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Bobby Rush – Rawer than raw (2020)

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08112020

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Bobby Rush – Rawer than raw (2020)

Bobby Rush – Rawer than raw (2020) B_rush10

Date de sortie: 28 Août 2020
Label : Deep Rush records
Genre : Mississippi blues acoustique

Liste des titres :

01- Down in Mississippi
02- Hard times
03- Let me in your house
04- Smokestack lightning
05- Sometimes I wonder
06- Shake it for me
07- Don't start me talkin'
08- Let's make love again
09- Honey bee, sail on
10- Garbage man
11- Dust my broom

Personnel :

Bobby Rush/ guitare, harmonica, chant, battements de pied rythmiques

Mixé par Randy Everett, et produit par Bobby Rush, l'album comprend 6 reprises, respectivement de Skip James (n°2),  Willie Dixon (n°3), Howlin' Wolf (n°4),  Willie Dixon (n°5) Sonny Boy Williamson II (n°7), Robert Johnson (n°11), et une adaptation du titre de Bumble Bee Slim, ''traditionnel'' versé au domaine publique (n°9)


L'album fait logiquement suite à 'Raw', opus de 2006 que Rush enregistra majoritairement en acoustique.

Album complet :


ou bien titre par titre,

Down in Mississippi


Hard times


Let me in your house


Smokestack lightning


Sometimes I wonder


Shake it for me


Don't start me talkin'


Let's make love again


Honey bee, sail on


Garbage man


Dust my broom
Flovia
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Bobby Rush – Rawer than raw (2020) :: Commentaires

Jipem

Message Dim 8 Nov 2020 - 21:35 par Jipem

Merci Flovia pour cette présentation Wink Album très intéressant et je ne te cache pas que je me suis attardé sur le dernier morceau : Dust my broom standard vraiment bien interprété avec beaucoup de personnalité. Pas évident de repasser sur un morceau joué par presque tout le monde.

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Flovia

Message Lun 9 Nov 2020 - 10:43 par Flovia

Ah oui! A ce sujet mon avis rejoint le tien, Jipem.
Et en dépit de certaines réserves personnelles d'ordre, disons ...éthiques, l'album est d'ailleurs intégralement très réussi.

Le plus surprenant dans cet exercice, c'est que Bobby Rush se révèle, du moins à l'oreille, tout à fait crédible en vétéran du blues, jouant l'idiome en acoustique sur le perron de sa cabane, au fin fond du Mississippi.
Alors, s'agit-il chez lui d'un véritable talent mimétique, dans la mesure où, rappelons-le au passage, cet artiste fut connu il n'y a encore pas si longtemps non seulement pour sa nette tendance à la provocation ''on stage'' mais aussi pour son répertoire plutôt funk/r'n'b/ soul (et même disco !) que blues ? Ou bien a-t-on affaire à un réel retour aux fondamentaux musicaux, fruit d'une sage et louable introspection, l'âge venant ?
Artifice ou pas, sincérité de la démarche ou l'inverse, voire opportuniste de bon aloi, Rush sonne, quoi qu'il en soit, remarquablement downhome.

Aussi, chapeau bas à cet artiste de 83 ans (?) qui ne m'avait jusqu'ici rien moins qu'enthousiasmée.

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Jipes

Message Lun 9 Nov 2020 - 14:55 par Jipes

Bobby a confié qu'il avait été très surpris par les réactions des puristes du Blues en Europe qui à l'instar de leur accueil de SRV à Montreux trouvait son Blues imprégné de Soul Sudite parfois salace et funky complètement sacrilège. A sa grande surprise le simple fait de jouer en acoustique et avec une orchestration dépouillé lui a valut bien plus de succès par chez nous du coup en businessman avéré il a sût se réinventer. Pour moi il n'y a pas de honte à ca d'autant plus qu'il sonne vraiment authentique

