Tedeschi Trucks band – Signs (2019)
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Tedeschi Trucks band – Signs (2019)
Tedeschi Trucks band – Signs (2019)
Date de sortie : 15 Février 2019
Label : Fantasy
Genre : rock sudiste, funk, soul, rhythm & blues, ballades folk & country, jazz-rock, gospel
Liste des titres :
01- Signs, high times
02- I'm gonna be there
03- When will I begin
04- Walk through this
05- Strengthen what remains
06- Still your mind
07- Hard case
08- Shame
09- All the world
10- They don't shine
11- The ending
Personnel :
Susan Tedeschi : chant (tous les titres), lead guitar & wah wah (n°4)
Derek Trucks/ guitares (tous), guitare rythmique, résonateur (n°11), percussions (n°4)
Kofi Burbridge † / piano à queue, piano électrique Wurlitzer & Rhodes, orgue Hammond
Tim Lefebvre/ basse, basse acoustique (n°5)
J.J. Johnson & Tyler Greenwell/ batterie & percussions
Marc Quiñones/ congas
Mike Mattison, Mark Rivers, Alecia Chakour/ vocaux
Kebbi Williams/ saxo
Ephraim Owens/ trompette
Elizabeth Lea/ trombone
Invités :
Doyle Bramhall II/ guitare acoustique (n°5), guitare électrique additionnelle (n°2), vocaux additionnels (n°2)
Jonathan Kuo, Gabriela Peña-Kin/ violon (n°2, 3, 9)
Jorge Peña/ viole (n°2, 3, 9)
Alexei Rom/ violoncelle (n°2, 3, 9)
Oliver Wood/ guitare acoustique ( n°11)
Warren Haynes/ vocaux (n°4)
'Hard case'
https://youtu.be/RSUYngnt-D0
'Shame'
https://youtu.be/L6Ju6BCfGhw
'All the world'
https://youtu.be/ZtDnnvydhDE
'They don't shine'
https://youtu.be/Nbh_uDWwpiQ
'The ending'
https://youtu.be/IKYDJgfvAcI
Dernière édition par Flovia le Dim 24 Fév 2019 - 8:38, édité 1 fois (Raison : ajout vidéo)
Flovia- The voice of Bluesland
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Date d'inscription : 19/03/2009
Tedeschi Trucks band – Signs (2019) :: Commentaires
C'est un album qui embarque pas mal de styles différents et c'est très bien fait.
A priori, ils passent à l'olympia de Paris, le 2 avril.
A priori, ils passent à l'olympia de Paris, le 2 avril.
Pour ma part je suis resté sur ma faim je trouve que le groupe ronronne un peu, ils font très bien ce qu'ils font mais si on compare les 4 derniers albums je ne vois plus de progression mais plus de la répétition.
Plutôt d'accord avec Jipes.
L’histoire a parfois des raccourcis cruels. Le quinze février 2019 sort le quatrième album studio du Tedeschi Trucks Band et le même jour on apprend le décès de Kofi Burbridge. Kofi, né en 1961, est un musicien central de la formation, il a joué avec le Derek Trucks Band depuis la création du groupe, puis continué l’aventure avec TTB. Ses claviers et sa flûte étaient des éléments déterminants dans le son du groupe. Sur ce nouvel album il avait co-signé deux titres « Signs High Times », « Still Your Mind » et effectué les nombreux arrangements. Il avait quitté provisoirement le groupe une première fois en juin 2017, après une crise cardiaque, qui avait nécessité une opération chirurgicale d'urgence, puis il n’avait pas repris la route pour la tournée en cours, en raison de nouvelles complications cardiaques. Ce nouvel album, co-produit par Derek, Bobby Tis et Jim Scott, a été enregistré au Swamp Raga Studios, le studio de Susan et Derek dans leur maison de Jacksonville.
