L’est de la France est terre de rock et de blues, ne me demandez pas pourquoi mais c’est une réalité. Je parle des groupes comme Natchez ou Truckers qui écument depuis des années les salles et les pubs drainant un public de fidèles capable de parcourir de longues distances pour les entendre jouer.
Prenez Flo Bauer par exemple, révélé par The Voice en 2014, il aurait certainement pu continuer dans un registre « musique française/variétés », mais pas du tout. Il a trouvé du côté de Mulhouse deux lascars blanchis sous le harnais du blues , Pierrot Bauer et Ben Seyller, qui, entre autres faits d’armes, ont constitué la section rythmique de Mojo New Line avec Jipes à la guitare. Je vous conseille d’ailleurs leurs deux excellents albums Never too Late et Don’t Give Up.

Bref de fil en aiguille, de premières parties, entre autres, de Fred Chapellier, Lucky Peterson, Mountain Men, Manu Lanvin, Gaëlle Buswel, ou Graeme Allwright, Flo s’est frotté au public, et a remporté le prix Révélations du festival Blues sur Seine en 2016.
Logiquement, l’étape suivante passait par la sortie d’un album studio.

Sur les dix morceaux qui composent le CD, deux sont des reprises « Come On in My Kitchen » de Robert Johnson, et la « Angie » des Stones.
Evoquons déjà les huit autres titres composés par Flo.
Une évidence, déjà, son talent de compositeur. Pas facile quand on vit à côté du Rhin et donc très loin du Mississippi, de trouver un feeling, un style, pourtant notre ami y parvient et c’est la grande réussite de cet album.

Comme l’unique titre en français « Un soir de blues » avec un grain de voix assez proche de Paul Personne. Contrairement à beaucoup de groupes les paroles ne sont pas débiles et « sonnent » bien dans la langue de Molière.

On l’a déjà souligné, les deux gars à la rythmique ne font pas de la figuration, et apportent une assise puissante et bourrée de feeling. Le talent de Flo est de se faufiler parfaitement avec sa voix et sa guitare.
Et puis les amis sont passés. Certains connus comme Fred Chapellier, Charlie Fabert, Michel-Yves Kochmann, d’autres moins, mais écoutez donc, par exemple, le feeling de Philippe Hammel avec son harmonica magique, ou la section de cuivres et les claviers sur quelques morceaux.

Alors, certes, on peut se dire que la version d’« Angie » est un peu faiblarde. Après vous en connaissez beaucoup qui s’attaquent à un morceau lent des Stones vous ?
« Virtual Genration » et l’intro superbe à harmonica, puis quelques notes de guitares qui font penser à « Purple Haze » du grand Jimi donnent le ton à cet album très réussi, sentant bon le blues mais pas que cela. Ajoutons une production soignée et vous avez entre les mains un sacré bon album. Les chœurs féminins donnent de la chaleur à « Maybe You Know », puis les cuivres apportent cette couleur particulière à plusieurs morceaux (il faudra un jour insister sur l’apport des cuivres dans le blues, et cette puissance sensuelle qu’ils donnent aux compositions.
Je ne vais pas détailler les titres, vous l’avez compris ce premier album est très réussi et bourré de bonnes choses et de belles promesses !
Et le groupe tourne au printemps pour la sortie de l’album….Alors….