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BAYOU

Message Lun 9 Nov 2020 - 15:36 par BAYOU

C'est vrai que le show de 2019 à Romorantin, n'avait pas grand chose à voir avec le blues, c'était surtout une revue funk/soul. Pas vraiment salace, car Bobby met beaucoup de dérision dans ses gestes et ses propos.
Pour avoir discuté après le show beaucoup de spectateurs n'avait pas aimé.
Pour en revenir à cet album, la pochette me gêne un peu, cela fait bien longtemps que Bobby est plus business man que fermier.
Après, je garde une image très forte de lui. Quand il a visité le Musée du Blues, il a regardé le livre FREEDOM qui contient de nombreux clichés de la ségrégation. Il est resté prostré, recueilli devant les photos pendant plusieurs minutes, et son émotion n'était pas feinte. Et il a murmuré j'ai été ce genre de gars dans les champs.

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Jipes

Message Lun 9 Nov 2020 - 16:01 par Jipes

De toute manière après avoir lu pas mal de bouquins écrits par ou sur la vie des noirs aux USA j'en suis venu à la conclusion que personne mieux qu'eux ne peuvent interpréter cette musique même si ce n'est pas leur répertoire favori mais le Blues résonen autrement plus puissament chez eux que chez n'imoprte lequel des autres musiciens

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Jipem

Message Lun 9 Nov 2020 - 17:47 par Jipem

Jipes a écrit:De toute manière après avoir lu pas mal de bouquins écrits par ou sur la vie des noirs aux USA j'en suis venu à la conclusion que personne mieux qu'eux ne peuvent interpréter cette musique même si ce n'est pas leur répertoire favori mais le Blues résonen autrement plus puissament chez eux que chez n'imoprte lequel des autres musiciens

Jipes, je te rejoins complètement dans tes propos et c'est un sentiment qui est devenu plus fort chez moi. Je te disais récemment que j'écoutais de plus en plus de blues mais que j'en jouais de moins en moins. J'évoque toujours les vieux bluesmen où le chant combiné à leur jeu de guitare est un tout indissociable. Rien à voir avec la nouvelle scène où ce sentiment d'expression est effacé par des virtuosités de guitaristes sans sincérité dont c'est devenu le fond de commerce. Bien entendu mes propos n'engagent que moi.

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Phil cotton color

Message Ven 13 Nov 2020 - 10:40 par Phil cotton color

Je n’avais pas vu ce topic sur ce nouvel opus de Bobby Rush. Je rejoins bien sûr les avis de tout le monde sur la qualité de cet enregistrement.

Après, concernant le problème de l’authenticité de la démarche soulevé par Flo, je crois qu’il faut éviter de juger Bobby Rush uniquement en regard de ses productions habituelles et de ses prestations scéniques, et surtout à l’aune de nos valeurs et de notre façon de penser européenne, qui sont bien loin de celles des afro-américains et de la réalité de leur vie quotidienne, surtout dans le sud des USA.

Alors bien sûr, Bobby Rush ne peut pas être comparé à des bluesmen du Mississippi qui n’ont jamais quitté leur petite ville et y ont développé leur musique depuis toujours, mais quelque part il est aussi authentique qu’eux, même s’il évolue depuis longtemps dans un tout autre contexte. Il a musicalement exactement les mêmes bases, connait et vit le blues autant qu’eux. Un blues au quotidien un peu différent peut-être, mais tout aussi réel et authentique. Et si la vie et une ambition personnelle l’ont conduit (à l’instar de BB King par exemple) vers d’autres contrées géographiques et musicales, il n’en demeure pas moins un gars du sud, ancré dans sa communauté de toujours.

A ce propos, je vous recommande vivement de voir ou revoir l’excellentissime film de Richard Pearce et Robert Kenner « La route de Memphis » dans la série « The Blues » de Martin Scorcese, où Bobby Rush apparaît longuement tout au long en fil rouge, et où l’on peut vraiment mesurer l’authenticité de l’homme dans sa complexité et ses (apparentes) contradictions, mais qui sont aussi celles de l’ensemble des gens de sa communauté.