Il confirme et amplifie la direction musicale du groupe, avec une musique de plus en soul, prenant comme grosse référence Leon Russell et Joe Cocker et leur groupe Mad Dogs and Englishmen qui avait cartonné de façon éphémère et épique dans les seventies. On ne retrouve plus (ou quasiment plus) les envolées world et hindous des premiers albums du DTB, et le blues, présent dans la carrière solo de Susan, s’estompe également au profit d’un mini big-band porté par les cuivres et les chœurs de plus en plus présents. La musique proposée se situe donc dans la continuité des nombreux shows et aucun titre accrocheur ne se détache véritablement de l’ensemble. Le travail de composition et d’écriture semble être quelque peu sacrifié au détriment des prestations scéniques ce qui est regrettable quand on mesure l’énorme potentiel du groupe.
Certes, il reste toujours le son et le toucher exceptionnel de Derek qui illuminent constamment les morceaux d’autant qu’on note les interventions de deux autres grands guitaristes, Warren Haynes qui co-écrit « Walks Through This Life », et Doyle Bramhall II pour « I’m Gonna Be There » et de Marc Quinones le percussionniste de l’ABB. Par contre le chant de Susan est parfois presque trop forcé, recherchant la puissance vocale au détriment du feeling. Par opposition Mike Mattison est plus à l’aise dans ce registre soul alors qu’il semblait à la peine du temps du Derek Trucks Band. Attention, l’album est excellent, mais on pouvait espérer une progression dans d’autres styles musicaux alors qu’ici on reste dans des contrées habituelles sans vraiment de surprises. Seul le dernier morceau « The Ending” (co-écrit par Oliver Wood du Wood Brothers Band) avec une superbe partie acoustique se détache de l’ambiance générale. Bien sûr les disparitions récentes des membres de l’Allman Family sont évoquées (Butch Trucks, Gregg Allman, Col Bruce Hampton dans ‘I’m Going To Be There’ and ‘Strengthen What Remains’.) et la tonalité globale est relativement pessimiste (« Hard Case », « Shame”. L’ensemble lorgne de plus en plus du côté de la Motown avec des influences d’Al Green, de Bobby Bland pour les cuivres voir Sly Stone ou Marvin Gaye. La pochette est assez triste, sorte de Tales From Topographic Oceans revisité après une apocalypse nucléaire où le ciel orange n’est pas vraiment engageant.
Une évidence s’impose, c’est sur scène que le groupe donne la pleine mesure de son talent, le studio bridant la richesse des improvisations.
L’histoire a parfois des raccourcis cruels. Le quinze février 2019 sort le quatrième album studio du Tedeschi Trucks Band et le même jour on apprend le décès de Kofi Burbridge. Kofi, né en 1961, est un musicien central de la formation, il a joué avec le Derek Trucks Band depuis la création du groupe, puis continué l’aventure avec TTB. Ses claviers et sa flûte étaient des éléments déterminants dans le son du groupe. Sur ce nouvel album il avait co-signé deux titres « Signs High Times », « Still Your Mind » et effectué les nombreux arrangements. Il avait quitté provisoirement le groupe une première fois en juin 2017, après une crise cardiaque, qui avait nécessité une opération chirurgicale d'urgence, puis il n’avait pas repris la route pour la tournée en cours, en raison de nouvelles complications cardiaques. Ce nouvel album, co-produit par Derek, Bobby Tis et Jim Scott, a été enregistré au Swamp Raga Studios, le studio de Susan et Derek dans leur maison de Jacksonville.
Il confirme et amplifie la direction musicale du groupe, avec une musique de plus en soul, prenant comme grosse référence Leon Russell et Joe Cocker et leur groupe Mad Dogs and Englishmen qui avait cartonné de façon éphémère et épique dans les seventies. On ne retrouve plus (ou quasiment plus) les envolées world et hindous des premiers albums du DTB, et le blues, présent dans la carrière solo de Susan, s’estompe également au profit d’un mini big-band porté par les cuivres et les chœurs de plus en plus présents. La musique proposée se situe donc dans la continuité des nombreux shows et aucun titre accrocheur ne se détache véritablement de l’ensemble. Le travail de composition et d’écriture semble être quelque peu sacrifié au détriment des prestations scéniques ce qui est regrettable quand on mesure l’énorme potentiel du groupe.
