Big Time Sarah – A million of you (2001)

Big Time Sarah – A million of you (2001)



Après le réussi 'Patience job', très ancienne collaboration entre Sunnyland Slim & Big Time Sarah, mon coup de cœur initial à l'égard de cette dame du Chicago ici se confirme.

Sur ce plus récent 'A million of you', Sarah Streeter abandonne les ronflants effets de voix du 'Lay it on 'em girls' (1992), pour en revenir au ton plus modéré de ses débuts. Tant mieux!
La voix reste puissante, profonde quoique très légèrement voilée. Et ce chant maîtrisé fait à mon avis plutôt bon ménage avec le Chicago blues.
A l'instar de quelqu'un comme Mary Lane, cette relative 'économie' dans le phrasé, alliée à un sens inné du tempo, pourrait même en séduire plus d'un.



Registre vocal limité, jugeront certains. Peut-être... Il n'empêche que là-dessus Sarah est d'une efficacité remarquable.
Et quelle impression de force tranquille s'en dégage!

N'oublions pas que toute jeunette, Sarah avait déjà roulé sa bosse!

Un bref rappel: à peine âgée de sept ans, elle débute dans une chorale gospel du South side chicagoan. Huit années plus tard, elle s'initie au blues et commence localement à se produire. Les Aces, Magic Slim, ou encore Left hand Frank lui prêteront main forte.
Présentée en 1976 à Sunnyland Slim, lors d'un gig North side de ce dernier, elle est invitée à le rejoindre sur scène. Et dans la foulée, se voit proposer de l'accompagner en tournée. La Californie & son Mississippi natal seront ses premières grandes opportunités nationales. Et lorsqu'on connaît, chez Sunnyland, sa réputation d'amateur de jupons, il y a en outre de quoi se forger très vite un tempérament d'acier trempé!

Qu'également, dans son ascension artistique, elle ait conservé le sobriquet de 'Big time' confirme sa détermination.
Vous connaissez probablement l'origine du surnom: encore adolescente, à ses aînés du métier qui, mi figue-mi raisin, la taxait de parler à tort et à travers (''You always talkin' a lotta shit !''), elle répliquait invariablement devenir un jour célèbre (''Don't worry, I'm going to be big time one of these days !'' ). Il n'en fallut pas plus pour que son facétieux entourage, toujours prompt à la détente, ne l'affuble de cette particule un rien prématurée. Sarah l'assumera.


Mais trêve d'anecdote, pour en revenir à l'album, on y retrouve en tout cas une 'Big Time' Sarah moins 'en gorge' et toute aussi présente.
Et puis, bonheur supplémentaire, si la facture d'ensemble se veut Modern Chicago, Sarah s'entoure de musiciens spécialement performants.

Côté guitares, déjà, Rico McFarland et John Hill se répartissent en lead la majorité des sessions, Richie Davis, lui, se contentant d'une seule plage, peut-être pas la plus valorisante, d'ailleurs...

L'excellent McFarland, on le situe aisément,



c'est déjà un fidèle de Sarah depuis de longues années, mais pas seulement. Comme guitariste rythmique ou soliste, il compte en outre Lucky Peterson, James Cotton, Jimmy Johnson, Carl Weathersby, Syl Johnson, Big Daddy Kinsey à son actif. Pas si mal comme carte de visite!
Ici, il signe également les arrangements.

Quant au plus méconnu John Hill,



c'est en tout cas un habitué du Chicago blues fest, où il a d'ailleurs accompagné plusieurs fois BT Sarah. Et ses participations s'avèrent également très convaincantes.