On le voit ainsi arpenter le chitlin’ circuit dans un combat quotidien pour vivre de sa musique, donner chaque soir aux spectateurs le spectacle qu’ils attendent et qui leur fait oublier leur vie pas toujours rose, mais toujours avec beaucoup de recul. Ainsi, comme le note Bayou, l’aspect très sexuel de ses prestations qui, paradoxalement pour nous européens blancs, plait particulièrement à la gente féminine de ces clubs, hé oui ! (c’est évident dans le film).

Mais on voit également un musicien qui ne manque pas une occasion de jouer du vieux blues, juste pour le plaisir, et qui le ressent profondément. Il se rend aussi le dimanche à l’église en assumant complètement sa contradiction, et où, ironie du sort, le preacher fait un véritable concert de musique profane, très proche de celle de Bobby Rush, la sexualité en moins, devant un auditoire tout aussi excité !

Alors oui, peut-être que le style de cet opus a été dicté peu ou prou par des considérations commerciales et carriéristes, et alors ? Bobby Rush a, c’est pour moi certain, pris un immense plaisir à le réaliser, et il est tout à fait légitime et authentique pour le faire. Et si ce n’était pas le cas, le résultat ne serait certainement pas aussi bon.

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Jipes

Message Ven 13 Nov 2020 - 11:44 par Jipes

Tout à fait sur la même longeuur d'onde que toi Phil, de toute facon les bluesmen noirs sont en général tous bercés au Gospel mais ca ne les empêche pas de chanter le Blues la musique du Diable. Son House disait toujours qu'il ne pouvait chanter que de la musique sacrée dans sa maison sinon il s'attirait les foudres de sa très croyante épouse ! Quand il jouait du Blues c'était sous le porche uniquement, c'est ce qu'avait confié John Mooney qui a été le disciple de Son House pendant des années.

Pour moi toutes ces musiques et j'y rajoute la Soul, sont une seule et même partie de leur culture ils passent donc allègrement de la Soul au BLues le plus rural voire au Gospel sans vraiment de problème et c'est tant mieux.

Concernant Bobby Rush il y a un chapitre dans le nouveau livre d'Eric Doidy qui lui est consacré et on comprend mieux comment toutes ces musiques sont entremélées avec simplicité.

Moi j'ai adoré cet album ainsi que son Porcupine Meat qui tire davantage vers la Sul Sudiste

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Flovia

Message Sam 14 Nov 2020 - 19:12 par Flovia

Jipes a écrit:Bobby a confié qu'il avait été très surpris par les réactions des puristes du Blues en Europe qui à l'instar de leur accueil de SRV à Montreux trouvait son Blues imprégné de Soul Sudite parfois salace et funky complètement sacrilège. A sa grande surprise le simple fait de jouer en acoustique et avec une orchestration dépouillé lui a valut bien plus de succès par chez nous du coup en businessman avéré il a sût se réinventer. Pour moi il n'y a pas de honte à ca d'autant plus qu'il sonne vraiment authentique

Evidemment non, JP. On peut juste, son parcours connu, s'interroger sur la sincérité d'une telle démarche, comme l'on pourrait remettre en cause celle d'une foultitude de bluesmen et de musiciens-chanteurs de soul ayant entamé leur carrière en mode électrique et qui ont un beau jour décidé d'enregistrer du blues en acoustique.
Mon indéfectible attachement au blues rural me porte à prêcher pour ma paroisse, c'est un fait, et pourtant j'ai l'impression que pour cette catégorie d'artistes, il s'agit-là d'une étape obligatoire leur permettant d'asseoir leur légitimité de bluesmen. A croire que non seulement le revival continue de produire ses effets mais encore que l'opinion du public européen pèsent toujours dans la balance.

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Flovia

Message Sam 14 Nov 2020 - 19:16 par Flovia

BAYOU a écrit:
Pour en revenir à cet album, la pochette me gêne un peu, cela fait bien longtemps que Bobby est plus business man que fermier.
Après, je garde une image très forte de lui. Quand il a visité le Musée du Blues, il a regardé le livre FREEDOM qui contient de nombreux clichés de la ségrégation. Il est resté prostré, recueilli devant les photos pendant plusieurs minutes, et son émotion n'était pas feinte. Et il a murmuré j'ai été ce genre de gars dans les champs.