Certes, il reste toujours le son et le toucher exceptionnel de Derek qui illuminent constamment les morceaux d’autant qu’on note les interventions de deux autres grands guitaristes, Warren Haynes qui co-écrit « Walks Through This Life », et Doyle Bramhall II pour « I’m Gonna Be There » et de Marc Quinones le percussionniste de l’ABB. Par contre le chant de Susan est parfois presque trop forcé, recherchant la puissance vocale au détriment du feeling. Par opposition Mike Mattison est plus à l’aise dans ce registre soul alors qu’il semblait à la peine du temps du Derek Trucks Band. Attention, l’album est excellent, mais on pouvait espérer une progression dans d’autres styles musicaux alors qu’ici on reste dans des contrées habituelles sans vraiment de surprises. Seul le dernier morceau « The Ending” (co-écrit par Oliver Wood du Wood Brothers Band) avec une superbe partie acoustique se détache de l’ambiance générale. Bien sûr les disparitions récentes des membres de l’Allman Family sont évoquées (Butch Trucks, Gregg Allman, Col Bruce Hampton dans ‘I’m Going To Be There’ and ‘Strengthen What Remains’.) et la tonalité globale est relativement pessimiste (« Hard Case », « Shame”. L’ensemble lorgne de plus en plus du côté de la Motown avec des influences d’Al Green, de Bobby Bland pour les cuivres voir Sly Stone ou Marvin Gaye. La pochette est assez triste, sorte de Tales From Topographic Oceans revisité après une apocalypse nucléaire où le ciel orange n’est pas vraiment engageant.
Une évidence s’impose, c’est sur scène que le groupe donne la pleine mesure de son talent, le studio bridant la richesse des improvisations.
Tu as parfaitement analysé les éléments qui me déçoivent c'est l'abandon de l'originalité principale de la formation cette fusion entre le défunt Derek Trucks Band et l'apport prohéminent de Kofi Bubridge et la quasi disparition du Blues de Susan Tedeschi que j'aimais beaucoup avec cette voix proche de Bonnie Raitt
Pour moi, j'ai l'impression qu'ils ont tenté de faire autre chose pour lequel, on est pas habitué à les entendre de cette façon.
C'est pour cela que j'ai dis que c'était très bien fait. Si leur choix est de lorgner vers Motown, je ne suis pas convaincu de la bonne direction.
C'est pour cela que j'ai dis que c'était très bien fait. Si leur choix est de lorgner vers Motown, je ne suis pas convaincu de la bonne direction.
J’avoue que je suis un peu embêté pour formuler un avis bien tranché sur cet opus.
D’un côté je suis, comme beaucoup, frustré de ne plus retrouver la majorité des spécificités musicales du groupe et, bien entendu, avant tout le côté Blues. D’un autre côté j’adore la Soul et l’orientation de plus en plus présente de la plupart des morceaux vers ce domaine ne peut pas me déplaire ! D’autant plus que ce n'est pas du bas de gamme, c’est quand même bigrement bien foutu, tout en finesse et punch à la fois. Si les arrangements sont bien en majorité l’œuvre de Koffi Burbridge, alors c’est sûr qu’il va beaucoup manquer. Même les morceaux avec cordes, qui, en principe, ne sont pas ma tasse de thé, me paraissent très intéressants et me procurent de l’émotion.
C’est bizarre, à l’écoute de cet album il se passe l’exact contraire de mon ressenti à l’égard de la majorité des productions actuelles, qui peuvent m’impressionner de prime abord pour très vite plus ou moins me lasser. Là, à l’écoute de chaque plage je commence plutôt par faire la fine bouche pour ensuite me laisser prendre au groove d’ensemble et au développement du morceau. La voix très Blues de Suzan passe (bizarrement ?) parfaitement dans ce contexte (enfin on peut être aussi d'un avis contraire... ), et également les interventions très originales de Dereck, souvent un vrai régal !
Alors voilà, tout le monde évolue, eux aussi, et même si je regrette de ne plus entendre leur musique d’il y a quelques années, je ne peux pas bouder mon plaisir à l’écoute de leur travail d’aujourd’hui.
D’un côté je suis, comme beaucoup, frustré de ne plus retrouver la majorité des spécificités musicales du groupe et, bien entendu, avant tout le côté Blues. D’un autre côté j’adore la Soul et l’orientation de plus en plus présente de la plupart des morceaux vers ce domaine ne peut pas me déplaire ! D’autant plus que ce n'est pas du bas de gamme, c’est quand même bigrement bien foutu, tout en finesse et punch à la fois. Si les arrangements sont bien en majorité l’œuvre de Koffi Burbridge, alors c’est sûr qu’il va beaucoup manquer. Même les morceaux avec cordes, qui, en principe, ne sont pas ma tasse de thé, me paraissent très intéressants et me procurent de l’émotion.
