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Napoléon Washington - Mud & Grace

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Message par vleb Jeu 10 Déc 2009 - 15:12

Napoléon Washington vient de sortir son nouvel album et donc son nouveau site. Et oui, le deux sont indissociables !

http://www.napoleonwashington.com

Il m'avait déjà bluffé avec la dernière version de son site et le "Washington Theater". Là encore, le boulot de graphisme est tout simplement incroyable. Et que dire de la musique....

C'est brillant, intelligent, plaisant, émouvant...

A noter que le CD est écoutable en ligne, et téléchargeable : on donne ce qu'on veut.

Le blues à l'heure d'internet, c'est Napoléon Washington !

Moi, j'adore tout : le site, la musique...
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Message par T.Jiel Jeu 10 Déc 2009 - 16:18

Oh bah là oh bah là mais dam'mais (comme ils disent par ici en Sarthe)... Mr Vleb tu m'en bouches un sacré coin!
-Je ne connais pas du tout le monsieur
-Ce site, mais c'est un voyage à lui tout seul, quel cadeau!!!
Bon, j'y retourne.... Napoléon Washington - Mud & Grace Icon_wink
Une rapide recherche dans le forum ... rien.... Donc c'est qqu'un qui ne fait pas de Blues particulièrement???? Pourtant ça sonne vraiment bluesie au premier survol....


Dernière édition par T.Jiel le Jeu 10 Déc 2009 - 16:21, édité 1 fois
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Message par jb28 Jeu 10 Déc 2009 - 16:20

j'ai écouté les 7 premiers morceaux : belle maîtrise instrumentale, la slide est omniprésente sur ces blues lents, mais mesurée, pas envahissante, c'est beau Napoléon Washington - Mud & Grace 927551 ; je suis moins emballé par les mélodies vocales, je ne saurai vraiment dire pourquoi, mais je ne ressens pas grand chose scratch

j'écoute le reste ce soir

Par ailleurs, il faut saluer le procédé : un site ultra graphique, un CD complet à l'écoute et en téléchargement (à votre bon coeur .. belle confiance envers les auditeurs potentiels : le Monsieur & sa musique méritent des encouragements sonnants et trébuchants) : chapeau l'artiste cheers Napoléon Washington - Mud & Grace 792681
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Message par T.Jiel Jeu 10 Déc 2009 - 16:24

La voix me fait penser à Tom Waits.... pas que la voix, aussi le reste, par exemple Peephole dawn. J'aime plutôt bien...
Thank's, Vleb!!
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Message par Jungleland Jeu 10 Déc 2009 - 16:46

graphiquement en tout cas le site est assez magnifique Very Happy

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http://mywmym.free.fr

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Message par T.Jiel Jeu 10 Déc 2009 - 17:21

Pour les curieux et les nuls, voici des choses sur ce Napoleon Washington....


http://bcr.blues-compagnie.net/index.php?option=com_content&task=view&id=209&Itemid=66
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Message par vleb Ven 11 Déc 2009 - 15:17

Content que cela vous ait plu ! Allez jeter un oeil sur l'ancien, qui est maintenant un peu planqué :
http://napoleonwashington.com/theater/index.html

Il s'agit d'un concert avec de la vidéo : je veux dire, des vidéos d'un concert avec projection d'images...c'est pas clair ?? Regardez !
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Message par T.Jiel Ven 11 Déc 2009 - 16:26

Dis donc, ce type fait vraiment bien les choses!!! Merci à toi. Bon, faut le temps d'entrer dans son univers! C'est bizarre que ton topic ne fasse pas plus de commentaires, il est maudit ou quoi, ce Napoleon W. ???
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Message par sergio88 Ven 11 Déc 2009 - 16:33

Jungleland a écrit:graphiquement en tout cas le site est assez magnifique Very Happy

Ouai, je crois que je vais le récupérer et zieuter sous le capot Laughing Il y a des idées intéressantes.
Pour la zic je n'ai pas encore écouté, faut que sa charge. Mais rien que les extraits sonores qui illustrent le site sont alléchants.
Merci vleb.

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Message par Jungleland Ven 11 Déc 2009 - 17:07

vleb a écrit:Content que cela vous ait plu ! Allez jeter un oeil sur l'ancien, qui est maintenant un peu planqué :
http://napoleonwashington.com/theater/index.html

Il s'agit d'un concert avec de la vidéo : je veux dire, des vidéos d'un concert avec projection d'images...c'est pas clair ?? Regardez !


ça marche pô chez moi Embarassed

donc je suis retourné sur le premier lien pour écouter ce nouvel album. Pas évident de rentrer dans cet univers mais une fois que c'est fait c'est franchement agréable Very Happy

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Message par vleb Mar 15 Déc 2009 - 12:14

Ceux qui ont versé une participation ont dû recevoir un message les invitant à aller écouter le morceau bonus (uniquement en ligne, pas dispo en téléchargement).

Le morceau s'appelle "Trick, treat or travel", et ça déménage pas mal : groove baby groove !!
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Message par Invité Mar 15 Déc 2009 - 14:58

Jungleland a écrit:Pas évident de rentrer dans cet univers mais une fois que c'est fait c'est franchement agréable Very Happy
En effet, en ce qui me concerne, je n'accroche pas du tout Neutral

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Message par vleb Mar 15 Déc 2009 - 15:04

Ha mais c'est ça que j'aime bien : ce n'est pas du blues comme on en a l'habitude. Et donc, 'ffectivement, on peut ne pas accrocher....
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Message par Bluephil Mar 15 Déc 2009 - 15:57

Incroyable ce nouveau site ! Quel boulot !
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Message par T.Jiel Mar 15 Déc 2009 - 16:28

Ouais, je crois que je vais m'en faire un pareil, tu cliques et hop, comme au ciné.
Faut juste que je me fasse aider un peu, y a deux trois trucs que je ne pige pas Napoléon Washington - Mud & Grace 449707 ...
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Message par mud Dim 18 Avr 2010 - 8:22

c'est géant
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Message par vleb Dim 18 Avr 2010 - 8:50

Napoléon Washington a écrit:Dixiefrog publie "Mud & Grace"

Le label français Dixiefrog (Popa Chubby, Eric Bibb, J.J. Milteau, Pura Fé...) a acquis pour l'Europe les droits de publication physique de Mud & Grace. L'album sortira le 22 avril.

Napoléon Washington - Mud & Grace Nwmng_10

Mud & Grace, troisième album de Washington, est paru le 10 décembre 2009 sur www.napoleonwashington.com. Conçu à titre d'expérience et de réflexion sur le marché de la musique, l'album a été diffusé sous la forme d'un CD virtuel de 13 titres ayant la particularité de proposer un livret "vivant", contenant plus de 45 minutes de films d'animation graphique synchronisés avec la musique. L'album est - et restera - disponible en téléchargement à prix libre, et l'objet peut également être feuilleté, écouté et visionné directement sur le site.

L'accueil du public a été très positif, le site enregistrant notamment plus de 5400 visites pour la seule période du 10 au 31 décembre et des donations permettant de couvrir les frais engagés dans la structure de production. La couverture médiatique de l'expérience a également été encourageante (voir notamment l'article paru dans le magazine français Xroads, en pièce jointe).

Très enthousiaste quant au contenu musical de l'album, Dixiefrog a pris contact avec Washington en vue de presser l'objet et le distribuer en Europe. Washington a d'abord refusé la proposition, l'ensemble du projet reposant à ses yeux précisément sur l'existence "virtuelle" de l'opus. Sur l'insistance du label, des négociations ont été entamées pour parvenir à un partenariat permettant au pressage de l'album de coexister avec sa version online. Philippe Langlois, patron de Dixiefrog, a choisi de publier une luxueuse édition du CD (livret 32 pages couleur et digipak 8 pages), de manière à ce que la "valeur ajoutée" des versions physique et virtuelle de l'album ne se fassent pas mutuellement concurrence. Washington a réalisé l'entier du graphisme pour le pressage.