En effet, l'image de cette pochette fait doucement rigoler, mais bah, en homme d'affaire averti, Bobby a joué à fond la carte de l'authenticité. Folko, et néanmoins de bonne guerre !
Toutefois, la symbolique du coq de basse-cour tentant d'amadouer ses poulettes (comparaison qui lui a peut-être échappé, à moins que son sens de la dérision n'atteigne ce degré ubiquité) elle, me parle davantage.

En revanche, que son émotion n'ait pas été feinte en feuilletant le livre que tu indiques, Michel, ça je le crois volontiers. Il a dû en voir et subir étant jeune...

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Flovia

Message Sam 14 Nov 2020 - 19:21 par Flovia

Jipes a écrit:De toute manière après avoir lu pas mal de bouquins écrits par ou sur la vie des noirs aux USA j'en suis venu à la conclusion que personne mieux qu'eux ne peuvent interpréter cette musique même si ce n'est pas leur répertoire favori mais le Blues résonen autrement plus puissament chez eux que chez n'imoprte lequel des autres musiciens

C'est aussi mon sentiment, et l'oreille suffit pour s'en convaincre.
Mais comment l'expliquer, puisque cette particularité afro-américaine semble se perpétuer de génération en génération?
L'idiome du blues se serait-il inscrit dans leurs gènes, comme un atavisme (pris dans le sens: hérédité psychologique), ou une sorte de mémoire physico-psychique du lourd héritage transmis par leurs ancêtres?

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Jipes

Message Sam 14 Nov 2020 - 20:54 par Jipes

Flovia a écrit:
Jipes a écrit:De toute manière après avoir lu pas mal de bouquins écrits par ou sur la vie des noirs aux USA j'en suis venu à la conclusion que personne mieux qu'eux ne peuvent interpréter cette musique même si ce n'est pas leur répertoire favori mais le Blues résonen autrement plus puissament chez eux que chez n'imoprte lequel des autres musiciens

C'est aussi mon sentiment, et l'oreille suffit pour s'en convaincre.
Mais comment l'expliquer, puisque cette particularité afro-américaine semble se perpétuer de génération en génération?
L'idiome du blues se serait-il inscrit dans leurs gènes, comme un atavisme (pris dans le sens: hérédité psychologique), ou une sorte de mémoire physico-psychique du lourd héritage transmis par leurs ancêtres?

J'ai eu l'immense chance d'accompagner lors d'une mini tournée en Suisse et en Allemagne Jon Mc Donald protégé de Lefty DIzz et qui est devenu par la suite le band leader de Magic Slim. Au cours de nos échanges nombreux (on était que 2 à parler couramment anglais) j'ai pût lui poser pas mal de questions et même les musiciens de sa génération (né dans la fin des 50's) ont vécu le même type de ségrégation et d'oppression qu'ont subit leurs parents et ancêtres même si c'était plus insidieux et plus disimulé sous un fin vernis.

Quand je lui demandais si cela avait changé il me confiait que non, quand on voit ses violences policières de notre époque on ne s'étonne plus que le blues coule dans leurs veines et soit inscrit au fer rouge sur leur peau et dans leurs coeurs.

Jamais je ne pourrai ressentir ça même si pourtant j'ai une grande compassion pour ce qu'ils vivent, après même si les petits blancs pauvres venus du Mississippi comme Charlie Musselwhite ressentent intensément ces sentiments mais je ne pense pas qu'ils puissent vraiment le vivre Embarassed

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Flovia

Message Sam 14 Nov 2020 - 21:06 par Flovia

Phil cotton color a écrit:Je n’avais pas vu ce topic sur ce nouvel opus de Bobby Rush. Je rejoins bien sûr les avis de tout le monde sur la qualité de cet enregistrement.

Après, concernant le problème de l’authenticité de la démarche soulevé par Flo, je crois qu’il faut éviter de juger Bobby Rush uniquement en regard de ses productions habituelles et de ses prestations scéniques, et surtout à l’aune de nos valeurs et de notre façon de penser européenne, qui sont bien loin de celles des afro-américains et de la réalité de leur vie quotidienne, surtout dans le sud des USA.

