TEDESCHI TRUCKS BAND EVERYBODY'S TALKING

Derek Trucks et Susan Tedeschi, mariés dans la vraie vie ont aussi décidé de s’unir musicalement en fusionnant leurs groupes respectifs fin 2010 et en sortant en 2011 un superbe album Revelator. Les petits défauts de leurs formations respectives se sont dissipés (Susan occupée à jouer de la guitare ne pouvait pas se consacrer pleinement à son chant, le groupe de Derek pêchait un peu dans les vocaux avec la voix de Mike Mattison, excellent chanteur, mais dont le style vocal n’était pas en adéquation avec la musique du groupe). Au mixage partiel des deux groupes se sont ajoutés Oteil Burbridge le bassiste de l’Allman Brothers Band, une section de cuivres percutante et dans la grande tradition de l’ABB et du Grateful Dead, deux batteurs.

A noter la similitude dans les carrières solos des deux guitaristes de l’ABB, Warren Haynes et Derek Trucks ayant sorti chacun un album studio en 2011 et un live documentant leurs prestations en 2012. Similitude également dans la volonté d’utiliser les cuivres, afin de colorer la musique, de lui donner de la puissance.

Ceux qui ont assisté aux concerts de la nouvelle formation pendant la tournée européenne de l’été 2011 ne seront pas surpris de la grande qualité de ce live. Trois morceaux seulement de Revelator y sont joués : « Midnight in Harlem », « Bound for Glory » et « Learn how to Love », et dans la superbe introduction du premier cité, le jeu de guitare de Derek est exceptionnel et le chorus final époustouflant.

Beaucoup de cover dont « Everybody's talkin'» de Harry Nilson (mais composé par Fred Neil), « Rollin’ and Tumblin’» de Muddy Waters, « Uptight » de Stevie Wonder, « Darling be home soon » de Joe Cocker,« Kissin' My Love » de Bill Withers, « Wade In The Water » des Staple Singers et « That Did It » de Bobby Bland. Ces multiples influences se retrouvent dans la musique qu’il est bien difficile d’étiqueter, Soul, Blues, Jazz, Rock, Rhythm & Blues… je dirais qu’un guitariste exceptionnel se met au service d’une des plus belles voix féminines américaines et comme ils ont de nombreux amis, la formation qui les soutient est de grande qualité.

Ce garçon a tout pour lui, il est très simple (je me souviens l’avoir croisé au comptoir d’un café devant une bière, après un concert à l’Alhambra à Paris avec Mike Mattison), il est merveilleux à la slide, c’est lui qui a remplacé Dickey Betts au sein de l’ABB, et il ne joue pas au guitar héros, mais reste concentré sur son jeu de guitare. Susan libérée de son rôle de guitariste/leader se consacre pleinement à son chant et Derek, par ses interventions lumineuses, aériennes, ses solos inventifs, donne la chair de poule et construit un superbe écrin où Susan pose sa voix. La section de cuivres groove à mort, avec une mention particulière pour Maurice Brown à la trompette.
Un regret, leur version de « Anyday » de Derek & the Dominos ne figure pas sur le CD certainement parce qu’elle figurait sur l’album Road Songs du Derek Trucks Band sorti en 20009.

L'album studio Revelator démontrait déjà la haute qualité de ce nouveau groupe qui explose véritablement en live, des instants magiques , l'impression que la guitare de Derek monte au ciel et touche les étoiles et si vous croyez que Joe Bonamassa ou Popa Chubby sont de grands guitaristes, écoutez Derek Trucks, juste une fois.

belle chronique, Bayou, je cours me l'acheter, ça sera mon introduction dans l'univers de ces deux là dont j'entends parler ici en (très) bien, mais que je connais mal

Merci

ça donne envie

Je vais écouter ça de ce pas !

j"avais plutôt pas trop mal accrocher avec l'album studio, sans pour autant avoir trouvé ça extraordinaire. Mais ce live a l'air tentant, notamment pour les nombreuses reprises. Il faudrait que je jette une oreille dessus.

maniacblues a écrit:j"avais plutôt pas trop mal accrocher avec l'album studio, sans pour autant avoir trouvé ça extraordinaire. Mais ce live a l'air tentant, notamment pour les nombreuses reprises. Il faudrait que je jette une oreille dessus.

mi too je l'avais en mail je ne sais pas pourquoi je l'ai reposer ( pareil pour le dernier Bonamassa ) ... ah !!!! DAMNED !

Je rejoins intégralement la chronique de Michel. Quel groupe fantastique !
On peut émettre un bémol sur l'originalité des compos et du style de musique que le groupe (orchestre ?) aborde sur scène comme sur disque. Mais de nos jours qui est capable de faire preuve d'une telle maîtrise musicale sans tomber dans la caricature du guitar hero ? (ex: Joe Bonamassa)

Très bon live, effectivement !

Même si, d'entrée de jeu, leur version de 'Everybody's talkin', m'a considérablement déroutée.
D'emblée, elle sonne bancale à mes oreilles, et au final, laborieusement ficelée.
Que voulez-vous, certains intemporels restent à tout jamais ancrés en mémoire. Les revisiter s'avère d'autant mission délicate.
Dès lors, s'agissant d'un hit aussi magistralement interprété que celui d'Harry Nilsson (chez moi, son parfum si romanesque plane encore), rien d'étonnant à ce que cette nouvelle mouture TTB, très (trop?) librement adaptée, ne me désappointe à ce point !

A plus d'un égard, je comprends d'ailleurs mal ce choix.