C’est bizarre, à l’écoute de cet album il se passe l’exact contraire de mon ressenti à l’égard de la majorité des productions actuelles, qui peuvent m’impressionner de prime abord pour très vite plus ou moins me lasser. Là, à l’écoute de chaque plage je commence plutôt par faire la fine bouche pour ensuite me laisser prendre au groove d’ensemble et au développement du morceau. La voix très Blues de Suzan passe (bizarrement ?) parfaitement dans ce contexte (enfin on peut être aussi d'un avis contraire... ), et également les interventions très originales de Dereck, souvent un vrai régal !
Alors voilà, tout le monde évolue, eux aussi, et même si je regrette de ne plus entendre leur musique d’il y a quelques années, je ne peux pas bouder mon plaisir à l’écoute de leur travail d’aujourd’hui.
Pour ma part, l'album a beau considérablement manquer d'envergure, il m'a plutôt paru reposant, eu égard à la nature quasi intemporelle des ballades qui le composent. Le son chaleureux, fruit d'un enregistrement sur bandes analogiques, lui confère une impression d'intimité partagée.
En lui ajoutant un traitement très seventies des mélodies, et des arrangements soignés, le TTB ne s'en sort au final pas si mal.
Pour autant, je n'en suis pas sortie subjuguée, le changement de cap musical du groupe, déjà amorcé sur 'Let me get by', me déconcertant encore beaucoup.
La mise en avant du chant de Susan, sous ses formes stylistiques les plus populaires (soul , r'n'b, folk/country), se voit ici définitivement privilégiée, au détriment des incursions jazz-rock /world de son compagnon. En effet, la contribution soliste de Derek se réduit trop souvent à peau de chagrin, exception faite de 'I'm gonna be there' et 'Signs, high times', 'Still your mind' où le guitariste se lâche en derniers tiers de morceaux.
Et je trouve infiniment regrettable qu'une signature aussi originale soit sacrifiée sur l'autel des impératifs commerciaux, dans la mesure où, par bien des aspects, la dimension musicale des titres s'en ressent: envolées raga disparues, parties instrumentales diminuées, soli écourtés, digressions thématiques limitées.
Oh, bien sûr, les mélodies sont joliment ficelées, sauf que l'étincelle aventurière, celle qui transporte l'auditeur haut et loin, les a désertées! Et malgré le bel ouvrage du regretté Kofi Burbridge sur les instruments à cordes, l'inspiration du TTB n'en semble pas moins en berne.
En conséquences, l'opus manque de panache et de fantaisie, la mise au rebut du blues, discipline qui n'a certes jamais été la spécialité de Derek, mais dans laquelle Susan excellait, il n'y a encore pas si longtemps, me perturbant tout autant.
Quant à l'ambiance assez inhabituelle de l'opus, elle oscille entre affliction, exaltation et apaisement, en passant par des phases de pessimisme, de frustration et de nostalgie.
Chez Susan, cette déconcertante palette se retrouve dans ses inflexions vocales, parfois véhémentes, comme le signale si pertinemment Bayou. Toutefois, la chanteuse nous dévoile ici une autre facette de sa personnalité: sa faculté à s'exprimer avec détachement, exercice nécessitant une prise de recul considérable par rapport aux événements (notamment les récents décès qui ont touché le couple).
Et c'est cette nouvelle neutralité de ton, douce et relativement monocorde, par moments chargée d'une pointe de nostalgie, voire de lassitude, que l'on retrouve sur 'Strengthen what remains' , 'Still your mind', 'All the world' , 'When I begin', 'The ending'.
Cette forme d'abandon de soi dans le chant constitue, à mon sens, la véritable surprise de cet enregistrement.
Il s'en dégage une sorte de sagesse, qui, peu à peu, séduit
L'interprétation de ces ballades, de même que leur facture mélodique, ne sont d'ailleurs pas sans me rappeler celles de Judy Collins, période 70's, ou encore celles de Rita Coolidge, à la même époque.
