Jack Owens
+3
Devil's Slide
Gillou
Eldoro
7 participants
Page 1 sur 1
Jack Owens
Jack Owens
Le jeudi 13 février 1997, environ cent personnes sont présente dans l'"Old Liberty Missionary Baptist Church" à Bentonia au Mississippi. Ils sont venus pour l'enterrement de Jack Owens qui avait disparu quatre jours plus tôt dans un hôpital de ville de Yazoo à l'âge de 92 ans. Certains sont venus pour marquer le décès de "M. Jack", le fermier d'en bas de la route qui a joué les blues d'autrefois sur son porche pour des visiteurs du monde entier. D'autres sont venus pour dire adieu à un ami qui une bonne partie du siècle dernier leur a fourni une évasion dans les difficultés de la vie sous forme de parties dans les juke joint le week-end. D'autres encore sont venus pour marquer leurs respects à un des derniers liens de la survivance aux racines de la musique noire américaine.
Jack Owens a été fermier toute sa vie dans la petite ville de Bentonia, courant de juke joint les week-ends, animant les barbecues et vendant son whiskey blanc fait maison.
_Quand j'étais vrai jeune, j'avais l'habitude d'entendre les jeunes types parler qu'ils étaient allé jusqu'à "Jack Owens'place" raconte Dorothy Burrell une habitante de Bentonia.
"Jack Owens' place" était le salon de sa petite maison, dégagé des meubles et avec un trou perforé dans le mur par lequel la nourriture et la boisson étaient servies de la cuisine. La fête commençait le vendredi soir, se poursuivait souvent jusque dimanche soir, et comportait des joueurs locaux de blues comme Henry Stuckey et Skip James. Parfois Owens lui-même jouait pour les danseurs, appuyant le rythme moteur de ses lignes de basses "thumbpicked" avec le lourd martellement de son pied.
Excepté le vacarme occasionnel du week-end réglé directement par Owens et son pistolet, il a mené une vie relativement tranquille. Il n'a jamais senti la nécessité de quitter son Bentonia natal, il était très apprécié dans la communauté et s'était taillé là une place confortable. À la différence de Skip James également de Bentonia, qui a voyagé et a vécu à travers tout le sud, Owens n'a jamais eu l'occasion d'être découvert par un découvreur de talent comme H.C. Spier, dont l'audition de James à Jackson l'a mené à une session d'enregistrement pour Paramount en 1931 qui lui a valu 18 faces remarquables.
Le nom légal de Jack Owens était L.F. Nelson, bien que ceci n'ait pas été largement connu jusqu'à son enterrement. Effectivement personne, pas même Owens ni ses trois sœurs survivantes, ne se rappelle ce que signifie les initiales "L.F".
_J'ai su qu'il était Nelson, se souvient encore Dorothy Burrell, mais tout le monde l'a connu comme Jack Owens parce qu'il a été élevé par la famille Owens.
Owens est né à Celia le 17 novembre 1904. Son père, dont le nom de famille de était Nelson, s'est enfui du domicile conjugal quand Jack avait cinq ou six ans. Jack a grandit dans la famille dirigé par son grand père Samuel Owens.
Un recensement de 1910 énumère les enfants du ménage comme; Savannah, Will, Lonnie, Jack (de manière erronée nommé "Nelson Owens"), Leonard (nommé "Lennon"), Pearlee, Lucy et Willie. Leonard et Pearlee sont cités comme ayant le nom de famille de Nelson. Au moins deux autres enfants sont nés après ce recensement de 1910, ses soeurs Lee Esther et Viola, qui avec Willie, vivaient toujours en 1997.
Enfant, Owens a appris à jouer du fifre et très jeune il commence à gratter les cordes sur la guitare de son père et de son oncle. Il a également appris un peu le piano et le violon un certain temps, bien que la guitare soit devenue son instrument principal.