"Mud & Grace" (Dixiefrog DFGCD 8686) sera disponible dès le 22 avril 2010. Il est distribué en Europe par Harmonia Mundi et en Suisse par Disques Office.
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Message par Eldoro Dim 18 Avr 2010 - 13:33

amis Rhône Alpins and beyond (vleb connait l'émission Wink) il me semble bien que l'ami Francis (et l'ami Cédric) vont justement consacrer une émission spéciale à Napoleon sur Couleurs FM.

il me semble que c'est en mai.
bizarre rien d'annoncé sur leur site mais ça aura bien lieu ! (je devais y passer boire un coup donc je m'en rappelle !)

http://lebluescafe.free.fr/

l'article dans XRoads est d'ailleurs de la plume de Francis (Rateau)
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Message par vleb Dim 18 Avr 2010 - 15:24

Et je crois bien me souvenir que Francis a fiat une longue et belle interview de Napoléon dans son émission. L'article de Crossroad en est, je crois, la transcription.
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Message par Iceman Dim 18 Avr 2010 - 16:59

Musicalement j'aime beaucoup, mais comme jb28 sur le plan vocal je suis nettement moins convaincu. Par contre, question marketing, le gars fait très très bien les choses.
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Message par Eldoro Lun 19 Avr 2010 - 13:06

vleb a écrit:Et je crois bien me souvenir que Francis a fiat une longue et belle interview de Napoléon dans son émission. L'article de Crossroad en est, je crois, la transcription.

hop
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Message par Eldoro Lun 19 Avr 2010 - 15:45

re-hop

MARDI 4 MAI 2010
Blues Café Live Radio Show
Avec :

Raph Bettex
NAPOLEON WASHINGTON (CH)
www.napoleonwashington.com/

with :
TOMCAT BLAKE (US)
www.myspace.com/tomcatblake
http://tomcatblake.com/
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Message par Jipes Lun 19 Avr 2010 - 20:39

Iceman a écrit:Musicalement j'aime beaucoup, mais comme jb28 sur le plan vocal je suis nettement moins convaincu. Par contre, question marketing, le gars fait très très bien les choses.

On est plus loin que le marketing là on parle plutôt de création interactive de superbe qualité, il y a possibilité de charger le CD au format iPod avec des vidéos illustrants chaque morceau c'est quand même assez incroyable même le livret interactif est quand même assez fantastique cheers

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Message par Iceman Lun 19 Avr 2010 - 23:56

Tu as parfaitement raison, c'était un raccourci outrageusement simpliste.
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Message par kjp Mar 20 Avr 2010 - 8:42

Interview Napoléon Washington pour Blues Alive.
(Réalisée par téléphone le 23 janvier 2010 dans Sweet Home Chicago par Marc Loison)


Marc : Come Down Blues, c’est ainsi que démarre ce nouvel album de Napoleon
Washington « Mud and Grace ». Disque de la semaine dernière sur Sweet Home
Chicago. On en écoutera 3 extraits au cours de l’émission avec cerise sur le
gâteau Napoleon Washington au téléphone en ce moment. Alors, ça va ???

NW : Oui, ça va

Marc : On ne t’entend pas trop mal, je te prends en live au téléphone. Tu es chez toi en Suisse ??

NW : Oui, c’est ça.

Marc : Entre 2 dates, où c’est assez calme en ce moment ?

NW : C’est assez calme en ce moment, c’est la période de sortie du CD et il n’y a pas encore trop de dates de verrouillées.


2





Marc : On va évoquer, pour les auditeurs qui ne te connaissent pas, ton parcours. Tu évoques dans ta biographie, un petit garçon de 8 ans qui joue avec une guitare en carton. Tu as une famille attentive à la musique ?
NW : Oui. Disons que c’est assez difficile de parler de début très concrètement
car c’est quelque chose qui a toujours été en moi, une idée fixe, de faire de la
musique et de faire ça toute ma vie. Alors effectivement, quand j’avais 8 ans je
construisais des guitares en carton pour commencer à mettre en place ce
fantasme. Je n’ai pas grandi dans un milieu où des gens pratiquaient un
instrument autour de moi, mais j’ai eu la chance d’être dans un environnement ou
l’on m’a toujours fait comprendre que la musique était quelque chose d’important.
J’ai eu l’immense chance de ne pas être dans un milieu ou l’on me dise : « La
musique ne sert à rien »
Marc : Un élément culturel, en quelque sorte ? NW : Tout à fait.

Marc : La musique en général, ou déjà certains styles à l’époque ?

NW : La musique en général. Je n’ai pas le souvenir d’avoir écouté du blues étant
gamin, ni de savoir que cela existait. Je me souviens que j’avais un 45 tours de la
marche turque de Mozart que j’adorais et que je passais à longueur de journée.

Marc : Tes début en groupe, c’était très jeune je présume ?
NW : Oui, j’ai commencé par jouer de la batterie. Moi, je voulais jouer de la guitare, mais il y avait un poste de batteur à reprendre dans un groupe et j’ai fait mes débuts sur scène à 11 ans en jouant tant bien que mal de la batterie. J’ai commencé comme ça.
Marc : D’accord. Cela t’a fait fouler quelques scènes dans ton pays la Suisse, jusqu'à ta majorité, ou tes pas t’ont porté vers d’autres horizons ?
NW : J’ai fait mon apprentissage de la manière la plus standard du monde avec des répètes dans des caves où on fait des concerts là ou on peut en faire, et puis j’ai eu la chance quand je devais avoir une vingtaine d’années de remplacer en catastrophe quelqu’un dans un band New-yorkais. Cela s’est très bien passé et m’a permis de bien apprendre le métier. En dehors de ça, j’ai fait mes classes comme tout le monde en montant des petits bands, en changeant de formation, en essayant d’autres trucs… En apprenant de cette manière-là.


3





Marc : J’imagine que dans ces années où tu avais 18, 20 ans peut-être un peu
plus, tu as du faire des rencontres déterminantes au point d’en influencer ta
musique.
NW : Oui, je pense à l’équipe de New-yorkais qui m’a vraiment appris le métier
par rapport à ça. Là, on peut parler d’une rencontre déterminante dans ce sens-
là. J’ai appris qu’on était responsable d’une partie du public qui était devant soi
quand on est dans un band, et qu’on était là pour leur donner quelque chose. Je
me souviens me faire remettre les pendules à l’heure et me faire expliquer que
tous les gens qui étaient dans la salle, ils avaient tous 99 chaines de télés à la
maison et que s’ils étaient là, c’est qu’il y avait une raison. Il fallait leur donner ce
qu’ils étaient venu chercher en concert. J’ai énormément appris à ce moment-là.
Musicalement, c’est vraiment un ensemble. J’ai pompé partout à chaque moment.

Marc : Napoléon Washington est une sorte d’éponge musicale. Pomper ça et là différents courant musicaux pour en faire ton propre style…

NW : C’est exactement ça. Faire l’éponge et faire cela tout le temps pour
capturer plein de petites choses… Cela ne s’arrête jamais, il faut toujours être
attentif…

Marc : Il y a quelques noms avec
lesquels tu as croisé le chemin. Tu
as fais partie des Crawling
Kingsnakes pendant 8 ans. Tu as
joué avec le frère de Brian Setzer,
Gary Setzer, c’est ça ???

NW : Oui, c’est lui qui chantait
dans ce groupe de New-yorkais,
justement.

Marc : Avec Rock Bottom et lui
c’est quelqu’un d’important. D’autre
bluesmen en parlent avec beaucoup
d’émotions car il nous a quitté à
l’heure où ce n’était pas l’heure, en
fait... Lui aussi, il t’a influencé dans
ta façon d’appréhender le public ?