Côté textes, en revanche, je déplore la tiédeur des propos, d'autant que le naufrage environnemental pré ou post-apocalyptique ornant la pochette présageait une prise de position autrement plus radicale.
Or les rares allusions à l'état de notre planète, comme à son tissu social désagrégé, passent par des métaphores voilées, des pensées assez nébuleuses, d'où semble émerger le sentiment que l'esprit de cohésion, la force morale et la foi peuvent guider le monde pour ''renforcer ce qui reste''.
Mais ce qui reste de quoi, au juste?
Du rêve américain? De sa déliquescence sociétale? Du peu de fraternité inter-ethnique?
Ce qui reste des beaux principes humanistes une fois le pouvoir suprême en main?
Ce qui reste d'empathie chez les partisans du mur entre Mexique et États-Unis, à l'instar, d'ailleurs, de tout isolationniste vis à vis des flux migratoires ''économiques'' ?
Ou bien ce qui reste en matière de ressources naturelles sur une terre empoisonnée par les pesticides, les cultures et élevages intensifs et l'extraction du gaz de schiste?
Ce qui reste viable et salubre sur une planète balayée par les cyclones, asséchée par la chaleur, brûlée par les incendies, ravagée par les inondations, la déforestation massive, polluée par les déchets industriels, domestiques et nucléaires, soit par tous les abus de l'homme, dans son insatiabilité permanente?
Suffit-il de prendre le tout puissant à témoin, de lui adresser ses prières pour un monde meilleur, pour en espérer mansuétude et antidotes?
Allons donc!
En substance, le TTB se montre conscient du monde qui saigne, des gens qui souffrent, de notre planète chargées d'immondices, et pourtant, le soleil continue de briller, le printemps renaissant lui-même chaque année. De ce simple constat émane la conviction qu'il suffit de s'aimer fort et de rester soudés face à l'adversité pour que la vie sur terre demeure belle.
Semblable théorie, pétrie de poncifs mystico-philosophiques, conduit à se demander dans quelle espèce de bulle un soupçon déconnectée du monde environnant ils vivent.
Cette interrogation prend davantage de sens lorsqu'on examine attentivement la fresque de la pochette, puisque l'on découvre, au cœur d'une marée de poissons moribonds, la présence plutôt incohérente d'une guitare et d'un ampli-sono. Avouez que de tels éléments ont de quoi interpeller, car si, fatalement, toute création musicale risque de s'éteindre dans le chaos terrestre présagé, semblable détail nous paraîtra éminent secondaire, le cas échéant.
Pour l'heure, le graphisme du dessin se veut déjà suffisamment naïf pour que l'ajout un rien puéril de tels accessoires ne vienne encore réduire la portée toute symbolique du message.
En lui ajoutant un traitement très seventies des mélodies, et des arrangements soignés, le TTB ne s'en sort au final pas si mal.
Pour autant, je n'en suis pas sortie subjuguée, le changement de cap musical du groupe, déjà amorcé sur 'Let me get by', me déconcertant encore beaucoup.
La mise en avant du chant de Susan, sous ses formes stylistiques les plus populaires (soul , r'n'b, folk/country), se voit ici définitivement privilégiée, au détriment des incursions jazz-rock /world de son compagnon. En effet, la contribution soliste de Derek se réduit trop souvent à peau de chagrin, exception faite de 'I'm gonna be there' et 'Signs, high times', 'Still your mind' où le guitariste se lâche en derniers tiers de morceaux.
Et je trouve infiniment regrettable qu'une signature aussi originale soit sacrifiée sur l'autel des impératifs commerciaux, dans la mesure où, par bien des aspects, la dimension musicale des titres s'en ressent: envolées raga disparues, parties instrumentales diminuées, soli écourtés, digressions thématiques limitées.
Oh, bien sûr, les mélodies sont joliment ficelées, sauf que l'étincelle aventurière, celle qui transporte l'auditeur haut et loin, les a désertées! Et malgré le bel ouvrage du regretté Kofi Burbridge sur les instruments à cordes, l'inspiration du TTB n'en semble pas moins en berne.
