B.B. King & Friends : 80 (2005)

B.B. King & Friends : 80 (2005)



1. Early In The Morning (with Van Morrison)
2. Tired Of Your Jive (with Billy F Gibbons)
3. The Thrill Is Gone (with Eric Clapton)
4. Need Your Love So Bad (with Sheryl Crow)
5. Ain't Nobody Home (with Daryl Hall)
6. Hummingbird (with John Mayer)
7. All Over Again (with Mark Knopfler)
8. Drivin' Wheel (with Glenn Frey)
9. There Must Be A Better World Somewhere (with Gloria Estefan)
10. Never Make Your Move Too Soon (with Roger Daltrey)
11. Funny How Time Slips Away (with Bobby Bland)
12. Rock This House (with Elton John)


Pour les 80 ans de B.B. King, ses producteurs ont repris la formule de "Blues Summit" et "Deuces Wild", qui n'est pas sans rappeler celle du come back fracassant de John Lee Hooker en 1989 avec "The Healer".

Autant le dire tout de suite, la formule trouve ici ses limites. Si certains invités savent mettre à profit leur talent, et servent la musique du roi du blues, d'autres font regretter le récent "Blues On The Bayou" où B.B. King avait montré avec brio qu'il n'avait besoin d'aucune guest star pour produire un blues de grande qualité.

Sur "The Thrill Is Gone" et "All Over Again" (aussi connu sous le nom de "I Got A Mind To Give Up Living"), la formule fonctionne très bien pour différentes raisons. L'interprétation de B.B. King est exceptionnelle : outre la subtilité de ses parties de guitare, il présente en vieillissant un chant d'une profondeur presque sans égal, particulièrement émouvant. La complicité dont il fait preuve avec Clapton sur la énième version de son tube est servie par l'humilité des deux hommes. Et Clapton et Knopfler ont l’intelligence de se limiter à leurs seules competences de guitariste.

La première plage, "Early In The Morning" (avec Van Morrison), est elle aussi d'un très bon niveau, de même que le duo avec Bobby Bland, le plus naturel de l'album, très nostalgique.

Le duo avec Billy Gibbons ("Tired Of Your Jive") s'inscrit malheureusement dans la tendance lourde des productions modernes, où le son est tellement travaillé qu'il en perd tout relief. Il serait temps que les producteurs de blues se rendent compte que la dynamique est un élément fondamental qu'il est stupide de gommer pour se plier aux exigences du gros son.

Le duo avec Sheryl Crow n'est pas mauvais, car la voix de B.B. King y est splendide... mais Sheryl Crow a l'air d'une petite fille en comparaison. Cela dit, elle s'en sort mieux que Gloria Estefan, dont le chant parasite "There Must Be A Better World Somewhere" plus qu'autre chose.

Sans surprise, John Mayer et son blues pop est aussi lisse que les fesses d'un nouveau-né...

Mais c'est à Roger Daltrey que je réserve la palme du massacre amical : il est complètement à coté de la plaque sur "Never Make Your Move Too Soon", forçant sa voix jusqu'à la caricature.


Au final ? Avec un bon producteur, B.B. King pourrait tout à fait livrer des albums inoubliables. En tant que musicien, sa force émotionnelle est intacte. Une prochaine fois ?