Alors bien sûr, Bobby Rush ne peut pas être comparé à des bluesmen du Mississippi qui n’ont jamais quitté leur petite ville et y ont développé leur musique depuis toujours, mais quelque part il est aussi authentique qu’eux, même s’il évolue depuis longtemps dans un tout autre contexte. Il a musicalement exactement les mêmes bases, connait et vit le blues autant qu’eux. Un blues au quotidien un peu différent peut-être, mais tout aussi réel et authentique. Et si la vie et une ambition personnelle l’ont conduit (à l’instar de BB King par exemple) vers d’autres contrées géographiques et musicales, il n’en demeure pas moins un gars du sud, ancré dans sa communauté de toujours.

A ce propos, je vous recommande vivement de voir ou revoir l’excellentissime film de Richard Pearce et Robert Kenner « La route de Memphis » dans la série « The Blues » de Martin Scorcese, où Bobby Rush apparaît longuement tout au long en fil rouge, et où l’on peut vraiment mesurer l’authenticité de l’homme dans sa complexité et ses (apparentes) contradictions, mais qui sont aussi celles de l’ensemble des gens de sa communauté.

Eh bien, vois-tu, Phil, question ''authenticité'', tel n'est pas le souvenir que je gardais de Rush dans ce film, aussi l'ai-je revisionné ce matin pour m'en assurer.

Alors bien sûr, le thème de cette série de documentaires produits par Scorsese étant le blues, les propos de Rush restent dans les clous du sujet. Dans son témoignage, maintes fois, il cite le terme ''Blues''... Mais dans la réalité de son quotidien, tel que décrit dans ce film, le blues est-il vraiment aussi présent ?
Mis à part quelques notes égrainées à l'harmonica dans son bus, les séquences de son show en sont exemptes.
Et ce n'est pas non plus Bobby Rush que l'on voit jouer ou chanter sur scène lors des Handy awards, bien qu'il assistât à cette cérémonie.
Dans les passages consacrés à BB King, qui intervient par ailleurs tout autant que Rush, celui-ci n'abuse pas autant du vocable et pourtant, il suinte le blues dans tous ses extraits musicaux.
Bien que BB ait lui-même beaucoup tourné et lui-aussi dû adapter sa musique aux goûts du public au fil des époques, l'asymétrie de leur trajectoire musicale respective, telles deux facettes bien distinctes du ''blues'', est assez bien rendue dans ce film, je trouve.

Et puis, quelle présomption, chez Rush, de prétendre bientôt acquérir la même notoriété que BB King!

Peut-être faut-il aussi se demander pour quelles raisons, BB King excepté, Bobby Rush, Rosco Gordon, Rufus Thomas et Ike Turner ont été privilégiés dans ce film. Pourquoi, parmi leurs contemporains, d'autres artistes n'ont-ils pas été interrogés?  
Bobby Blue Bland, Lee Shot Williams, Mighty Sam McClain, en particulier, eux aussi membres du chitlin' circuit, auraient été intéressants à entendre.
Sans doute ces derniers n'avaient-ils pas à ce point besoin de redorer leur blason?  
Dommage également que Little Milton, qui apparaît aussi, ne s'exprime pas davantage.

Quant y à retrouver ''l'authenticité de 'homme dans sa complexité et ses (apparentes) contradictions'', à mon sens, oui et non. Authentique dans sa façon de s'exprimer, en effet, il est plutôt ''cash'', mais dans sa démarche de bluesman, c'est une toute autre histoire. La sincérité d'une partie de ses propos m'a, une fois de plus, laissée franchement sceptique.
En revanche, concernant la complexité de sa personnalité et ses contradictions, je te rejoins totalement.