A moins qu'il ne soit délibéré ?… Que d'autres, comme moi, n'aient finalement touché un point sensible en discernant des similitudes mélodiques entre ce vieux tube -dans sa version d'époque la plus connue - et le récent 'Midnight in Harlem' ?...

Les raisons d'inclure à leur répertoire un titre comme "Everybody's talkin' " seraient alors plus évidentes : d'une part, continuer à pouvoir jouer 'Midnight in Harlem', morceau phare de leur premier album (et présent sur ce Live); de l'autre, saisir l'opportunité de bâillonner toute embarrassante polémique (celle des empêcheurs de tourner en rond dans mon genre), en intégrant au contraire ce sixties à la set-list, mais dans une version tellement rock, si volontairement pêchue que tous points communs entre les deux ballades s'en trouveraient désormais gommés. Et les reliquats mémoriels avec !
Bref, je m'interroge encore...


-Pas particulièrement raide dingue non plus de la cover d' 'Uptight'. Et pourtant, à l'inverse du titre éponyme, je finis par me prêter au jeu, chemin faisant, parce que, là-dessus, la jam se révèle tout de même assez géante!

-'Darling be soon home', pour sa part, ne brille hélas que par les inspirations conjuguées du trompettiste (Maurice Brown) et celles de Derek Trucks. C'est encore lui qui, au final, parvient à relever le morceau.

Concernant le reste des performances, j'adhère en revanche totalement:

-Somptueuse impro sur 'Learn how to live', encore. Susan, quant à elle, y maîtrise à merveille ses intonations gospel.

-Vient ensuite un 'Rolling and tumblin' très enlevé, avec ses rythmes afro-cubains qui changent des sonorités ragas - la signature désormais attitrée du guitariste. Toutes géniales qu'elles soient, celles-ci finiraient presque par lasser à force d'être utilisées. En conséquences, bonne initiative chez Derek, de mettre en veille, de temps à autre, sa slide 'hindouisante', pour en revenir à des plans un brin plus occidentaux.
D'autant qu'avec ou sans goulot, quel fabuleux guitariste, toujours !!!

-Même impression enthousiaste sur That did it'.

-Et ce 'Nobody's free', très jazz-rock : excellent ! Le superbe intermède à la flûte, signé Kofi Burbridge, en particulier !

-Que dire ensuite de cette version live de Love has something else to say (un autre morceau de 'Revelator'), déjà tant appréciée à l'occasion du 'Jazz à Vienne' 2011 ? !!!
Si ce n'est la résumer par 11 délicieuses minutes de groove, déroulées à la manière d'un middley Blues-rock/ Soul jazzy.
Mieux vaut l'écouter !
Et profiter dès l'amorce de cette wah-wah funky, d'un tempo drums au diapason, de cuivres colorés, et autres superbes motifs de basse (Oteil Burbridge : voilà encore un talent !)
Et bien sûr, la slide de Derek Trucks!
Tous se révèlent à leur meilleur niveau.
Y compris Susan Tedeschi dont les puissants vocaux, au timbre plus écorché que jamais (j'aime lorsqu'elle se lâche ainsi !) contrastent notamment de façon saisissante avec ceux, à l'inverse très smooth, de Saunders Sermons.
Un Sermons d'ailleurs particulièrement en mis en lumière sur ce titre, puisque il assure, tour à tour, l'excellent solo au trombone et le non moins superbe chorus chant emprunté au 'Kissing my love' de Bill Withers, avec, en prolongement, de sympathiques broderies vocales à la clef.
Certainement la meilleure prestation live de ce titre que j'aie pu entendre!


Et enfin, 'Wade in the water', un spiritual traditionnel aux magnifiques harmonies vocales.
Dès l'ébauche, l'atmosphère hypnotique est subtilement suggérée par de belles résonances Delta qu'un tempo drums juste filigrané rend davantage lancinante.

Puis les choeurs font leur entrée. Leur gravité est palpable.
Susan s'en détache, pour mieux lancer son appel, tout à la fois alarme et supplique, à la face de Dieu. Son timbre se pare alors d'inflexions poignantes qu'en réponse un fervent ensemble s'empresse de raisonner.

Ah, le magnétisme de ces voix-là!

L'impression s'accentue encore à l'arrivée de la slide.
Onde nostalgique à fleur de marais qui semble d'abord condamnée à y muser, puis qui, peu à peu se concentre, enfle, et songe même, l'espace d'un souffle, à s'en s'arracher, pour sitôt décroître, reprise aux filets de vapeurs insidieuses.

Les incantations reprennent de plus belle. L'angoisse gagne en consistance. Un cornet vient, par touches énigmatiques, en renforcer l'impact.
Les voix poursuivent un temps leurs magistrales litanies puis finalement s'éteignent.

Moment de grâce qui eût vibré encore longtemps si la légèreté d'une flûte, par trop lutine, n'en avait prématurément dissipé l'écho.

Il n'empêche que ce Spiritual clôt vraiment l'album en beauté!!!

ça c'est de l'écoute FLovia !

En tout cas un double CD qui passe souvent chez nous !

merci à Bayou et Flovia pour vos belles chroniques je vais me l'offrir ce scud

BAYOU a écrit:ça c'est de l'écoute FLovia !

En tout cas un double CD qui passe souvent chez nous !

Oui, je l'ai beaucoup écouté! Difficile de me sortir 'Wade in the water ' de la tête!

mud a écrit:merci à Bayou et Flovia pour vos belles chroniques je vais me l'offrir ce scud

Ce fut un plaisir, Mud!

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