J'avoue ma très grande ignorance de son répertoire à part Goodnight Irene, mais j'adore le son de sa 12 cordes elle sonen grave et puissante comme sa voix d'ailleurs.

Intéressant le titre que tu proposes on est déjà dans autre chose que le blues classique j'aime bien la grille d'accords

je suis d'accord sur le fait que classer Leadbelly dans le blues est impossible. Folk ? Blues ? Trad ? c'est un peu de tout ça en fait

Et Where did you sleep tonight n'échappe pas à cette incertitude bien que ce soit un de mes titres préférés de lui. Dont on pense qu'il n'est pas de lui mais que c'est l'adaptation d'un traditionnel, comme beaucoup d'autres titres de Leadbelly.

D'ailleurs, de mémoire, il me semble que Goodnight Irene n'est pas de lui mais d'un parent (un oncle ? ) ---- à vérifier


c'est marrant, l'histoire et la légende du blues se sont construites dans l'imagerie occidentale du blues autour de Robert Johnson mais je pense que Leadbelly est plus représentatif du côté "légendaire" du blues

Jungleland a écrit:

c'est marrant, l'histoire et la légende du blues se sont construites dans l'imagerie occidentale du blues autour de Robert Johnson mais je pense que Leadbelly est plus représentatif du côté "légendaire" du blues

Pour le peu que j'en sais je dirais que Leadbelly comme un Charlie Patton fait plutôt partie des entertainers qui avait un répertoire très varié alors que Robert Johnson semble s'être apparemment spécialisé dans un blues très typé. Je ne sais pas pourquoi mais Leadbelly me fait penser à un Woody Guthrie

Jipes a écrit:

Jungleland a écrit:

c'est marrant, l'histoire et la légende du blues se sont construites dans l'imagerie occidentale du blues autour de Robert Johnson mais je pense que Leadbelly est plus représentatif du côté "légendaire" du blues

Pour le peu que j'en sais je dirais que Leadbelly comme un Charlie Patton fait plutôt partie des entertainers qui avait un répertoire très varié alors que Robert Johnson semble s'être apparemment spécialisé dans un blues très typé. Je ne sais pas pourquoi mais Leadbelly me fait penser à un Woody Guthrie

C'est vrai que le Blues de Robert Johnson est très typé Mississipi, mais celui de Charly Patton aussi... quand il en jouait. En fait il me semble avoir lu que Robert Lockwood Jr aurait déclaré que RJ jouait bien d'autres choses que du Blues mais qu'on ne lui aurait demandé d'enregistrer que son répertoire Blues. Mais si effectivement la très grande majorité de l'oeuvre enregistrée de RJ est Blues, un morceau comme "There's a red hot" ne l'est pas tellement et laisse à penser qu'il avait certainement d'autres morceaux différents dans sa besace...

Cela dit, comme toi je vois plutôt Leadbelly comme un folkeux (au sens large du terme) que comme un pur bluesman. La comparaison avec Woody Guthrie me paraît très bien vue et je l'adopte moi aussi volontiers...

d'autant plus que dans les années quarante Leadbelly est monté à NY et a rencontré Woodie Guthrie et Pete Seeger

Si vous avez 4h00 à tuer :









Et pour illustrer le propos de PCC et du Chef :

C'est sûr que la musique de Leadbelly parait assez éloignée de l'idée que beaucoup se fond de l'idée du blues plus en référence avec le blues de Chicago. Il est plus en phase avec des Patton justement ou encore des Blind Lemon.



C'est d'ailleurs intéressant de noter que les bluesmen vont chercher leurs bases dans le folklore Américain, sans doute pour avoir une certaine reconnaissance de la part des blancs.



Leadbelly c'est aussi le Guy Beart du blues, j'ai bien l'impression que quand il prenait une guitare plus rien ne pouvait plus l’arrêter et quand Lomax le trouve dans un pénitencier et l'enregistre, il a déjà un répertoire impressionnant. Et si j'ai bien compris il réussit à se faire embaucher par ce dernier et va le suivre dans diverses fermes d'états, prisons et autres pénitenciers et à chaque enregistrement fait par Lomax, Leadbelly enregistre, si bien que rien que dans l'année 1935 il va enregistrer plus d'une centaine de titres pour la Librairie du Congrés et pour American Record Corporation (ARC).
A travers le titre Julie Ann Johnson qu'il enregistrait quasiment à chaque séance on peut presque suivre son trajet au jour le jour.

Merci pour la découverte. IL y a comme un arrière gout de country dans sa façon de jouer le blues.

tulgitam a écrit:Merci pour la découverte. IL y a comme un arrière gout de country dans sa façon de jouer le blues.

Mais le Blues et la Country sont quasi cousins et pas si éloignés que cela... C'est l'apartheid qui a fait se développer l'un plutôt dans la communauté noire et l'autre plutôt dans la communauté blanche, mais les passerelles ont bien entendu toujours existé. Il n'est donc pas étonnant d'entendre des musiciens noirs, surtout parmi les plus anciens comme Leadbelly ou Charley Patton bien connaître la Country (quitte à l'interpréter à leur façon...). Mais l'inverse est aussi vrai et le Blues n'est nullement étranger à la majorité des chanteurs de country "historiques". Et quant au Rock and Roll blanc, il est fait en partie du mélange des deux...

Merci pour cette belle explication, ça mériterai d'être développé. Je suis certain que ça intéresserai pas mal de gens.

J'avais appris quelques trucs de blue grass pour un copain qui se mettait au banjo, et c'est vraie que ça tournait souvent sol do ré avec parfois un mi mineur. De même pour Heart of gold de Neil Young, Em C D S.

D'après Jacques Vassal (cf son bouquin 'Folksong' - 1971), Leadbelly fut engagé par John Lomax comme chauffeur de maître, dès sa sortie du pénitencier d'Angola (1934), pour l'accompagner dans ses tournées de recherches et de conférences.
Leur collaboration cessa pourtant (faute de confiance, semble-t-il) avant Mai 1939, période à laquelle Leadbelly se fit une nouvelle fois coffrer par la police. Il s'agissait alors de sa quatrième incarcération (1 an à 'Riker's Island'), la première datant de 1915 , pour port d'arme illicite (il s'échappera de la prison du comté d'Harrison), la deuxième de Juin 1918 (accusation de meurtre lors d'une rixe sanglante, pour laquelle il fut condamné à 30 ans de travaux forcés à la ferme-prison de l'état de Shaw-Texas, où il n'en purgera finalement que 7), la troisième en Février 1930 pour bagarre avec deux inconnus pour un histoire de vol de whisky (10 ans de réclusion à la prison d'Angola – LS, dont il sortira en 1934, pour bonne conduite). C'est durant cette avant-dernière incarcération qu'il rencontra Lomax (1933), celui-ci effectuant alors un collectage d'enregistrements sur tous les pénitenciers du Sud.


A noter que sous l'influence des frères Lomax, Leadbelly enregistrera à N.Y. ' The bourgeois blues', première 'protest song' émanant d'un musicien de couleur, en 1939:



Mais auparavant, bien en amont (1917?), la rencontre entre Huddie Ledbetter et Blind Lemon Jefferson semble avoir été primordiale pour Leadbelly, et leur collaboration, en duo à travers le Texas, enrichissante pour chacun d'eux.