En 1966, le musicologue folklorique David Evans a interviewé le chanteur de blues Cornelius Bright de Bentonian, dont Evans avait entendu parler à propos de Skip James. Une nuit, Bright emmène Evans à la rencontre de Jack Owens, et Evans n'était pas préparé pour ce qu'il était sur le point d'entendre. Le jeu d'Owens a rappelé celui de Skip James, mais avec une rusticité tranchante absente chez James d'un style plus sensible. Owens était également un chanteur plus puissant qui n'utilisaient pas beaucoup le falsetto que James a favorisé. Enthousiasmé de sa découverte, Evans a commencé une série d'enregistrements qui deviendront le document musical d'Owens pour la décennie suivante et plus.
Une poignée de titres de ces enregistrements sont sortit sur divers albums de compilation de blues, mais en 1971 un album complet d'Owens est paru, (avec Bud Spires à harmonica) sur le label testament. Ces morceaux, plus quelques enregistrements non émis, ont été réédité en 1995 sur CD.
À la différence du Skip James, qui a considéré son propre jeu comme être l'art de la musique prévu pour l'écoute attentive, Owens a créé la musique qui était bien adaptée pour la danse et la boisson. Les deux hommes ont partagé un répertoire commun tant dans les textes, les mélodies et les lignes de guitare, mais la tonalité globale de leur musique est considérablement différente.
Jack Owens était peut-être la plus solide incarnation vivante d'une tradition musicale mais étouffé par le vacarme actuel de l'industrie du spectacle. Avec sa mort nous avons perdu un des derniers maillons qui nous raccordait au temps et à l'âme du blues.
Le jeudi 13 février 1997, environ cent personnes sont présente dans l'"Old Liberty Missionary Baptist Church" à Bentonia au Mississippi. Ils sont venus pour l'enterrement de Jack Owens qui avait disparu quatre jours plus tôt dans un hôpital de ville de Yazoo à l'âge de 92 ans. Certains sont venus pour marquer le décès de "M. Jack", le fermier d'en bas de la route qui a joué les blues d'autrefois sur son porche pour des visiteurs du monde entier. D'autres sont venus pour dire adieu à un ami qui une bonne partie du siècle dernier leur a fourni une évasion dans les difficultés de la vie sous forme de parties dans les juke joint le week-end. D'autres encore sont venus pour marquer leurs respects à un des derniers liens de la survivance aux racines de la musique noire américaine.
Jack Owens a été fermier toute sa vie dans la petite ville de Bentonia, courant de juke joint les week-ends, animant les barbecues et vendant son whiskey blanc fait maison.
_Quand j'étais vrai jeune, j'avais l'habitude d'entendre les jeunes types parler qu'ils étaient allé jusqu'à "Jack Owens'place" raconte Dorothy Burrell une habitante de Bentonia.
"Jack Owens' place" était le salon de sa petite maison, dégagé des meubles et avec un trou perforé dans le mur par lequel la nourriture et la boisson étaient servies de la cuisine. La fête commençait le vendredi soir, se poursuivait souvent jusque dimanche soir, et comportait des joueurs locaux de blues comme Henry Stuckey et Skip James. Parfois Owens lui-même jouait pour les danseurs, appuyant le rythme moteur de ses lignes de basses "thumbpicked" avec le lourd martellement de son pied.
Excepté le vacarme occasionnel du week-end réglé directement par Owens et son pistolet, il a mené une vie relativement tranquille. Il n'a jamais senti la nécessité de quitter son Bentonia natal, il était très apprécié dans la communauté et s'était taillé là une place confortable. À la différence de Skip James également de Bentonia, qui a voyagé et a vécu à travers tout le sud, Owens n'a jamais eu l'occasion d'être découvert par un découvreur de talent comme H.C. Spier, dont l'audition de James à Jackson l'a mené à une session d'enregistrement pour Paramount en 1931 qui lui a valu 18 faces remarquables.
Le nom légal de Jack Owens était L.F. Nelson, bien que ceci n'ait pas été largement connu jusqu'à son enterrement. Effectivement personne, pas même Owens ni ses trois sœurs survivantes, ne se rappelle ce que signifie les initiales "L.F".
_J'ai su qu'il était Nelson, se souvient encore Dorothy Burrell, mais tout le monde l'a connu comme Jack Owens parce qu'il a été élevé par la famille Owens.