En conséquences, l'opus manque de panache et de fantaisie, la mise au rebut du blues, discipline qui n'a certes jamais été la spécialité de Derek, mais dans laquelle Susan excellait, il n'y a encore pas si longtemps, me perturbant tout autant.
Quant à l'ambiance assez inhabituelle de l'opus, elle oscille entre affliction, exaltation et apaisement, en passant par des phases de pessimisme, de frustration et de nostalgie.
Chez Susan, cette déconcertante palette se retrouve dans ses inflexions vocales, parfois véhémentes, comme le signale si pertinemment Bayou. Toutefois, la chanteuse nous dévoile ici une autre facette de sa personnalité: sa faculté à s'exprimer avec détachement, exercice nécessitant une prise de recul considérable par rapport aux événements (notamment les récents décès qui ont touché le couple).
Et c'est cette nouvelle neutralité de ton, douce et relativement monocorde, par moments chargée d'une pointe de nostalgie, voire de lassitude, que l'on retrouve sur 'Strengthen what remains' , 'Still your mind', 'All the world' , 'When I begin', 'The ending'.
Cette forme d'abandon de soi dans le chant constitue, à mon sens, la véritable surprise de cet enregistrement.
Il s'en dégage une sorte de sagesse, qui, peu à peu, séduit
L'interprétation de ces ballades, de même que leur facture mélodique, ne sont d'ailleurs pas sans me rappeler celles de Judy Collins, période 70's, ou encore celles de Rita Coolidge, à la même époque.
Côté textes, en revanche, je déplore la tiédeur des propos, d'autant que le naufrage environnemental pré ou post-apocalyptique ornant la pochette présageait une prise de position autrement plus radicale.
Or les rares allusions à l'état de notre planète, comme à son tissu social désagrégé, passent par des métaphores voilées, des pensées assez nébuleuses, d'où semble émerger le sentiment que l'esprit de cohésion, la force morale et la foi peuvent guider le monde pour ''renforcer ce qui reste''.
Mais ce qui reste de quoi, au juste?
Du rêve américain? De sa déliquescence sociétale? Du peu de fraternité inter-ethnique?
Ce qui reste des beaux principes humanistes une fois le pouvoir suprême en main?
Ce qui reste d'empathie chez les partisans du mur entre Mexique et États-Unis, à l'instar, d'ailleurs, de tout isolationniste vis à vis des flux migratoires ''économiques'' ?
Ou bien ce qui reste en matière de ressources naturelles sur une terre empoisonnée par les pesticides, les cultures et élevages intensifs et l'extraction du gaz de schiste?
Ce qui reste viable et salubre sur une planète balayée par les cyclones, asséchée par la chaleur, brûlée par les incendies, ravagée par les inondations, la déforestation massive, polluée par les déchets industriels, domestiques et nucléaires, soit par tous les abus de l'homme, dans son insatiabilité permanente?
Suffit-il de prendre le tout puissant à témoin, de lui adresser ses prières pour un monde meilleur, pour en espérer mansuétude et antidotes?
Allons donc!
En substance, le TTB se montre conscient du monde qui saigne, des gens qui souffrent, de notre planète chargées d'immondices, et pourtant, le soleil continue de briller, le printemps renaissant lui-même chaque année. De ce simple constat émane la conviction qu'il suffit de s'aimer fort et de rester soudés face à l'adversité pour que la vie sur terre demeure belle.
Semblable théorie, pétrie de poncifs mystico-philosophiques, conduit à se demander dans quelle espèce de bulle un soupçon déconnectée du monde environnant ils vivent.
Cette interrogation prend davantage de sens lorsqu'on examine attentivement la fresque de la pochette, puisque l'on découvre, au cœur d'une marée de poissons moribonds, la présence plutôt incohérente d'une guitare et d'un ampli-sono. Avouez que de tels éléments ont de quoi interpeller, car si, fatalement, toute création musicale risque de s'éteindre dans le chaos terrestre présagé, semblable détail nous paraîtra éminent secondaire, le cas échéant.
Pour l'heure, le graphisme du dessin se veut déjà suffisamment naïf pour que l'ajout un rien puéril de tels accessoires ne vienne encore réduire la portée toute symbolique du message.
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