Phil cotton color a écrit:On le voit ainsi arpenter le chitlin’ circuit dans un combat quotidien pour vivre de sa musique, donner chaque soir aux spectateurs le spectacle qu’ils attendent et qui leur fait oublier leur vie pas toujours rose, mais toujours avec beaucoup de recul. Ainsi, comme le note Bayou, l’aspect très sexuel de ses prestations qui, paradoxalement pour nous européens blancs, plait particulièrement à la gente féminine de ces clubs, hé oui ! (c’est évident dans le film).

Voilà bien une réflexion de mec!... Même si cela paraît incontestable au visionnage du film.
Il ne faut toutefois pas omettre de spécifier que tous ces clubs et cabarets du chitlin' circuit sont essentiellement fréquentés par une communauté d'afro-américain(e)s  issu(e)s d'une classe moyenne, prompte à s'encanailler.  
Et je ne pense pas que l'ensemble de la population féminine de ce pays apprécierait autant de voir l'une de ses semblables remuer son impressionnant postérieur de manière aussi suggestive. Ni de voir Rush s'y coller pour en humer les effluves qu'il n'hésite, de surcroît, pas à faire bruiter par son trompettiste. Excuse-moi, mais ça ne saurait être une généralité.
Les afro-américaines que j'ai eu l'occasion de fréquenter (certes issues d'un autre milieu social), étaient en tout cas nettement plus stylées et discrète en matière de ''bagatelle''.
De même, je doute que BB King, qui lui-aussi a arpenté les routes à longueur de temps, ait utilisé ce genre de stratagème pour séduire son public. Albert King, pas davantage.


Phil cotton color a écrit:Mais on voit également un musicien qui ne manque pas une occasion de jouer du vieux blues, juste pour le plaisir, et qui le ressent profondément. Il se rend aussi le dimanche à l’église en assumant complètement sa contradiction, et où, ironie du sort, le preacher fait un véritable concert de musique profane, très proche de celle de Bobby Rush, la sexualité en moins, devant un auditoire tout aussi excité !

Euh... Dire que, dans ce film, Rush ne manque pas une occasion de jouer du vieux blues me paraît un tantinet exagéré. Les quelques traits d'harmo et les deux/trois mesures d'accords joués à la guitare dont il se fend devant la caméra ne méritent, à mon avis, pas le caractère usuel que tu leur prêtes.
Qu'il sache le jouer, aucun doute, ça s'entend d'ailleurs dans lesdits extraits.
Mais t'est-il venu à l'esprit, Phil, que, par souci de cohérence, il s'agisse-là d'une volonté du réalisateur. A savoir: venir renforcer les propos de Rush sur le ''blues''.
Concernant maintenant la contradiction entre jouer(/aimer entendre jouer) de la musique profane et se rendre à l'église le dimanche, ça n'est pas nouveau, en particulier au sein de la communauté afro-américaine. Une phrase m'est restée en tête à ce sujet, quelque chose comme : Satan est à nos côtés toute la semaine mais notre dimanche est réservé à Dieu.
J'y vois juste une façon de se laver de ses pêchers hebdomadaires, comme dans la plupart des religions, quoique d'une manière, ici un peu plus démonstrative et véhémente, j'en conviens.

Phil cotton color a écrit:Alors oui, peut-être que le style de cet opus a été dicté peu ou prou par des considérations commerciales et carriéristes, et alors ? Bobby Rush a, c’est pour moi certain, pris un immense plaisir à le réaliser, et il est tout à fait légitime et authentique pour le faire. Et si ce n’était pas le cas, le résultat ne serait certainement pas aussi bon.

Comme Michel le soulignait plus haut, Bobby Rush est avant tout un businessman et en tant que tel, il sait s'adapter aux modes, et saisir les opportunités pour mieux rebondir.
Toutes excellentes que soient les sessions de cet album, son plaisir et même sa légitimité (si tant est qu'on lui en trouve) à les enregistrer ne suffisent pas à me convaincre de la sincérité de sa démarche .
Personnellement, j'y croirai davantage lorsque je le verrai interpréter ces différents morceaux sur scène, guitare acoustique et harmonicas en mains .