4





NW : Oui, c’était majeur de travailler avec lui. A l’époque ou j’étais dans Crowling
Kingsnakes, il se mettait une fois par an au service du groupe le temps d’une
tournée européenne. En backing-band. Et moi, à l’époque où je me construisais
des guitares en carton, c’est toujours ce que j’aurais voulu faire. Ce n’est pas
vraiment être devant qui m’intéressait, et je l’ai toujours fait par défaut de me
mettre devant et d’affronter le public comme « front-man ». J’ai toujours
souhaité me mettre au service d’un band et apporter ma pierre à l’édifice. Avec Rock, c’était exactement ça. En reprenant le terme de l’éponge, c’est quelqu’un chez qui il y avait énormément à apprendre.

Marc : J’avais une question à propos de ton expérience avec The Five Blind Boys
from the Parish que tu décris comme une création de ton batteur Raphael Pedroli
(qui intervient d’ailleurs sur ton dernier album), comme 3 musiciens qui
prétendent être aveugles, échappés de l’hôpital de Bogalusa et qui déploient un arsenal humoristique qui n’a en fait que pour fonction de masquer une approche puriste d’un blues noir électrique et crasseux. Est-ce que c’était pour faire rire les gens ou pour faire passer ta musique auprès d’un public tout neuf ?

NW : Il y a dans ce projet là, une volonté de réaliser notre projet d’ado qui était
de monter un band de blues avec un répertoire de blues classiques et puristes.
Et puis il y a effectivement un gag mais qui n’est pas si calculé que ça parce que
c’est un projet qui fonctionne sur le principe du cheval de Troie. Si vous avez un
band de blues noir et crasseux, on ne va pas vous ouvrir beaucoup de portes mais
si vous mettez de l’humour et pas mal d’imbécillités autour de tout ça, les gens
vont plus facilement vous ouvrir la porte à un truc qui derrière mine de rien, avec
toute la retenue et la politesse qu’on peut y mettre, est vraiment un truc puriste.
C’est d’une démarche comme ça dont on parle dans une interview, mais qui ne doit
pas être apparente.

Marc : Une puis on en parle à postériori, mais ce n’est peut être plus ta démarche actuelle ?

NW : Je crois qu’il y a une fonction ce groupe des Five Blind Boys, c’est de faire de la scène car c’est un combo plus électrique et qui peut tourner dans divers lieux comme des petits clubs, ce qui me laisse à moi plus de liberté. C’est un peu mon « band de scène », et d’ailleurs en ce moment je fais d’avantage de concerts avec ce band là et quasiment plus avec mon travail à moi car je trouve que ce n’est pas forcément sur scène qu’il est le plus intéressant.

Marc : C’est une sorte d’équilibre en quelque sorte.



5






NW : Oui, c’est cela.
Marc : Plutôt que de te demander les bluesmen qui t’ont influencé et que tu cites sur ton site Internet, je voudrais te donner quelques noms de musiciens encore en activité et que tu me dises ce que tu ressens à leur évocation. Tu réagis à chaud, tu veux bien ???

NW : Allons-y.

Marc : Ry Cooder.

NW : Ry Cooder, j’ai toujours eu une petite
retenue par rapport à lui, parce que je n’ai pas été convaincu du fait qu’il pompe le morceau de Blind Willie Johnson pour faire la B.O. de Paris Texas, qu’il gagne beaucoup d’argent avec ça et que Blind Willie Johnson ne gagne rien du tout. J’ai aussi le sentiment avec tout le respect que je peux avoir pour Ry Cooder que Buana Vista, ça a fait plus de tort à la salsa cubaine que de bien.

Marc : D’accord. Bob Brozman.
NW : Ah lui, c’est le seul type qui a un doctorat dans le slide. J’ai appris beaucoup en l’écoutant. J’ai appris aussi beaucoup en lisant le livre qu’il a écrit sur National, qui est passionnant. Je crois que c’est un type qui a une méditation sur cet instrument et il en a une approche très originale.

Marc : Parmi les autres sliders, Kelly Joe Phelps.

NW : Alors Phelps, je pense qu’il y a quelque chose de très intéressant chez lui, c’est qu’il vient du jazz, et même du free jazz, et tout d’un coup il se met à s’intéresser au blues. Et à mon avis cela en dit long à propos du fait que l’on a toujours tendance à penser que le blues, parce qu’il repose sur une économie de moyen absolu, c’est une musique simple et facile. Et typiquement par la démarche d’un type comme Phelps, on a la confirmation du contraire. Il vient du jazz et s’intéresse à quelque chose que l’on met parfois en dessous à tort. Il aborde ça d’une manière que je trouve très intéressante.
Marc : Est-ce que ce serait : « Qui peut le plus, peut le moins », mais ce n’est pas forcément donné à tout le monde, la preuve ???



6






NW : Oui, c’est ça et je pense que c’est plus facile de faire « le plus » que de
faire « le moins ».

Marc : Rires. Je t’attendais au tournant là-dessus. Rires. Clapton ???
NW : Clapton. J’aime bien Clapton, mais j’aime vraiment mieux la pizza. Marc : Rires.
NW : C’est quelqu’un à qui on doit énormément, aussi c’est clair que j’ai du respect. Quand il n’y avait que le « blues boom » anglais pour faire bouger les choses, ils ont quand même contribué à ne pas faire oublier les bluesmen historiques. Dans l’état du paysage actuel, on leur doit beaucoup, mais maintenant c’est inécoutable. C’est tellement blanc….J’ai horreur de ça.

Marc : Par rapport à ce qu’il fait actuellement, tu entends.

NW : Ca me dépasse. Qu’est ce qu’il peut y avoir dans la tête d’un type qui refait
un disque avec le répertoire de Robert Johnson ??? C’est surréaliste. Moi, je n’ai
pas envie d’écouter Clapton jouer du Robert Johnson, j’ai envie d’écouter Robert
Johnson.

Marc : Coco Robicheaux

NW : Ca c’est un personnage. Je me suis souvent posé la question de savoir qu’elle était la part de roman qu’il maitrisait et la part du personnage qu’il est réellement. Je crois que c’est quelqu’un qui a crée un univers et moi, je suis sensible à ça. Faire de la musique c’est une chose, mais créer un univers c’est un bel acte. Ce type est vraiment là-dedans.
Marc : Est-ce que l’on pourrait dire la même chose d’un garçon comme Tom Waits ?
NW : Tom Waits c’est largement au-delà. C’est le prince. Tom Waits, il n’y a pas
grand-chose au-dessus. On lui doit un truc, c’est d’avoir complètement dépassé la
question du style. C'est-à-dire que plus personne ne demande quelle musique il
fait. Il fait du Tom Waits, point final. Ce n’est pas le plus important d’avoir créé
son propre style, mais c’est d’avoir annulé ces insupportables questions : Quel
style faites-vous ? Quel genre de musique ? Comment vous la définissez ?
Il a réussi à complètement effacer cette question, et ça c’est merveilleux.


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Marc : Il y avait un album des années 80 qui s’appelait Swordfishtrombone qui a été détesté par certains et adulé par d’autres. C’est un résumé de ce qu’il était capable de faire, et dont il est toujours capable. Le grand public le connaît surtout pour Blue Valentine, mais il a fait beaucoup d’autres belles choses…
Chris Réa, pour terminer.

NW : Chris Réa, c’est intéressant car c’est un type qui a fait une espèce de pop
très typée des années 80 et pourtant pour moi c’est le contraire de Clapton.
C’est un anglais lui aussi, mais il a réussi à absorber ce qu’il y avait à absorber et
après une digestion, il en a fait quelque chose de très personnel et intéressant.
J’ai beaucoup plus de respect pour Chris Réa car il a réussi à faire quelque chose
de personnel sans jamais nier qu’il avait pris ça, là ou cela se trouvait. Là, il y a de
la légitimité.
Marc : Il y a un point commun entre Napoléon Washington et Chris Réa : c’est l’art graphique, la peinture. Chris Réa nous a gratifiés il y a 3 ou 4 ans d’un ouvrage avec ses tableaux, agrémentés de 9 albums et d’un DVD. C’est quelque chose de monumental. Tu t’intéresses aussi beaucoup aux arts graphiques, cela fait partie de ta formation de base.

