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John Jackson

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Message par Flovia Ven 3 Nov 2017 - 19:57

John Jackson
(1924 - 2002)

John Jackson John_j10
(Cliché extrait du site de Stefan Wirz - et signé par la photographe Sylvia Pitcher)

John Jackson naquit en Virginie, dans les montagnes du comté de Rappahannock, le 25 Février 1924.

Fils d'un fermier- métayer, il travailla très tôt aux champs, tout comme ses treize frères & sœurs, et n'eut pas la chance d'apprendre à lire et à écrire. Le domaine sur lequel se situait la ferme parentale était autrefois une ancienne plantation, avec son quartier aux esclaves, dont l'une des cabanes était encore debout durant l'enfance de John.
Ses parents appréciaient la musique. Sa mère, qui chantait fort bien, pratiquait l'harmonica et l'accordéon, et son père, ''field holler'' à longue portée vocale, jouait de la guitare, du banjo, du ukulele et du penny whistle, une sorte de flûte-flageolet à six trous, façonnée de sa main.
Dans ces collines, la musique et la danse constituaient la principale détente des Jacksons et de leurs voisins. Et toute cette communauté afro-américaine chantait le Gospel à l'église.

John débuta en autodidacte l'apprentissage de la guitare vers l'âge de quatre ans, suivant les rares conseils que son père et d'autres musiciens locaux voulaient bien lui donner.

Il avait environ six ans lorsque ses parents se laissèrent tenter par un phonographe Victrola et quelques 78 tours qu'un marchand ambulant vendait d'occasion.
La famille appréciait aussi bien des bluesmen comme Blind Blake, Blind Boy Fuller, Blind Lemon Jefferson, Barbecue Bob, Buddy Moss, Mississippi John Hurt, que des artistes country-folk comme The Carter family, Jimmie Rodgers, The Delmore brothers, ou encore le Hillbilly, musique typique des Appalaches.
Et ce fut grâce à leurs enregistrements que John développa ses compétences. Ils les faisaient tourner jusqu'à ce qu'il puisse suivre le rythme de leurs accords, sur la guitare paternelle.

John avait environ dix ans lorsqu'il rencontra le musicien qui influença le plus son jeu de guitare. C'était un repris de justice qui travaillait, fer aux pieds, au chantier de la Highway 29-211, haut dans les montagnes toutes proches de chez John, un homme, connu sous le sobriquet de 'Happy'.
Après avoir purgé sa peine, Happy resta encore six mois chez les Jacksons. Il apprit à John les open tunings et la slide.
Dans un style proche de Blind Blake, son jeu de guitare, paraît-il exceptionnel, était d'une qualité comparable à celle de Lonnie Johnson.

John se mit au banjo à douze-treize ans, après que l'unique guitare familiale, une National Steel, eût été défoncée par l'un de ses frères. Empruntée afin d'animer une soirée dansante, elle fit les frais d' une bagarre.
John devint bientôt suffisamment habile au banjo pour participer lui-aussi à ce genre de parties, la guitare restant néanmoins son instrument favori.

Parmi tous ses frères, seuls Jack et Freddy jouaient et chantaient bien. John les surpassa pourtant assez rapidement et c'est lui que la communauté réclamait la plupart du temps.
A cette époque, John avait ce qu'il appelait ''la fièvre de jouer''. Bien souvent, après une longue prestation, il s'endormait l'instrument serré dans ses bras. Il se remémorait aussi tous ces week-ends passés au 'hunt club' des environs, et durant lesquels, du vendredi soir à l'aube du lundi, la fête battait son plein. Il n'y gagnait pas grand chose mais la nourriture et la boisson fournies par le propriétaire, un blanc, étaient abondantes.

Les Jacksons acquirent la radio à la fin des années 30 et toute la famille put écouter les diffusions de Country music en provenance du WSM's Grand Ole Opry et du WWVA's Jamboree.
John appréciait en particulier Uncle Dave Macon, les Delmores, Roy Acuff, et plus tard, Ernest Tubb, Hank Williams, le Bluegrass à la mandoline de Bill Monroe et le Honky Tonk de Hank Snow.

Au début des années 40, John intégra une formation de Country & Western, dans laquelle il tenait la guitare électrique. Humblement baptisée 'The Grand Ole Opry', et constituée de musiciens blancs, elle calquait son style sur celui de Ernest Tubb.
Ils jouèrent ensemble presque trois ans, jusqu'à ce que le décès de son leader précipite la dissolution du groupe.

A la fin des années 40, le travail devint rare dans le Rappahannock. Le changement d'humeur de la population reflétait cette instabilité. Et forcément, l'abus d'alcool aidant, les scènes de violence se multipliaient au cours des parties dansantes dans lesquelles John intervenait.
L'un de ces incidents, particulièrement brutal, affecta tant John qu'il s'abstint d'y participer une décennie durant .

Il épousa Cora Lee Carter en 1944. Tous deux restèrent à la ferme paternelle encore cinq années, pendant lesquelles naquirent leurs premiers enfants.
Le propriétaire du domaine rémunérait alors son labeur 3 dollars la journée.

Puis en 1950, la petite famille se rapprocha de la ville afin de trouver plus facilement du travail. Dans le comté de Fairfax, proche de Washington DC, John chercha à s'établir en tant que fermier, mais il dut se contenter d'un job d'homme à tout faire, tour à tour cuisinier, maître d'hôtel, chauffeur, et gardien de domaine. Pendant les 14 années que dura cet emploi, période au cours de laquelle la maisonnée s'agrandit (Cora et John eurent six fils et une fille), il compléta son revenu par de petits boulots: fossoyeur, tondeur de pelouses, jardinier, fendeur de bûches.
Au décès de son employeur, et à partir de 1964, ces travaux annexes devinrent son unique gagne-pain.