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Flovia

Message Sam 14 Nov 2020 - 21:39 par Flovia

Jipes a écrit:
Flovia a écrit:
Jipes a écrit:De toute manière après avoir lu pas mal de bouquins écrits par ou sur la vie des noirs aux USA j'en suis venu à la conclusion que personne mieux qu'eux ne peuvent interpréter cette musique même si ce n'est pas leur répertoire favori mais le Blues résonen autrement plus puissament chez eux que chez n'imoprte lequel des autres musiciens

C'est aussi mon sentiment, et l'oreille suffit pour s'en convaincre.
Mais comment l'expliquer, puisque cette particularité afro-américaine semble se perpétuer de génération en génération?
L'idiome du blues se serait-il inscrit dans leurs gènes, comme un atavisme (pris dans le sens: hérédité psychologique), ou une sorte de mémoire physico-psychique du lourd héritage transmis par leurs ancêtres?

J'ai eu l'immense chance d'accompagner lors d'une mini tournée en Suisse et en Allemagne Jon Mc Donald protégé de Lefty DIzz et qui est devenu par la suite le band leader de Magic Slim. Au cours de nos échanges nombreux (on était que 2 à parler couramment anglais) j'ai pût lui poser pas mal de questions et même les musiciens de sa génération (né dans la fin des 50's) ont vécu le même type de ségrégation et d'oppression qu'ont subit leurs parents et ancêtres même si c'était plus insidieux et plus disimulé sous un fin vernis.

Quand je lui demandais si cela avait changé il me confiait que non, quand on voit ses violences policières de notre époque on ne s'étonne plus que le blues coule dans leurs veines et soit inscrit au fer rouge sur leur peau et dans leurs coeurs.

Jamais je ne pourrai ressentir ça même si pourtant j'ai une grande compassion pour ce qu'ils vivent, après même si les petits blancs pauvres venus du Mississippi comme Charlie Musselwhite ressentent intensément ces sentiments mais je ne pense pas qu'ils puissent vraiment le vivre Embarassed
Moi-aussi, JP. Et je pense que la plupart d'entre nous-autres européens sommes horrifiés par cette intolérable répression policière envers les noirs, outre-atlantique.
C'est d'ailleurs ce racisme hélas toujours très ancré dans la société américaine qui fut à l'origine de tant d'expatriations d'artistes afro-américains

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BAYOU

Message Dim 15 Nov 2020 - 10:33 par BAYOU

Charlie Musselwhite a vécu avec les noirs dans les mêmes quartiers. Il comprend mieux je crois leurs conditions de vie.
Mais, outre la répression policière, la ségrégation existe encore, diffuse, différente. Par exemple dans les bars "blancs" aucun noir ne consomme. Dans beaucoup de quartiers un noir qui arrive est "surveillé" et c'est pareil dans les quartiers noirs.
Je me souviens qu'à Hollandale tout les habitants noirs nous regardaient alors que nous ne faisions que passer en voiture. On ressent cela surtout dans le Mississippi et en Alabama.

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Jipes

Message Dim 15 Nov 2020 - 10:41 par Jipes

Autant dire qu'on est d'accord, le blues ne peut qu'être ressenti par tous les noirs américains et forcément même si certaines générations s'en sont éloignés parce qu'elle renvoie à leurs origines d'esclaves elle est indubitablement leurs racines et donc Bobby Rush tout comme les autres et surtout avec son talent peut parfaitement l'interpréter avec autant de justesse qu'un musicien du Delta qui n'a jamais rien vu d'autre que son lopin de terre du Mississippi

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BAYOU

Message Dim 15 Nov 2020 - 10:50 par BAYOU

Je dirais même plus. Le grand âge arrivant, je me rends compte que j'écoute de plus en plus de musiciens du Delta et de Chicago, en laissant de côté les Européens.
Au hasard Ana Popovic, Thorbjørn Risager... ont incontestablement du talent mais leur univers , est trop éloigné du blues à mon sens. C'est moins vrai pour les Anglais qui ont en commun la langue. C'est identique pour les français. Vincent Bucher, Paul Personne sont profondément ancrés dans le blues, mais on sent quand même une différence.

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