NW : Cela fait partie de ma
formation, mais surtout à partir du
moment où on se pose la question :
Qu’est ce que je fais ? et que la
réponse n’est pas : Je fais de la
musique mais : Je suis là pour ouvrir
une petite fenêtre sur mon univers
alors tous les outils sont
intéressants. Le visuel, c’est une
dimension, l’audio c’en est une autre.
C’est intéressant d’en explorer le
maximum.
Marc : Le cinéma virtuel d’abord.
Qu’est ce que c’est ? Car c’est
quelque chose que tu peux proposer
en concert.

NW : Oui, c’est simplement
l’intégration de cette notion d’image dans l’ensemble d’un petit travail auquel je


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consacre mon temps. On avait fait en 2005 ou 2006 un spectacle qui impliquait
beaucoup d’images avec des projections à un moment où cela ne se faisait pas
encore beaucoup. Et puis ce spectacle a été filmé avec des gros moyens, et à un
moment la question s’était posée de publier un DVD de ce spectacle car il était
visuellement très fort. Et moi, j’avais dit : Non, je ne crois pas qu’on pourra
vendre un DVD, foutons le sur le web, puisque c’est illusoire d’espérer le vendre,
donnons le.
C’étaient les prémices de ce qu’il s’est fait récemment, puisqu’on avait mis sur un site l’ensemble de ce spectacle qui était visible en cinéma virtuel.

Marc : C’était dans la version précédente du site web et il y a encore une petite
fenêtre pour retrouver ça actuellement. Alors dans tes albums précédents il y
avait en 2002 Hôtel Bravo, que tu avais entièrement enregistré sous un pont à
New-York. Pour certains, cela peut paraître absurde, pour d’autres intéressant
ou amusant. Qu’est ce qui a guidé ton choix d’enregistrer cet album sous ce pont
à New-York ?

NW : Cet album là a effectivement été enregistré en pleine ville sous un pont mais ce n’était pas à New-York mais en Suisse. C’est le suivant qui a été enregistré à New-York.

Marc : Désolé, j’ai confondu.

NW : Celui-là, c’était le premier album de Washington et je m’étais aperçu que si
j’avais annoncé à la planète entière que j’avais publié un album de blues
acoustique, je n’allais même pas susciter un intérêt poli. Je me suis dit il faut
trouver quelque chose. Il faut être modeste, mais il faut livrer le produit avec
une certaine curiosité. C’est le moins qu’on puisse faire car le stock de curiosité
d’un type comme moi au niveau du public est quasiment proche de zéro. C’est
comme ça. Cela ne sert à rien de se lamenter. Il faut être conscient que vous
n’allez pas susciter d’intérêt si vous êtes un parfait inconnu. Dès lors que les gens
écoutaient, ils étaient très positifs, mais c’était très difficile de les faire
écouter. L’idée c’était de dire : J’ai enregistré un album de blues acoustique,
« virgule », sous un pont, en pleine ville, dans le trafic. Et là ça a fonctionné. Cela
a créé une curiosité assez énorme pour l’objet et cela a permis de lancer
l’histoire.
Marc : Adaptation au public, fatalisme ou réalisme par rapport à ce que tu penses
que les gens attendent de ta démarche, générosité aussi, il faut bien le dire. Est-
ce que c’est sous les mêmes auspices que sort l’album « Homegrown » qui a



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demandé une plus grande gestation, avec sûrement des hésitations et des moments de doutes.

NW : Le doute, c’est l’outil de travail. C’est mon établi qui est fait de doutes et il
n’y a pas plus de doutes pour cet album que pour les suivants. Simplement, je suis
attentif à faire les choses au rythme où elles doivent se faire. La gestation peut
être plus ou moins longue, mais ce n’est pas quelque chose que l’on peut vraiment
décider. Cela s’est très bien passé et il y a eu tous les doutes nécessaires à
aboutir à un projet que l’on puisse laisser partir et assumer totalement. Et puis il
y avait dans ce deuxième album la volonté de ne pas tomber dans le rôle du type
qui est le « revival » du blues acoustique des années 30. Comme cela avait très
bien marché avec le premier album, j’avais commencé à sentir qu’on allait me
parachuter dans ce rôle-là.

Marc : Dans ce concept-là, avec encore une étiquette de plus.

NW : Encore une étiquette et
encore un carcan. Je trouvais
que c’était épouvantablement
prétentieux de se considérer
comme la réincarnation de
Johnson ou de Skip James. Il
y avait une prudence par
rapport à ça et une volonté de
diriger l’ensemble vers
quelque chose de plus
contemporain.

Marc : Est-ce que c’est
vraiment prétentieux que de
vouloir se forger une identité,
quitte à emprunter celle de
ses aînés ???
NW : Je ne crois pas que l’on puisse se forger une identité. Moi, je n’ai jamais ressenti ça. Il y a peut être des gens qui y sont parvenus, mais une identité elle se forge d’elle-même. Si on est attentif à une certaine sincérité et une certaine justesse dans ce que l’on fait, eh bien le style va s’imposer de lui-même.
Je n’ai jamais cherché à fabriquer ça.





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Marc : Qu’est ce que l’on ressent à la naissance d’un album ?? Est-ce que c’est comparable à la procréation ??? Est-ce qu’une femme pourrait ressentir plus fortement ce genre de chose ???
NW : J’ai l’impression que c’est comparable, mais comme je n’ai enfanté que
d’albums… Il faudrait demander à une femme qui a fait les 2. C’est effectivement
comparable. Cela naît d’une étincelle de plaisir, ensuite il y a une longue gestation
jusqu'à ce que cela atteigne une certaine maturité, avant de laisser la chose
sortir du nid ou accoucher. En fait, c’est vrai qu’il y a des points comparables.

Marc : Il y a un garçon qu’on connait bien dans l’émission et qui est fort connu du
monde du blues en général, c’est le boss d’Alligator, Bruce Iglauer, qui a dit de
toi, il y a quelques années : « c’est de la très bonne musique, qui démontre une
grande compréhension pour la tradition du delta blues et un profond
attachement à un son authentique. Ce type joue et chante aussi bien que de
nombreux Américains qui pratiquent ce style, et mieux que beaucoup ». Alors on
sait que Bruce Iglauer travaille pratiquement exclusivement avec des
Américains, avec une ou deux exceptions. Est-ce que tu peux nous décrire ton
sentiment à l’époque à la découverte de cet éloge signé Bruce Iglauer ?
N.W : Ben j’en revenais pas, évidemment, j’étais énormément honoré parce que
c’est quelqu’un est aussi assez sévère. Il faut aussi dire que sur les projets
précédents, il avait été extrêmement sévère sur le Crawling Kingsnakes qui était
mon précédent disque. Il n’avait pas grand-chose de bon à dire. Donc ça ajoutait
autant de valeur à ce compliment qu’il me faisait c’est le salaire aussi… ça fait
vraiment du bien.

Marc : Donc, tu avais pris l’habitude de lui envoyer tes productions ?

N.W : Oui oui, comme ça, à titre consultatif, car il n’engage pas de productions non-américaines.

Marc : Est-ce que tu as utilisé d’autres personnes pour te servir de baromètre, pour te donner leur opinion, leur avis… des gens du milieu ?

N.W : Oui, et aussi beaucoup de gens qui ne sont pas du milieu. Moi je fais de la
musique pour les gens, pour tout le monde. Il n’y a pas que les avis autorisés, il n’y
a pas que ceux qui ont des connaissances en la matière. Moi, ça m’intéresse de
savoir ce que ma concierge en pense aussi, comment c’est préhensible pour elle.





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Marc : C’est tout à fait à ton honneur. Il y a peut-être d’autres artistes qui le
pensent, mais assez peu qui le disent. Tu disais que Bruce Iglauer n’avait aucun
artiste non-américain dans son catalogue. Est-ce que tu pensais quand même
après ces quelques mots, intégrer son écurie ? Est-ce que c’était un souhait pour
toi, déjà ?

