fils métisse autrefois abandonné ; persévérance des marcheurs pour les droits civiques, pacifistes malgré leur hantise de violentes répressions (allusion aux étudiants de Birmingham repoussés à coup de lances à incendie et de lâcher de chiens policiers, en 1963); militaires afro-américains délibérément assignés aux tâches les plus périlleuses durant la seconde guerre mondiale...
Et puis, une dernière parabole sur un sujet brûlant, l'avenir des chicanos aux U.S.A.
Soit autant de zooms symboliques, pour la plupart balises mémorielles indélébiles, érigées en sentinelles d'une éthique normative sans cesse bafouée, dont le climat musical illustre à la fois l'aspect tragique des événements et surtout le profond désarroi de Taylor devant l'actuelle extension des doctrines racistes et xénophobes.
Alors, bien sûr, la teneur du message explique en partie la structure musicale adoptée. Et, par le biais de ces chroniques, Taylor dénonce avec toujours autant d'application discriminations et préjugés ethniques, sa façon de prôner davantage de tolérance, de fraternité et d'équité entre les peuples.
Mais si l'argumentaire de l'artiste, solide, sans appel, peut encore se révéler salutaire, son orchestration, elle, laisserait plutôt planer une forme de résignation, voire même une sorte d'apitoiement sur sa propre condition.
Aussi, à l'issue de cet exercice, aux antipodes de tout rêve chimérique, me suis-je interrogée sur l'incidence d'une telle matrice.
Parce qu'entre évoquer, en guise d'ultime garde-fou, les pires cauchemars de l'homme noir, résurgences d'un passé en soi déjà suffisamment douloureux, et recourir à une tonalité d'enregistrement sinistre à vous flanquer le bourdon de bout en bout, l'on peut se demander si c'est vraiment la plus subtile des méthodes pour, d'une part, convaincre un auditoire encore dubitatif, voire sensibiliser un nouveau public, et de l'autre, générer un semblant d'optimisme chez les principaux concernés.
Ici, aucune note d'espoir, aucune forme de libération instrumentale ou vocale ne vient contrebalancer l'oppressante ambiance de fond.
Autant la musique de Taylor avait auparavant l'art de mêler des atmosphères diamétralement opposées, le talent inné de nous communiquer simultanément la gravité d'une situation et une farouche détermination à la surmonter, autant, à présent, elle refléterait plutôt le fatalisme qui le gagne.
L'urgence du propos, tout comme l'impératif d'y faire front, bien entendu dans l'élémentaire observance de la non-violence, ne transparaît plus dans les mélodies.
Il n'y a plus aucune progression à contre-courant. Plus le moindre sursaut réflexe qui vienne infléchir le plomb lourdement pulsatif des tempos.
Guitares et banjos, loin de suggérer comme auparavant des étincelles de réaction, une échappée toujours possible, la perspective éventuelle de jours meilleurs, s'abîment désormais dans la mélancolie la plus abyssale.
Un tel registre musical, intentionnel ou pas, donne l'impression que le rouleau compresseur, ainsi affranchi du moindre obstacle (ou de la plus élémentaire velléité de résistance alentour), poursuit inexorablement sa route.
Ce faisant, les récits perdent de leur vivacité. Mélodiquement parlant, la puissance évocatrice de Taylor s'estompe au profit d'une amertume presque palpable, démontrant à quel point, depuis l'inimaginable ascension de Trump dans la course présidentielle, cette ré-émergence massive du nationaliste blanc, ô combien alarmante, l'atterre.
Et la musicalité de l'album en souffre.
Du reste, d'un point de vue stratégique, cette forme de mise en garde se révèle, à bien des égards, maladroite.
Sans doute submergé par un légitime flot d'émotions, Taylor tend non seulement à associer barbaries passées et situations contemporaines, mais aussi à orienter son plaidoyer vers des événements phares, hautement subjectifs, tout en négligeant les avancées bénéfiques qui en découlèrent.
Outre ces omissions, il noircit inutilement l'horizon, sans qu'aucun vecteur d'espoir ne vienne le nuancer.
Du coup, et bien que son argumentaire, toujours sous couvert d'une neutralité exemplaire d'observateur historique, soit en majorité exempt d'accents subversifs, son manque de recul par rapport aux faits actuels (ou distanciation, vertu de tout historien qui se respecte) altère en partie la qualité de ce réquisitoire.
Adieu, donc, les effets de contraste, ces jeux d'ombres et de lumières, entrave des rythmiques plombées vs / entrain des arpèges en acoustique, si représentatifs des différents paliers de l'énergie pulsionnelle générée par l'affect.
Absence de dynamisme, manque de relief, redondances, fadeur et défaut d'inspiration seraient plutôt les maîtres-mots de cet album, sur lequel Taylor revisite par ailleurs quatre de ses anciennes compositions.
Seules quelques plages parviennent à relever un tant soit peu le niveau d'ensemble : 'Twelve string mile' (l'une des reprises), 'Tripping on this', 'Jump out of line', et 'Roll down the hill', ces deux derniers d'influence Mississippi Hill Country (dans des sonorités guitaristiques à la Junior Kimbrough).
Je crains toutefois que l'impact n'en soit que très relatif.
A mon grand regret, le pouvoir d'attraction d'Otis Taylor n'a cessé de diminuer depuis 'My World is gone', les deux dernières tentatives discographiques de l'artiste s'étant révélées plutôt médiocres.
Aussi, à défaut de faire encore vibrer son auditoire, espérons seulement que ces quelques rappels suffiront à remettre dans le droit chemin les esprits égarés, trop facilement influençables...
Ouh là là, mais ça ne donne pas du tout envie, là!!!!
En tout cas, que voilà de la critique de haute volée, Miss Flo. Bravo, et merci!
En tout cas, que voilà de la critique de haute volée, Miss Flo. Bravo, et merci!
J'ai l'impression qu'avec Otis l'ascenseur descend toujours plus bas. Plus ça và, moins ça và.
Ah ça oui ! Avec Flo et Bayou on a deux chroniqueurs hors pair.T.Jiel a écrit:En tout cas, que voilà de la critique de haute volée, Miss Flo. Bravo, et merci!
Je trouve même qu'au fil du temps ils ont encore progressé en la matière ! C'est bien documenté, bien replacé dans le contexte, et bien argumenté (et bien écrit évidemment, mais ça je suppose qu'ils savent le faire depuis longtemps ! ).
Je dirais presque que, quelle que soit la teneur de la critique -favorable ou défavorable-, ils arrivent souvent à établir une certaine proximité entre les lecteurs et les artistes, et que ça donne envie d'écouter les galettes ne serait-ce que par sympathie pour ces artistes... et pour voir si on est d'accord avec leurs jugements !
Bravo (et merci) Flo et Bayou !
Superbe chronique Flo merci bien Depuis White African et Definition of a cycle j'ai décroché je dois dire qu'il a vraiment un style propre et une intensité certaine mais le discours est parfois à la limite entre victimisation et rejet de tout le système et puis cette noirceur sans petit bout de lumière j'ai du mal
J'avais écouté cet album et j'avais été extrêmement déçu. Il y a à l'écoute une noirceur des plus totales. Je n'ai jamais voulu le réécouter. J'avais adoré son opus Respect The Dead mais alors là c'est franchement un CD qui fout le bourdon!! On est bien loin de trouver une tuerie comme Ten Million Slaves!
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