Eddie C. Campbell

C’est après avoir vu l’annonce d’un concert par Dame Flovia que je me suis rendu compte que Eddie C. Campbell n’avait pas encore eu l’honneur (mérité) de figurer dans notre liste de biographies. Réparons donc cet injuste oubli.

C’est à Duncan, Mississippi, qu’Eddie voit le jour le 6 mai 1939. Modestes métayers ses parents décident, comme beaucoup à l’époque, de partir s’installer à Chicago. C’est donc vers ses six ans qu’Eddie découvre Windy City.

C’est en 1947 que le démon de la musique vient toquer à sa porte sous la forme de sa première guitare offerte par sa mère. Eddie pratique assidument l’instrument et, pour peaufiner sa technique, il s’en va voir discrètement Muddy Waters qui se produit alors sur la scène du “1125”, un club situé sur Madison Street. L’un dans l’autre il finit par acquérir une belle aisance et va faire preuve un soir d’un magnifique culot. A 12 ans il se présente devant Muddy Waters et lui interprète un superbe “Still a Fool”. Dans la foulée le gamin lui demande, avec succès, de jouer au sein de son groupe.

Eddie a à présent le pied à l’étrier dans la scène blues locale. Il se produit régulièrement en particulier avec Luther Allison et Magic Sam, développant son style très influencé par le son West Side de Chicago. Mais il ne se limite pas au seul domaine du blues et parallèlement il mène une carrière de karatéka de bon niveau ainsi que de boxeur amateur. A l’époque il est loin de passer inaperçu avec une coiffure des plus excentrique, des tenues qui le sont tout autant et, pour compléter le tout, une guitare “Jazzmaster” rouge vif qu’il porte attachée dans le dos.

Au milieu des fifties Eddie joue avec du beau monde. Jugez plutôt : Willie James, Lyons Big Monroe, Luther Allison, ainsi que le batteur Willie Bruckner ou l’harmoniciste Pee Wee Madison.... Quelques années plus tard, son talent de sideman lui vaut d’accompagner des pointures comme Lowell Fulson, Percy Mayfield, Tyronne Davis ou encore Little Walter. Il fera aussi la rencontre de Magic Sam qui influencera très fortement son jeu.

Eddie mène ensuite la formation de Jimmy Reed de 1963 à 1976. Il joue un temps pour Koko Taylor avant d’être débauché par Willie Dixon pour rejoindre le “Chicago Blues All Stars”. C’est durant cette collaboration qui va s’étendre sur quatre années qu’Eddie enregistre son premier album solo sous le label “Mister Blues” : “King of The Jungle”. Le moins que l’on puisse dire est qu’il y est fort bien entouré : Carey Bell à l’harmonica, Lafayette Leake au piano, Bob Stroger à la basse et Clifton James à la batterie. Ce disque, qui sera ensuite réédité en 1985 chez “Rooster” est considéré par beaucoup comme l’une des pièces majeures du West Side Sound.

En 1979 il tourne pour la première fois en Europe au sein de “l’American Blues Legend Tour”. Son séjour européen va même se prolonger du fait de démêlées judiciaires aux States. Angleterre, Hollande, Allemagne, France (où il va devenir une figure familières des festivals de blues), Eddie porte partout la bonne parole du blues. C’est à Amsterdam, accompagné par un groupe local, qu’il enregistre son second album : “Let’s Pick It !”. Il parait en 1984 sous le label “Black Magic”. On y trouve des reprises d’Albert King, de Jimmy Reed ou encore de Magic Sam, mais aussi six compositions personnelles du meilleur cru.

En 1992 la naissance de son fils est l’occasion pour Eddie de rentrer au pays. Il retrouve avec joie les scènes de Chicago et aussi ses studios puisque sort en 1994 un nouvel album : “That”s When I Know”. Paru sous le label “Blind Pig” il est la parfaite expression d’un musicien que l’Europe a fait murir aussi bien au niveau des textes que de la musique.

Confirmation en 1999 avec “Gonna Be Alright” sorti chez “Icehouse”. Sur ce disque Eddie prouve en onze compositions qu’il est pilier majeur du blues de Chicago.

L’album qui suit, “Tear This World Up”, (label Delmark) est également irréprochable. Et pourtant, malgré une belle discographie et de superbes prestations scéniques, la carrière d’Eddie reste modeste. Heureusement si l’Amérique ne reconnait pas le talent de son enfant à sa juste valeur l’Europe lui ouvre les bras bien volontiers pour compenser, en partie, cette injustice.

Discographie :

King of the Jungle (Mr. Blues, 1977 ; réédité par Rooster Blues)
Let's Pick It ! (Black Magic Records, 1984 ; réédité par Evidence Records)
The Baddest Cat on the Block (JSP Records, 1985)
Mind Trouble (Double Trouble, 1988)
That's When I Know (Blind Pig Records, 1994)
Hopes and Dreams (Rooster Blues, 1997)
Gonna Be Alright (Icehouse Records, 1999)
Tear This World Up (Delmark Records, 2009)

Disques conseillés :

King of The Jungle



Let’s Pick It !



Gonna Be Alright

un de mes bluesmen préférés, vraiment un mec a part.
je te suis total sur les disques conseillés

Très bonne initiative que d'en parler, Devil's!