N.W : Non, non, pas du tout. Je n’ai jamais eu aucune illusion, non, non, j’ai pris
ça pour ce que c’était, ça m’a fait très plaisir, mais je ne me permettrais pas
d’imaginer des choses comme ça, non, non… ça ne faisait pas partie du fantasme.

Marc : Ce n’est pas impossible… A l’impossible, nul n’est tenu. Impossible n’est pas français, mais est-il suisse ? Je ne le sais pas… rires.

N.W : Parfois, oui…

Marc : Justement, par rapport à la
distribution de tes albums et avant de
parler du nouveau, comment est-ce que tu
t’y prenais pour faire connaître ton art
aux futurs fans ?

N.W : Euh, pour être tout à fait
honnête, je ne m’y prenais pas du tout.

Marc : Ah oui ? Ca veut dire que tu laissais les gens venir à toi ?
N.W : D’une part oui. Fabriquer un
intérêt là où il n’y en a pas, ça aboutit sur
un résultat artificiel. Ce n’’est pas
forcément très intéressant, et d’autre
part, j’ai vraiment des qualités de
représentant de commerce qui sont en dessous du zéro absolu, je déteste faire
ça…

Marc : Non, non, c’est pas vrai ça… je suis pas d’accord…
NW : …Ah ben, peut-être que quelque chose m’échappe, mais en tout cas pour le
moins, j’ai une horreur consommée de chercher du prosélytisme et de chercher à
convaincre ; moi, je fabrique simplement. Je suis juste un p’tit bonhomme qui
fabrique de la musique et j’ai bien de la peine à aller au-delà de ce rôle-là, même


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si je sais que c’est nécessaire, et qu’il faut se pousser au cul pour aller plus loin
que ça. Moi ce qui m’intéresse dans la vie, c’est de fabriquer, c’est pas de vendre.

Marc : Donc ça veut dire que pour vendre des disques, en fait, c’était surtout la scène à la fin des concerts ?

N.W : Non, Dieu merci, j’ai eu des bonnes distributions. De vraies maisons de
distributions qui se sont occupées de ça, donc j’avais le plaisir d’être dans les
FNAC sans avoir moi à contacter qui que ce soit. Heureusement que c’était
comme ça !
Marc : Par rapport à cet album qui sort qui s’appelle « Mud and Grace » dont on parle beaucoup sur Internet et parmi nos petits camarades du Collectif des Radios Blues, pourquoi ce titre « Mud and Grace » ?
N.W : C’est mon plaisir de chercher à
fabriquer une troisième chose à partir de
deux premières. Vous avez « Mud », la boue,
et « Grace », la grâce, qui sont deux choses
très claires indépendamment et lorsqu’on
les met ensemble, on en obtient une
troisième par contraste. C’est un peu le
principe si vous prenez le portrait de
quelqu’un, son visage, on va avoir quelque
chose de plus important, de plus
intéressant, de plus fort, de plus
dramatique si on a de l’ombre et de la
lumière dans ce visage, que s’il est éclairé au flash dans un Photomaton en pleine
gueule comme ça, ça va être beaucoup moins vivant et beaucoup moins
intéressant que si on se sert du contraste pour dessiner les formes, et « Mud
and Grace », c’est une association de choses qui, à mon avis, dessine une forme
qui m’intéresse.
Marc : Très bien… C’est une magnifique réponse, je n’imaginais pas tout ça en
fait… Par rapport à la conception du site web - parce que il faut bien le dire, cet
album a été pressé à très très peu d’exemplaires, juste pour envoyer à quelques
médias - mais en fait la totalité des ventes va se réaliser sur le site web, il a été
entièrement refondu pour la sortie de cet album, on peut feuilleter l’album
entier, les titres, les paroles… Tu insistes là-dessus d’ailleurs, ce n’est pas un
gadget, c’est une idée révolutionnaire. C’est peut-être même une première dans
l’histoire du disque, ça je ne sais pas, je manque peut-être de références à ce


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niveau là. L’album n’existe pas matériellement, mais il est proposé à la vente sur le net, à la vente ou pas d’ailleurs, parce que tu laisses aux gens la liberté de choisir si jamais ils habitent dans une cabane sans électricité … tu me diras, comment ils peuvent brancher leur ordinateur. Rires.
C’est là que je voulais en venir, tu sais, par rapport à ton défaut de talent dans le marketing. Moi je trouve qu’au contraire, c’est très bien ficelé, parce que tu amènes ça de façon simple, mais en même temps qui se lit tout de suite. On ne prend pas ça comme quelque chose de mercantile tu vois ce que je veux dire. Je trouve ça très bien fait en tout cas.
N.W : J’ai d’ailleurs pas de pudeur
vis-à-vis du commerce. Je fais aussi
de la musique pour la vendre et je ne
vois rien de déshonorant à ça. Mais
effectivement là y avait la volonté de
faire une expérience, vraiment, c’est
une expérience, elle n’a pas valeur
d’absolu ou elle n’est pas forcément
appelée à se reconduire sous cette
forme là. Mais là, il y avait la volonté
de chercher quelque chose vis-à-vis de
la situation dans laquelle je suis. Je
fais de la musique de niche. Je suis un
petit indépendant. J’ai pas une
notoriété très importante et quelle
est la formule qui va me permettre
d’amener cette musique et d’ouvrir
cette fenêtre sur mon petit monde pour les gens à qui j’ai envie de l’offrir qui
soit plus efficace que simplement d’imaginer remplir des camions avec des
cartons de disques pour aller dieu sait où. C’est un peu illusoire dans mon cas. Il y
avait une réflexion sur « chercher autre chose » et de mettre le truc.
Effectivement, il n’a pas été pressé pour le public, il y a un pressage pour les
radios et pour la presse parce qu’on ne peut pas leur dire d’aller sur le net
pomper tout ça mais au niveau du public, ça se passe vraiment exclusivement sur
le net parce que la manière dont ce produit est conçu, ce petit livret
complètement magique dont les pages s’animent. Le contenu des pages bouge et
ça, c’est quelque chose qu’on ne pouvait pas faire ailleurs que sur le net, et du
coup, ça lui donne une légitimité, il a le droit d’être là parce qu’il est pensé de
cette manière-là.





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Marc : Voilà, pour les gens qui ne sont pas encore allés le voir, chaque page
s’anime effectivement. Sur la partie gauche, vous avez un petit lecteur à chaque
fois, avec pause, lecture, avance rapide, etc… et puis quelques paroles, quelques
mots d’explication sur chaque titre, et puis à droite, chose magique, quand j’ai
découvert ça la première fois, je me suis dit mais… c’est génial, quoi… toutes les
paroles qui arrivent à s’afficher au fur et à mesure que toi tu les chantes, avec
une espèce de mise en scène, mise en lumière, un jeu sur les polices de caractère,
sur le sens, sur les clair-obscur, c’est de l’art véritablement, ça va au-delà de ce
qu’ on a vu jusque-là en tout cas.
N.W : En tout cas, je ne sais pas si j’ai inventé quelque chose et finalement ça n’a pas beaucoup d’importance, mais effectivement je n’ai pas vu de démarche qui soit exactement similaire.

Marc : Ce sera sans doute copié, à vrai dire

N.W : Peut-être oui, ce serait un honneur, je ne le prendrais pas mal mais, je ne sais pas si ce sera copié, en tout cas je vois ça comme de l’artisanat, pas comme de l’art, quand même.

Marc : On va écouter un extrait de cet album

J’ai grand plaisir à faire cette interview en direct live avec NW.
Nous venons d’entendre « Little big point » un morceau ou l’emploi des
percussions se fait de façon pleine et entière.


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Le percussionniste n’est autre que Raphael PEDROLI également batteur, on
l’évoquait tout à l’heure parce que ça fait un moment que vous vous suivez.
Comment est-ce que ce mix, avec ton répertoire qui s’accommode parfois mieux
d’une action en solo, peut s’accommoder de ces orchestrations un petit peu plus
turbulentes ?