En 1960, un ami en manque d'argent, lui remit en gage une vieille Gibson. Ce dépôt, jamais récupéré, permit à John de renouer avec l'instrument. Il pouvait ainsi divertir un cercle restreint de familiers.

Lorsque le folkloriste Chuck Perdue le découvrit en 1964, John manquait encore de pratique, mais l'universitaire discerna immédiatement son talent et l'encouragea à s'exercer, le convaincant que sa musique trouverait aisément son public.

John se remit donc à jouer dans des cafés et recouvra peu à peu son habileté d'antan.
Quelques mois plus tard, il se produisait à Washington (Ontario place), puis il partagea l'affiche d'un grand concert organisé par la 'Folklore Society of Greater Washington'.
Et de fil en aiguille, sa carrière prit un nouvel essor. Il tourna dans tout le pays, vint à quatre reprises en Europe, notamment dans le cadre de l' American folk blues festival 1969.

Vers la fin des années 70, la moitié de son temps était consacré à la musique, l'autre à son métier.
Aux périodes des festivals de Folk, il était très demandé, figurant parfois à l'affiche trois, voire quatre fois par semaine.
Et si John avait perdu sa fièvre de jouer, sa musique n'en était pas moins chatoyante. Il peaufinait son style, et apprenait de nouveaux morceaux.
Il était alors aussi à l'aise dans le blues, le ragtime, la folk music, que dans la reprise de vieilles chansons populaires.

A cette période de sa vie, il s'intéressa également à la détection de métaux. Il consacrait une bonne part de ses loisirs à explorer les sites proches de son domicile, d'anciens champs de batailles datant de la guerre de Sécession, ou camps de rebelles de même époque, à la recherche d'objets de collection témoins de ce passé.
Son intérêt pour l'Histoire locale, comme sa connaissance du terrain, avait fait de John un expert.
La détection de métaux à caractère historique était presque devenue aussi importante pour lui que la musique. John déterra ainsi balles, couteaux, montres, médailles, boucles de ceinturon, pièces de monnaie, et même des baïonnettes et des boulets de cannons, dont la plupart furent donnés aux 'Civil War museums' de Virginie.

John était un homme timide, effacé. La dureté de son existence ne l'avait pourtant pas rendu amer. Elle lui avait au contraire appris à regarder le bon côté de la vie.
Il était croyant, évitait les boissons fortes, le blasphème et la bagarre.

John Jackson s'est éteint le 20 Janvier 2002, à Fairfax Station (Virginie), des suites d'un cancer du foie.

La plupart de ses chansons sont tirés des 78 tours qu'il a autrefois écouté ; il les a cependant toutes arrangées afin de mieux correspondre à son propre style.
Dans son répertoire, on  retrouve des adaptations blues de Blind Boy Fuller, Blind Blake, William Walker, Blind Lemon Jefferson, Bessie Smith, Arthur 'Guitar Boogie' Smith, mais aussi de Lightnin' Hopkins, Mississippi Fred McDowell, des traditionnels spécialement composés pour la danse, et des rags et ragtimes-jazz de sa composition, du Bluegrass, et même du Early Rockabilly.


Références: Biographie tirée des notes discographiques de Wendy Ritger & Glenn Jones (album 'Step it up and go' -1978), celles de Jerry Zolten (album 'Deep in the bottom' 1983) et celles de Chuck Perdue (1965 - album 'Blues and country dance tunes from Virginia' )
Autres références: Site de Stefan Wirz


Sélection Discographique et extraits:

*John Jackson  - 'John Jackson in Europe' (1970)

'Don't you want to go up there'



*John Jackson – 'Blues and country dance tunes from Virginia' (1970)

'T.B. Blues'


'Death of Blind Boy Fuller'


'You left me'




*John Jackson -  'Step it up and go' (1978)

John Jackson X11

'Step it up and go'



*John Jackson – 'Deep in the bottom' (1983)

Album intégral:



*Plus un titre joué au banjo, et tiré de l'album  ''John Jackson - 'Rappahannock Blues''' (2010):

'Cindy'

(Titre enregistré en 1976)



Les amateurs de blues rural acoustique et de blues du Piedmont qui ne connaîtraient pas encore John Jackson devraient l'apprécier. Son style de finger picking est raffiné, sa voix est chaude, relaxante et sa musique toujours enjouée.

Et puis au cas où vous ne l'auriez déjà visionné, voici le documentaire d'une 'House party' privée organisée chez John et Cora Jackson en 1989 à Fairfax Station, et filmée par Eleanor Ellis.



Avec parmi les invités, quelques ''têtes'' du blues connues: John Cephas et Phil Wiggins, Archie Edwards, Flora Molton et John Dee Holeman, entre autres...


Je rajoute aussi un live audio de John Jackson datant de 1972, capté à Cambrigde-MA:



Liste des titres:
1. John Jackson stomp, 2. Backwater blues, 3. She done moved to Kansas City, 4. San Francisco Bay blues, 5. She's got something there, 6. Nobody's Business, 7. Blind Blake rag, 8. Boats up the river, 9. Matchbox blues, 10. Red River blues, 11. Guitar rag, 12. Mr. John Jackson's. song
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Message par Ange Ven 3 Nov 2017 - 20:00

Merci pour le partage Flovia.

C'est très intéressant.

Ange
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Message par Flovia Mer 8 Nov 2017 - 16:31

Ah, tu trouves?...(un ange passe)... Tu me fais plaisir, là! Jackson n'avait pas sa bio chez nous, je trouvais simplement normal qu'il en ait une, lui-aussi.
Merci pour ton encourageant commentaire!
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