Owens est né à Celia le 17 novembre 1904. Son père, dont le nom de famille de était Nelson, s'est enfui du domicile conjugal quand Jack avait cinq ou six ans. Jack a grandit dans la famille dirigé par son grand père Samuel Owens.
Un recensement de 1910 énumère les enfants du ménage comme; Savannah, Will, Lonnie, Jack (de manière erronée nommé "Nelson Owens"), Leonard (nommé "Lennon"), Pearlee, Lucy et Willie. Leonard et Pearlee sont cités comme ayant le nom de famille de Nelson. Au moins deux autres enfants sont nés après ce recensement de 1910, ses soeurs Lee Esther et Viola, qui avec Willie, vivaient toujours en 1997.
Enfant, Owens a appris à jouer du fifre et très jeune il commence à gratter les cordes sur la guitare de son père et de son oncle. Il a également appris un peu le piano et le violon un certain temps, bien que la guitare soit devenue son instrument principal.
En 1966, le musicologue folklorique David Evans a interviewé le chanteur de blues Cornelius Bright de Bentonian, dont Evans avait entendu parler à propos de Skip James. Une nuit, Bright emmène Evans à la rencontre de Jack Owens, et Evans n'était pas préparé pour ce qu'il était sur le point d'entendre. Le jeu d'Owens a rappelé celui de Skip James, mais avec une rusticité tranchante absente chez James d'un style plus sensible. Owens était également un chanteur plus puissant qui n'utilisaient pas beaucoup le falsetto que James a favorisé. Enthousiasmé de sa découverte, Evans a commencé une série d'enregistrements qui deviendront le document musical d'Owens pour la décennie suivante et plus.
Une poignée de titres de ces enregistrements sont sortit sur divers albums de compilation de blues, mais en 1971 un album complet d'Owens est paru, (avec Bud Spires à harmonica) sur le label testament. Ces morceaux, plus quelques enregistrements non émis, ont été réédité en 1995 sur CD.
À la différence du Skip James, qui a considéré son propre jeu comme être l'art de la musique prévu pour l'écoute attentive, Owens a créé la musique qui était bien adaptée pour la danse et la boisson. Les deux hommes ont partagé un répertoire commun tant dans les textes, les mélodies et les lignes de guitare, mais la tonalité globale de leur musique est considérablement différente.
Jack Owens était peut-être la plus solide incarnation vivante d'une tradition musicale mais étouffé par le vacarme actuel de l'industrie du spectacle. Avec sa mort nous avons perdu un des derniers maillons qui nous raccordait au temps et à l'âme du blues.
Re: Jack Owens
interesting !
Jack Owens, le premier disque de Blues que j'ai jamais écouté, il était partagé entre lui et Eugene Powell...
j'avais emprunté 3 disques RL Burnside (Burnside on Burnside), Alain Michel & les Colporteurs et Jack Owens parce que sur la pochette y'avait marqué "les derniers géants du Mississippi Blues". ma rencontre personnelle avec le Delta Blues, depuis j'ai jamais arrêté d'en écouter !!
c'était celui ci :
un style assez proche de celui de Skip James parfois je trouve (en y repensant, je connaissais pas Skip James en ce temps la ha ha).
Jack Owens, le premier disque de Blues que j'ai jamais écouté, il était partagé entre lui et Eugene Powell...
j'avais emprunté 3 disques RL Burnside (Burnside on Burnside), Alain Michel & les Colporteurs et Jack Owens parce que sur la pochette y'avait marqué "les derniers géants du Mississippi Blues". ma rencontre personnelle avec le Delta Blues, depuis j'ai jamais arrêté d'en écouter !!
c'était celui ci :
un style assez proche de celui de Skip James parfois je trouve (en y repensant, je connaissais pas Skip James en ce temps la ha ha).
Re: Jack Owens
Voilà le point commun entre la Bretagne et le MississippiLa fête commençait le vendredi soir, se poursuivait souvent jusque dimanche soir,
Re: Jack Owens
Ah les fez noz d'Armorique !