N.W : La question, vue de l’intérieur, se pose un peu dans l’autre sens. C’est à
dire que moi, mon travail principal, et ce qui m’intéresse, c’est mon travail de
studio et c’est ce qui se fabrique dans un album. Et après la scène, c’est
l’adaptation de ça avec les moyens qui sont disponibles, et effectivement c’est
souvent de la tournée en solo - ce qui m’intéresse de moins en moins d’ailleurs -
et c’est plutôt la scène qui serait le parent pauvre de mon travail en général que
le contraire.

Marc : D’accord, et donc ça nous amène à citer les musiciens qui collaborent à cet album. Je vais les citer tous si tu veux bien. Je viens de parler de Raphaël Peroli, Simon Gerbert à la contrebasse, c’est quand même quelqu’un avec qui tu travailles depuis longtemps, Jean François Lehmann à la clarinette, Tomcat Blake aux chœurs qui lui, a sa propre carrière, et Fabian Schild qui assure le mixage et le mastering. Je l’ai associé aux musiciens parce que les différents protagonistes de l’album ne font qu’un. On imagine une osmose, comme ça en studio, avec ce type d’album. Comment s’est passée cette collaboration avec les différents musiciens, les différents protagonistes de l’album ?

N.W : C’est vraiment ça
effectivement, c’est très juste de
mettre l’ingénieur du son qui a fait le
mastering là-dedans parce
qu’effectivement c’est bien un rôle
tout aussi important que tous les
instrumentistes qui interviennent.
Concrètement, ça s’est passé, c’est
assez simple, ça a pris 4 ans pour se
faire parce que j’ai dû commencer par
construire un studio, mais alors
vraiment, du bâtiment, tu vois ? J’ai
construit un studio, puis après j’ai
travaillé dedans, j’ai fait toutes les
maquettes et après j’ai enregistré le
monde sur les maquettes. Il y a des
gens comme Pedroli qui est venu faire


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les batteries, Simon qui est venu faire les contrebasses, y a des gens qui
interviennent peut-être un petit peu plus personnellement dans le truc, puis
après y a des gens comme Jean-François Lehmann qui fait les clarinettes basses
qui est venu juste un petit bout de nuit comme ça, enregistrer ses pistes de
clarinettes. C’est un musicien classique qui était vraiment au service de. Il y avait
des gens de session et puis y avait des gens avec lesquels il y a un rapport plus
personnel. C’’était très intéressant de mettre tout ça ensemble. Quant à Tomcat,
ça s’est un peu décidé à la dernière. Sur les maquettes, c’était moi qui faisais
tous les chœurs et ne ça fonctionnait pas trop mal, sauf sur deux titres sur
lesquels on avait besoin de chœurs avec un autre grain et là, je l’ai appelé un peu
en vitesse pour lui demander est-ce que tu peux venir au studio faire des chœurs
sur deux trois pistes et puis bien sûr il est venu. C’est un copain depuis
longtemps. Donc, ça s’est passé très différemment selon les individus.

Marc : J’imagine. Il y en a qui sont restés très peu de temps et d’autres qui se
sont impliqués à 100% dans le projet. Tu parlais de ta voix en tant que choriste
et de ta voix en tant que lead vocal. Elle s’est peut-être un peu durcie, elle a pris
un peu de tanin, volontairement ou non. Est-ce que c’est la route ou les influences
des autres musiciens ou le temps qui passe simplement ou des substances… je ne
sais pas ? … rires

N.W : Je pense que c’est tout ça. Moi, je suis content d’entendre ce commentaire dans ce sens où s’il y a quelque chose qui ne m’intéresse pas, c’est bien d’avoir un truc figé qui n’évolue pas donc, que les choses évoluent - après, elles évoluent dans le sens où la vie les conduit - mais que la voix se modifie avec le temps, c’est une bonne chose Il y a des choses qui rentrent, il y a des choses qu’on apprend à mieux maîtriser et je pense qu’au contraire, si les choses évoluent comme je voudrais qu’elles évoluent, je m’approche de plus en plus de ma voix à moi et de moins en moins d’une voix de fonction, donc j’espère effectivement que ça évolue et que ça continue d’évoluer.
Marc : Quand tu dis « je m’approche de ma voix », tu mets un X ou un E à la fin ?
rires

N.W : Les deux, j’espère. Rires

Marc : Alors dans cet album « Mud and grace » , tu signes 12 titres et tu
reprends. Il y a 13 titres dans cet album. Il y a une reprise de Zachary Richard
qui s’appelle « Big river ». Pourquoi cette reprise ? Tout d’abord, pourquoi une
seule reprise et puis pourquoi ce titre qui est sorti en 88, il y a déjà fort
longtemps dans un album qui s’appelait « Zac’s bon ton » . C’était une espèce de


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come back à la Nouvelle-
Orléans dans la propre
discographie de Zachary
Richard. Pourquoi ce choix,
finalement ?

N.W : J’avais acheté ce disque
quand il était sorti parce que
j’avais vu quand j’avais 14 balais
un truc comme ça, j’avais vu un
concert de Zachary Richard qui
m’avait vraiment ouvert la porte
sur ce monde, sur la musique
cajun, sur cette planète qu’est
la Nouvelle-Orléans. Ca m’avait
complètement fasciné et je m’y
suis vraiment beaucoup
intéressé à partir de là. J’avais
acheté cet album quand il était
sorti et c’est une chanson qui
m’avait beaucoup ému. Je l’avais
trouvée très belle parce qu’elle
parle des inondations du Mississipi en 27, et aussi de manière plus large. Elle
parle du sentiment de l’eau qui monte. De ce qui se passe quand tu sens que tu as
l’eau aux chevilles, aux genoux, qu’elle monte et que c’est inéluctable. Cette
chanson m’avait ému au point qu’elle avait d’ailleurs généré une chanson dans mon
premier album qui s’appelait « River of tears », qui est finalement un dérivé de
celle-là, mais je ne me suis jamais permis - c’est une chanson que je jouais comme
ça au piano un peu pour moi parce que je la trouvais belle - je ne m’étais jamais
permis de le faire et tout à coup, à un moment, ça a été son tour. Je pense qu’on
doit, vis-à-vis des gens qui vont dépenser quelques sous et passer un moment de
leur vie à écouter la musique qu’on leur propose, on leur doit de faire quelque
chose de personnel. Mais moi j’ai toujours, par déférence peut-être, ou par
respect, mis un titre, dans les trois albums de NW, il y a un titre qui n’est pas à
moi et qui, à mon avis, dit quelque chose. Le choix de ce titre là dit quelque chose
sur la démarche. J’essaie de les faire avec humilité et avec respect, mais en y
mettant ce que je peux de moi-même. Sur ce disque-là, c’est celle-là qui est
sortie. C’est celle-là qui s’est imposée, et je crois qu’il faut laisser les choses se
faire quand leur moment vient, et là c’était le cas.




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Marc : Ca veut dire qu’il y a d’autres titres qui auraient pu remplacer celui-ci, d’autres inspirations à ce moment-là ?
N.W : Oui, il y en avait quelques -uns… qui viendront peut-être dans les albums suivants, ou pas.

Marc : On va garder ça secret, alors ? Par contre, tu offres un titre supplémentaire aux acheteurs de ton album sur le net, c’est bien ça, si j’ai bien tout compris ?

N.W : Absolument, oui.

Marc : Une treizième page qui arrive sur l’album virtuel. Est-ce que tu penses que c’est un argument suffisamment propre à faire délier les cordons de sa bourse à l’internaute de base qui est plutôt habitué à pirater tout ce qui lui passe sous la souris ?

N.W : Non, je ne pense pas que ce soit un argument qui va pousser les gens à
décider, parce qu’effectivement, le système est : si les gens paient quelque
chose, s’ils font une donation, ce qui est la moindre des choses, à ce moment-là,
effectivement, il y a un système qui donne une page supplémentaire que tous les



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autres n’ont pas et à mon avis, ce n’est pas une forme d’incitation à faire un don, c’est au contraire, une forme de remerciement pour le don en question.