En revanche, tout amateur de performance guitaristique qu'on puisse être, l'on se demande bien ce que vient faire dans cette aventure le 'Blue guitar' d'Earl Hooker?
Qu'à un moment donné l'album doive respirer, on le conçoit. A cette intention, plutôt qu'un instrumental, la chanteuse aurait pu privilégier un autre slow blues de son répertoire. Et l'équilibre eût été respecté. Mais comme toute implication artistique mérite récompense, quelle autre alternative que laisser ses musiciens s'exprimer?
Sauf que McFarland profite de l'aubaine pour revisiter le titre en 'long play', d'une façon aussi démonstrative qu'ennuyeuse. Du coup, l'utilité première d'une telle démarche me laisse-t-elle d'autant plus sceptique...

Quoiqu'il en soit, Curfew Scott ( drums), Bill Hargrave (basse), Roosevelt Purifoy (claviers), et Matthew Skoller (harmo) complètent efficacement le line-up.

Et tout cela ronronne allègrement, jusqu'à … l'entrée M(é/em)phis-tophélique des cuivres.

Alors, soit! L'incartade se limite à deux morceaux. Et les interventions occultent peu vocaux et chorus.
Entorse somme toute minime, me direz-vous, d'autant qu'en clôture un 'Jump! blues ultra punchy se chargera d'en dissiper les effets.
Oui mais, quand même, gâter du bon Chicago ainsi, trombones et trompettes à l'appui, ça ne devrait pas être permis!!!



En résumé, voilà une très sympathique production, dans l'ensemble plutôt équilibrée, et spécialement pêchue!

Elle est en écoute ici :

http://www.deezer.com/fr/music/big-time-sarah/a-million-of-you-1034684

Et puis, pour le fun, je vous propose Big Time Sarah, live at B.L.U.E.S.



Bon visionnage à tous!

elle semble peut être manquer un peu de coffre, à la différence d'une Big Mama Thornton, mais en tout cas son timbre colle parfaitement à ce style là

Belle chronique, Flo

je ne connais pas la dame, m'en vais écouter ça dans le désert ce W.E

Dans le désert!? Tu pars? Où ça, où ça, mon JB ?

Enfin, où que ce soit, ne t'attarde pas trop, quand même, d'ac?! D'abord, tu vas nous manquer, et de plus, tu as sûrement eu vent du bruit qui a couru, un temps? Mais si, rappelle-toi... Il s'était dit que : 'quand t'es dans le désert depuis trop longtemps, tu t'demandes à qui ça sert, toutes les règles un peu truquées du jeu qu'on veut t'faire jouer, les yeux bandés'.
Bon, la rumeur date un brin, c'est vrai, mais curieux comme elle semble toujours fichtrement d'actualité...



Bonne vacances en tout cas, et merci pour ton p'tit mot bien sympa!

t'inquiètes, il est pas loin mon deezer désert

j'aimais bien cette chanson de Capdevielle à l'époque

A mon avis il và l'écouter accompagné d'un bon dessert.

Rico McFarland je l'ai vu plusieurs fois en sideman de Lucky Peterson. Impressionnant de régularité à la rythmique, une vraie horloge suisse. Je me souvient d'un concert où un jeune batteur officiait derrière les fûts, et du regard que lui a lancé MacFarland, lorsqu'à un moment il s'est magistralement planté. Je n'aurais pas voulu être à sa place.

Tttt, c'est oublier un peu vite que JB n'est pas si fan de desserts (les tartes de sa douce exceptées -au sens propre du terme, évidemment! ). La la, tu ne lis pas tout, Sergio... Mais j'avoue que le parallèle avec deezer m'a totalement échappé... Et comme je rêve d'exotisme, ces temps... D'un autre côté, vous êtes parfois un soupçon nébuleux, les garçons, pas si facile de vous suivre...

Jungleland a écrit:elle semble peut être manquer un peu de coffre, à la différence d'une Big Mama Thornton, mais en tout cas son timbre colle parfaitement à ce style là

Ah ça, Big mama vs/ Big time, question coffre, Big Mama l'emporte haut la main, aucun doute!
Et la trouver fantastique n'empêche pour autant pas de varier les plaisirs.

J'accroche pas sur tous les titres, mais dans l'ensemble ça s'écoute plutôt très bien.

Merci pour la découverte !