Perso, j'ai bien aimé aussi l'album 'Tear this world up'

Merci Flovia

Je n'ai pas encore eu l'occasion d'écouter "Tear this world up", mais il est à présent noté sur mes tablettes.

tiens en voilà un parmi les légendes qui est encore vivant. Comme quoi la gloire tient à pas grand chose parce qu'il aurait sans nul doute pu et du avoir une plus grande carrière

je te rejoins tout à fait sur le King of Jungle qui fait partie des grands classiques

Ah oui, tout cela est absolument exact !

Artiste un poil atypique du West Side de Chicago, longtemps exilé en Europe, je l'aime bien, ce Eddie C.
J'ai les 3 albums que tu présentes, DS, une petite préférence pour le "King of the Jungle" (que j'ai eu du mal à trouver, mais avec un vinyl comme neuf, je suis verni !), mais le "Gonna be alright" est très bon aussi !

J'ai aussi celui-là qui est bien :



Apparemment difficile à trouver sous cette forme, mais réédité depuis (en 2009 ?) avec cette pochette :

Ah ben, tu vois, pg, je préfère le 'Mind Trouble' à 'King of the jungle'. Je le trouve un brin plus trad, plus dépouillé, comme sur les titres 'You worry me', 'Everyday gonna be allright', 'Life is a game' & 'Loneliness and me' .

Flovia a écrit:
Perso, j'ai bien aimé aussi l'album 'Tear this world up'

Moi aussi Flo ! Avec de plus une superbe cover



5 titres en écoute intégrale ici pour se rendre compte du fameux son & de sa voix sympa

http://www.myspace.com/eddieccampbell

C'est un grand Monsieur
Humble, très abordable et d'un humour dévastateur.
Une photo de sa tournée 2009 ou il est tout fier de nous monter que son nom est brodé sur son blouson

Je viens de recevoir Tear this world up, j'adore, c'est vraiment du super blues. Merci de me l'avoir fait découvrir.

Avec sa voix chaude, il a enchanté petits & grands nantais vendredi soir : vers la fin du concert, il a cassé une corde de sa gratte, il a terminé son set en la posant par terre puis en jouant avec son pied sur les cordes puis ensuite avec la langue & pour finir avec ses fesses. Great moment !

http://www.nantes.maville.com/actu/actudet_-La-foule-craque-pour-le-blues-de-Campbell_loc-1977663_actu.Htm

Gavé de monde ! L'expression bordelaise est dans toutes les bouches des festivaliers en cette première nuit des Rendez-vous de l'Erdre. L'incroyable Eddie C. Campbell, joue un blues qui file la pêche. Des kids aux séniors, toutes les générations confondues sont là pour vivre ensemble ce moment festif.



PS : sa mère était une amie de Muddy Waters. Il a donc connu le Morfanfield très jeune.

Je l'ai vu en live 2 fois dans ma vie.

Les deux fois furent des déceptions.

Nouveau coup de projecteur sur Eddie C. Campbell qui n'a pas été évoqué depuis un bon moment.

Avec tout d'abord cette chouette jam sur 'Cheaper to keep her', saisie live au Cadillac zack's de Long Beach (CA), un morceau de Mack Rice, déjà présent sur son premier LP 'King of the jungle' (1977):




Et comme je viens de réécouter l'album en question, j'en profite pour joindre quelques extraits de cette sympathique galette:

'Santa's messin' with the kid'


'King of the jungle'


'She's nineteen years old'


'Still a fool'

(bref, un 'Catfish blues' juste ré-intitulé)

(Personnel :Carey Bell/harmo; Lafayette Leake/piano; Clifton James/drums; Lurry Bell/basse; Eddie C.Campbell/ guitare & chant)

Et puis, 'You worry me' (album 'Mind trouble' - 1986)


Et encore 'Makin' pop-corn' & 'Voodoo' (album 'Tear this world up' - 2009)

Assez Fan de cet artiste bien que ne ossédant pas d'album de lui mais je me rapelle l'avoir entendu quelques fois sur TSF Jazz quand j'étais dans la région parisienne et ça me plaisait bien ! Pas révolutionnaire mais solide

merci Flovia pour les liens et pour la petite vidéo sympatoche thank a lot

Jipes a écrit:Assez Fan de cet artiste bien que ne ossédant pas d'album de lui mais je me rapelle l'avoir entendu quelques fois sur TSF Jazz quand j'étais dans la région parisienne et ça me plaisait bien ! Pas révolutionnaire mais solide

Oui je suis de ton avis, pas un super créateur mais un très solide artiste bien ancré dans un Chicago Blues "qui ne ment pas".
J'espère qu'il va mieux puisque d'après sa fiche wikipédia il a subi une attaque cardiaque en février 2013 qui l'a laissé paralysé de tout le côté droit.

Déniché voici quelques temps déjà , son 'Let's pick it up' de 1984 (label Black magic records)



Un bon enregistrement hollandais, solide, bien carré, de 12 titres dont 5 reprises (deux de Magic Sam, une de Jimmy Reed, une d'Albert King et une de Jimmie Lee Robinson)

01- Messin' with my pride
02- Don't throw your love on me so strong
03- All my whole life
04- All of my life
05- Double Dutch
06- Red Light
07- Cold and hungry
08- Love me with a feeling
09- Dream
10- Let's pick it
11- Big leg Mama
12- That will never do



L'album est disponible en version intégrale sur le tube.