Marc : Pris comme ça, effectivement… On évoquait tout à l’heure tes autres dons. Tu n’es pas que musicien, tu as une formation de graphiste, tu parles dans d’ailleurs la présentation de l’album de cette formation-là. Est-ce que tu peux nous en dire plus, et puis surtout dans quel domaine précis tu as employé ton art du graphisme. Est-ce que c’était pour la publicité ? Pour de l’art pictural ? Dans quel domaine est-ce que tu exerçais ?

N.W : Je n’ai jamais eu le sentiment, vu d’où je me trouve, d’avoir fait le moindre
truc artistique. L’art, ça ne me concerne pas. Moi, je suis plutôt un artisan qui
fabrique des petites choses et puis, j’ai effectivement, on en parlait avant,
toujours eu depuis que j’étais tout minot, le fantasme d’être musicien, mais on
m’a quand même expliqué que j’allais être musicien si ça m’amusait mais que ce ne
serait pas une mauvaise chose d’apprendre un métier quand même… rires

Marc : rires… « Vous êtes musicien, mais sinon, qu’est-ce que vous faites dans la vie ? »… rires
N.W : Oui, c’est vraiment ça. « Qu’est-ce que vous faites dans la vie ? » « Je suis musicien ». « Oui, mais comme travail ? » rires
J’ai fait des études de graphiste, mais en toute bonne foi, ce n’était pas parce
qu’on m’y obligeait, mais parce que ça me plaisait. Je n’ai jamais pensé, même si
j’en nourrissais le fantasme, que je serais musicien. Je ne me suis jamais permis
de me projeter en imaginant que ça allait marcher. Je me suis dit « bon ben,
voilà, un truc qui m’intéresse » et puis j’ai appris ça. Et puis je n’ai pas vraiment
exercé ce job parce que j’ai assez vite fait de la musique, mais à la pige, comme
ça, régulièrement, je fais des jobs, plutôt, pour nouer les deux bouts, parce que
je n’ai pas non plus envie d’être coincé dans la musique pour un problème de
revenus. Et puis on n’a pas d’ASSEDIC là où je me trouve, donc ça ne m’intéresse
pas d’être obligé d’aller faire des concerts qui m’emmerdent, juste parce que j’ai
mon loyer à payer, donc je fais des jobs justement dans le graphisme, mais là
c’est dans la publicité, je bosse beaucoup pour la télévision ,pour la publicité à la
télévision . Je fais beaucoup d’effets spéciaux, des choses comme ça … quand il
y a besoin de rentrer un peu d’argent.
Marc : C’est quelque chose qu’on sait moins, finalement. C’est un autre compartiment de ton existence.





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N.W : Oui, c’est ça, et puis c’est surtout un compartiment que j’ai gardé
extrêmement étanche. J’ai toujours « compartimentalisé » mes activités avec
une immense priorité. Je passe 8 heures par jour à fabriquer de la musique. De
toute façon, c’est ça, mon job. Mais, Dieu merci, j’ai une vie qui est suffisamment
remplie et suffisamment riche pour toucher à d’autres choses qui me
nourrissent. Je suis heureux que ce soit comme ça. J’ai toujours gardé des
cloisons très étanches entre tout et ça tout à coup, là, pour une fois, je ne sais
pas si c’est une forme d’avancée dans la vie, de maturité ou quelque chose comme
ça, mais je me suis dit « tiens, si on abattait une fois les barrières pour voir ce
qu’on arrive à faire quand on se sert des deux au service d’un même but » ?

Marc : Et justement,
alors, par rapport au
visuel qui enveloppe tes
disques, est-ce que tu
imagines un jour de le
confier à un tiers, ou
est-ce que c’est une
partie si importante et
si personnelle de ton
travail que tu ne la
confierais à personne
d’autre ?

N.W : Je crois que
c’est une occasion dont il faut se servir si on peut le faire pour communiquer plus précisément cette notion d’univers, d’un truc personnel, moi je suis très content de le faire. Ca ne me semble pas impossible de la confier à quelqu’un d’autre, mais c’est quelque chose que j’ai beaucoup de plaisir à faire, que je suis très content de faire, et qui à mon avis, va dans le sens de définir quelque chose qui est une certaine personnalité - sans employer de formule, de gimmick - mais simplement en laissant parler les mains, un peu….
Marc : Ce sont les mêmes sentiments que tu véhicules par ta musique et par l’art graphique ?

N.W : J’espère oui, j’espère que c’est bien la même chose.
Marc : Ca fait partie de la même personne en tout cas. Ca émane de toi, mais tu vois ça dans la même optique finalement ?



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N.W : C'est-à-dire que c’est le même travail. Prenons le blues en tant que phénomène culturel, il s’exprime effectivement dans la musique, mais il s’exprime aussi à travers plein d’autres vecteurs et la manière dont les maisons sont construites, il y a aussi toute une peinture qui est cohérente avec ce monde-là, la forme par laquelle une culture s’exprime, elle n’est jamais unique, et puis elle n’a pas de raison d’avoir un monopole. Si on peut utiliser différents outils pour communiquer une même chose, on avance.
Marc : Tout le monde n’y est pas amené, tout le monde n’est pas apte à le faire. Quand on peut, allons-y, effectivement.
N.W : Ca s’apprend, il n’y a rien qui tombe du ciel. Ce sont les moyens qu’il faut se donner.

Marc : Il y a une part de don qu’il ne faut pas négliger.
N.W Je ne crois pas, moi. Je crois que c’est du travail, de la sueur. Je ne crois pas du tout au don.
Marc : A propos des étiquettes, il y a une citation de toi que j’ai retrouvée dans
ta com que j’aime bien. Tu écris « les étiquettes, c’est un poison pour la
curiosité » et tu ajoutes quelque chose d’un petit peu outrancier, « Si je tombais sur un type qui a mon parcours et qui se bombarde bluesman, j’aurais même pas envie de l’écouter ». En fait, tu ne te qualifies pas de bluesman, c’est entendu, mais les gens aiment appeler un chat un chat alors, quelle description colle le mieux à ta personnalité musicale ? On a déjà beaucoup appris avec cette interview mais, en deux mots, c’est pas possible, si j’ai bien suivi ?...

N.W : J’espère que ce n’est pas possible de le résumer, ou en tout cas ça me parait très dangereux de le résumer à peu de choses, mais s’il faut ne pas éviter la question, ne pas noyer le poisson, moi, je suis un fabricant, un artisan, un type à l’établi qui fabrique des trucs et qui les propose.
Marc : Et tu te dis aussi plus fortement influencé par des écrivains que par des musiciens, tu te dis plus intéressé par l’évolution, le passage, plutôt la métamorphose des cultures, qu’elles soient musicales, pourquoi pas religieuses ou culturelles, que par la technique. On met ça en balance avec la technique de l’autre côté. Pourtant ta musique s’appuie entre autres sur une technique guitaristique que je qualifierais d’irréprochable. Je vais prendre un raccourci sans doute osé… Est-ce à dire que la connaissance peut transcender le mouvement des doigts sur un manche de guitare ?


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N.W : Ah oui, ça doit venir d’ailleurs.
La technique, c’est quelque chose
d’extrêmement important. Il faut
passer beaucoup beaucoup d’heures à
l’assimiler, mais ce n’est jamais qu’un
outil et cet outil, s’il est au service de
rien, ça s’appelle de la gymnastique. Ca
s’appelle du sport et moi, ça ne
m’intéresse pas d’être un sportif de la
phalange. Moi je veux mettre ça au
service de quelque chose. C’est la
question du sens. Il peut y avoir 120
notes à la seconde, qui sont
extrêmement chargées, 120 notes à la
seconde qui sont extrêmement vides et
une seule note qui est extrêmement
chargée ou extrêmement vide et ce qui
est intéressant, c’est « qu’est-ce que
ça va raconter », c’est « de quoi on parle » et ce que l’on transporte. Ce qui m’intéresse, c’est la question du transport. Le moyen de transport, c’est anecdotique. Les doigts et la technique, c’est quelque chose qui est une forme de prestation de service.