Plus sérieusement, très belle bio OD et qui donne envie d'en savoir plus sur le personnage et son oeuvre.
Plus sérieusement, très belle bio OD et qui donne envie d'en savoir plus sur le personnage et son oeuvre.
Devil's Slide- Calembour ... bon
- Nombre de messages : 5284
Age : 65
Localisation : In the Deep South
Date d'inscription : 06/11/2007
Re: Jack Owens
merci OD pour cette biographie qui devrait rejoindre celles du site d'ici peu !
je l'avais découvert il y a une quinzaine d'années avec la compilation Bottleneck Blues où il joue un titre puis écouté après sur It Must Have Been the Devil avec Bud Spires (album introuvable à un prix abordable maintenant et que je n'avais malheureusement pas acheté à l'époque)
Effectivement sa voix haut perché fait irrésistiblement penser à Skip James
je l'avais découvert il y a une quinzaine d'années avec la compilation Bottleneck Blues où il joue un titre puis écouté après sur It Must Have Been the Devil avec Bud Spires (album introuvable à un prix abordable maintenant et que je n'avais malheureusement pas acheté à l'époque)
Effectivement sa voix haut perché fait irrésistiblement penser à Skip James
_________________
The blues are the roots
The rest are the fruits
http://aupaysdublues.free.fr/index.php
Re: Jack Owens
Je ch'ais pÛ ou que je l'ai trouvée celle-ci mais elle était dans mes favoris...
Invité- Invité
Re: Jack Owens
It Must Have Been The Devil, LA chanson qui me fout le plus les boules!
La rage dans sa voix fait peur.
La rage dans sa voix fait peur.
Deltaboy- At The Crossroad
- Nombre de messages : 67
Date d'inscription : 10/10/2012
Re: Jack Owens
Je viens justement de réécouter le compact 'It must have been the devil ' de Jack Owens (Testament records – réédition CD 1995), enregistré par David Evans à Bentonia-Miss. en Sept 1970), avec la participation de Benjamin 'Bud' Spires (fils du Chicago bluesman Arthur 'Big Boy' Spires) à l'harmonica .
Même ressenti à chaque nouvelle lecture : quelle voix chez Owens, toujours aussi poignante!
Et c'est l'occasion d'achalander son topic en vidéo musicales, beaucoup plus nombreuses aujourd'hui qu'à l'époque où Odé créa le sujet.
A noter que la réédition CD comporte également un court instrumental inédit, ' Nothin' but notes', où Jack Owens développe ses talents de fin guitariste.
Même ressenti à chaque nouvelle lecture : quelle voix chez Owens, toujours aussi poignante!
Et c'est l'occasion d'achalander son topic en vidéo musicales, beaucoup plus nombreuses aujourd'hui qu'à l'époque où Odé créa le sujet.
A noter que la réédition CD comporte également un court instrumental inédit, ' Nothin' but notes', où Jack Owens développe ses talents de fin guitariste.
Flovia- The voice of Bluesland
- Nombre de messages : 7510
Age : 66
Localisation : Dordogne
Date d'inscription : 19/03/2009
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|
Dim 28 Avr 2024 - 10:43 par tiludog
» ce que vous écoutez en ce moment!
Sam 9 Mar 2024 - 16:48 par Hoochie
» blues,what else?
Mer 20 Déc 2023 - 14:46 par Gallaguerre
» Unlimited Blues Time
Mar 5 Déc 2023 - 14:35 par Jipes
» Jimi Hendrix
Mer 15 Nov 2023 - 4:36 par fred-51
» blues au slide et wha wha
Lun 13 Nov 2023 - 20:06 par Mirage3
» SOME DROPS OF WATER
Jeu 2 Nov 2023 - 8:49 par Pierre-Emmanuel GILLET
» Clarence 'Guitar' Sims, aka Fillmore Slim
Jeu 21 Sep 2023 - 11:01 par rapido1
» Festival Mécleuves Terre de Blues 01 et 02 09/2023
Dim 20 Aoû 2023 - 23:14 par Jipes