Marc : Oui, là, tu rejoins tout à fait une phrase célèbre de B.B. KING qui confie toujours à ceux qui lui demandent des conseils « Ne jouez aucune note qui ne soit pas indispensable ».

N.W : Oui, c’est tout à fait ça. C’est Marc Ribot, aussi, qui dit qu’il refuse de donner des leçons de guitare parce que tout ce que les gens veulent savoir c’est « quelle note faut-il jouer ? » la réponse est « Ben, je ne sais pas, il y en a 12, fais en une des douze ». C’est égal, la question n’est simplement pas celle-là. La technique n’est pas à mépriser, c’est quelque chose qui m’a demandé beaucoup de travail, mais ce n’est pas la question.

Marc : N.W, j’ai encore quelques questions à te poser, sur l’avenir. Parce qu’on n’envisage pas l’avenir sans un bon rétroviseur tout de même, alors est-ce que tu as des disques de chevet ? Et surtout, est-ce qu’ils sont les mêmes qu’il y a 10 ans, par exemple ?





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N.W : Ah oui, les trucs fondamentaux qui me touchent, les trucs qui m’ont touché, y a pas tellement de raisons que ça ne me touche plus. Si on prend le terme de disque de chevet pour répondre à la question, j’ai quelques disques de chevet effectivement, et ceux là ne bougent pas. Je les écoute d’ailleurs pas si souvent que ça, mais ils sont bien là. Ils me nourrissent encore.

Marc : Quelques autres considérations un peu plus prosaïques. J’ai appris que « Mud and Grace » , cet album que tu sors actuellement, allait connaître en 2010 une distribution chez Dixiefrog via Harmonia Mundi. Philippe Langlois a parait-il complètement craqué pour ton parcours et ton album. J’imagine que ça a dû faire monter en toi un certain nombre de sentiments divers. Lesquels ?
N.W : C’était avant tout très très intéressant parce que j’ai toujours cru à
cette manière-là de faire. Effectivement, Dixiefrog, ce sera dans le courant de
l’année, mais il va publier le disque physiquement, ce qui n’était pas du tout mon
intention au départ et puis, ce qui est très très beau là-dedans, et qui me touche
énormément, c’est que c’est une démarche de LEUR part. Moi, je n’ai rien envoyé
ni à Dixiefrog ni à personne dans cette intention-là, c’est eux qui sont tombés
sur le truc et qui sont venus à moi pour poser la question : « J’aimerais bien
publier ce truc, qu’est-ce qu’on peut faire ? » et je pense qu’il y a une justesse à
ça qui me touche beaucoup parce que c’est 20 ans d’efforts, de bons efforts -
c’est très agréable à faire, hein ? Mais c’est quand même des efforts - mais 20
ans de travail acharné, pour arriver à ce qu’un jour, ce ne soit pas toi qui doive
aller à la montagne, mais la montagne qui vienne à toi. Comme ça devrait se
passer. Et dans une industrie du disque qui est en plein remaniement et qui
souffre beaucoup, je trouve que c’est très rassurant que des choses comme ça
puissent encore se passer et qu’une maison de disque puisse te dire « ben ça j’ai
trouvé que c’était intéressant et j’aimerais en faire quelque chose ».

Marc : Oui, de toute façon, Dixiefrog, ce n’est pas une maison de disques comme les autres. Je crois que la personnalité de Philippe Langlois, sa personnalité de passionné non calculateur y est forcément pour plus de 99% en tout cas. Si on devait sélectionner un album de N.W, duquel aimerais-tu que les gens se souviennent le plus… on va dire pour la postérité ?

N.W : Je ne sais pas quelle pourrait être ma place dans la postérité. Ca ne
m’appartient pas et quand on fait des albums, on les fait pour les laisser partir,
les laisser s’en aller vivre leur vie. Je pense que le plus important, c’est que si les
gens se rappellent d’un album, c’est parce qu’il les a touchés. C’est à eux que ça
appartient. Je crois qu’à moi, ce n’est pas très important. Je n’ai jamais réécouté



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mes albums précédents. Ils appartiennent aux gens, et c’est à eux d’en faire ce qu’ils ont envie. Qu’ils choisissent eux-mêmes.

Marc : Qu’est-ce que tu souhaites laisser comme empreinte de ton passage sur cette planète, finalement ?

N.W : Ca, c’est une large question. Moi, j’ai fabriqué des trucs et j’ai essayé de
les donner aux gens. Là on est dans le fantasme. Si on pouvait rêver sans limites
et sans y mettre de réalisme, ce que j’aimerais si je pouvais définir ça, ce serait
que les gens qui m’ont consacré un peu de leur attention et un peu de leur temps
ne se soient pas emmerdés. Voilà, s’il pouvait rester ça, ce serait merveilleux.

Marc : D’accord, sages paroles. Pour
terminer, plus prosaïquement, quels
sont tes projets immédiats ? La
scène ? Il y a quelques dates
j’imagine de prévues déjà pour ce
début 2010 ? Le printemps ? L’été ?
Des festivals ?...
N.W : Ben pas vraiment avec
Washington parce que, encore une
fois, je suis de moins en moins
acharné à amener ma musique sur
scène. A mesure que j’avance dans
ce travail et que je maîtrise un peu
mieux le sujet, j’arrive à des choses
qui ressemblent de plus en plus à ce
que je porte en moi et qui
deviennent par conséquent de plus
en plus intimes. Ca me donne
quelques difficultés à aller les mettre devant les gens je pense. Ca devient très
très intime et très très impudique et je suis beaucoup moins acharné qu’avant à
l’idée d’aller passer mes week-ends et ma vie sur l’autoroute. Je l’ai vraiment
beaucoup fait et ça va. Je n’en ai pas besoin en terme d’égo pour me sentir
important ou quoi que ce soit. J’ai adopté une position assez réaliste par rapport
à ce que je fais. Je ne suis pas très énervé pour ce qui est de la scène vis-à-vis
du boulot de Washington. Je suis par contre toujours aussi enthousiaste à l’idée
d’aller sur scène avec les Blind Boys qui est un bon band de scène qui est fait
pour ça et qui ne nécessite pas qu’on en fasse une version un peu simplifiée, un
peu édulcorée. Moi, mon travail de disque, je ne vois pas très bien comment je


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pourrais l’amener efficacement sur scène sans que ce soit une histoire de gros moyens.

Marc : La scène qui est finalement toujours un endroit privilégié du partage en direct avec le public et donc, avec ton groupe davantage qu’avec ta formation en solo. On va retenir ça, alors ?...

N.W : Oui, c’est ça. Il faut aussi se rendre compte qu’il n’y a pas une énorme
demande de la part du public pour des concerts du genre de musique que je fais.
S’il y avait une demande importante, j’y répondrais bien sur. Il n’y a pas une
volonté de se distancer du public. Je fais de la musique pour les gens mais
réalistement, moi je n’aime pas me mettre dans la position du solliciteur et ça ne
m’intéresse pas de forcer des tournées là où il n’est pas nécessaire d’en faire.

Marc : D’accord. Eh bien Napoléon Washington, grand merci pour cette longue
interview où tu as pu te livrer, je pense. Ca m’a fait vraiment très chaud au cœur
en tout cas de faire découvrir ça aux auditeurs, et on va poursuivre avec un
troisième extrait de cet album. Je souhaite longue vie à l’album dans sa version
WEB et puis plus tard, je ne sais pas, mai, juin, en distribution « physique ».

N.W : Merci beaucoup.

Marc : Merci encore et à très bientôt ! Au revoir.

N.W : Au revoir.
Propos tenus au téléphone durant Sweet Home Chicago n°789 le 23 janvier 2010,
retranscrits par Marie Harlein et Eric Van Royen. L’écoute de l’émission intégrale
est disponible sur le Podcast : http://podcast.radio666.com/shc
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