Vous me voyez aux anges de référencer ici-même le nouvel album d'un des dieux de mon panthéon blues personnel.
Avec cette voix inchangée et si caractéristique qui m'a littéralement fait fondre la première fois où je l'ai entendue, Jimmy Johnson demeure encore aujourd'hui tout aussi impressionnant de justesse au chant, et de fluidité à la guitare.
Et c'est toujours un pur délice de l'écouter.
Décidément, vous êtes magistral, Monsieur Thompson !

Pas emballé par l'album.
Le poids des ans pèse

Flovia a écrit:Vous me voyez aux anges de référencer ici-même le nouvel album d'un des dieux de mon panthéon blues personnel.
Avec cette voix inchangée et si caractéristique qui m'a littéralement fait fondre la première fois où je l'ai entendue, Jimmy Johnson demeure encore aujourd'hui tout aussi impressionnant de justesse au chant, et de fluidité à la guitare.
Et c'est toujours un pur délice de l'écouter.
Décidément, vous êtes magistral, Monsieur Thompson !

Je suis comme toi Flo je succombe dès que je l'entends chater et jouer de la guitare il a toujours fait partie de mes préférés et je le trouve plutôt sémillant pou son âge avancé. J'espère que Delmark me l'enverra pour la Radio

Bon allez, je sors de ma tanière   pour dire quelques mots sur cet opus d’un bluesman que j’ai toujours énormément apprécié, l’un de ceux qui m’a le plus fait vibrer, l’un des rares encore vivants en tout cas, même si parmi les jeunes qui s’expriment peu ou prou dans cet idiome, il y a aussi parfois de belles choses. Mais ce n’est pas exactement pareil, et notez bien que ce n’est pas non plus un reproche à ces jeunes…

Bien difficile de juger objectivement la production d’un artiste que l’on admire et qui a plus de 90 ans ! Bien sûr que l’on a tendance à être indulgent, et bien sûr aussi que son grand talent ne mérite justement pas que cette indulgence soit trop « coupable », et qu’on le traite comme n’importe quel artiste très moyen mais sympa, et que l’on ne veut pas accabler.
Cette généralité exprimée, je m’empresse de dire que dans ce cas précis de l’album de Jimmy Johnson, le dilemme n’aura pas été pour ma part très grand, tant il me semble que cet opus tient quand même bien la route !    
 
Alors bien entendu, si on le compare à certaines de ses productions passées, je rejoins Bayou pour considérer que c’est évidemment moins bon, mais il n’y a pas un gouffre non plus.  
C’est vrai, ce n’est certes pas un album qui va révolutionner le Blues, mais ça on s’y attendait quand même un peu. Les nouveaux morceaux sont tout à fait dans la veine « Blues teinté de Soul » habituelle de Jimmy, et les orchestrations et l’accompagnement sont très compétents sans être non plus très originaux. Il manque sans doute au tout un peu de « nerf » et de feeling d’ensemble, d’urgence aussi, toujours par rapport à ce que Jimmy a pu faire il y a quelques dizaines d’années. Mais là encore rien de catastrophique, et l’artiste lui-même en est-il totalement responsable ?

Là on en arrive vite aux capacités musicales actuelles de Jimmy Johnson. A-t-il tant perdu que ça ? A mon avis pas forcément, et c’est ça qui est vraiment étonnant à son âge. La voix est quasiment la même, aussi claire et vibrante, même si je sais bien que l’on peut désormais corriger beaucoup de choses en studio.
Alors c’est vrai, la guitare semble à première vue moins supporter le poids des ans. Certes « ça joue » encore, mais il est évident que les doigts sont un peu plus gourds, la vélocité moins grande, l’attaque moins précise et dynamique, les phrases un tantinet moins souples et maîtrisées, bref une guitare qui « chante » un peu moins. Mais bon il me semble cependant en bien meilleure forme que BB King durant ses dernières années.

Et puis il faut dire aussi que la prise de son ne l’avantage peut-être pas beaucoup. C’est du re-re (ça c’est courant), mais mixé un chouia trop en avant, ce qui donne encore plus l’impression de « plaqué » sur le reste. Et puis surtout, je soupçonne une fois de plus un enregistrement de guitare avec repiquage direct dans l’ampli, et non par un micro placé devant l’ampli. Alors évidemment le repiquage direct est bien plus confortable pour l’ingé-son, mais ça donne un son sans ampleur ni sustain, beaucoup plus « sec », qui nivelle les caractéristiques des guitares et des amplis, voire du jeu des guitaristes.  

Résultat, pour moi objectivement un opus très honorable, mais qui aurait pu être meilleur, de la part d’un grand bluesman, vieillard encore bien vert, et que j’aimerais tant revoir une dernière fois sur scène. Je crains que ce ne soit malheureusement plus possible, car s’il assure encore très bien dans les clubs de Chicago, je ne pense pas qu’il s’aventurera dans une nouvelle tournée européenne.

Dernière édition par Phil cotton color le Sam 16 Mai 2020 - 19:00, édité 1 fois

Très belle analyse l'ami

Merci à toi Phil. C'est toujours un plaisir de te lire.

Ah oui! On peut même dire que notre Phil s'est surpassé.  Ravie de te lire à nouveau, Phil!
En dehors de l'aspect technique, toujours très intéressant, que tu développes, je retiendrai pour ma part surtout ta prime impression, ou, disons plutôt, ton sentiment à fleur de peau.
Il me semble aussi que Jimmy Johnson fait encore preuve d'un singulier talent, s'agissant d'un bluesman de son âge.

Merci les ami(e)s !  

Ma longue période d'hibernation étant apparemment terminée, je devrais être de nouveau en mesure de fournir des contributions plus régulières au forum… Mais ne vous réjouissez pas trop, comme j'ai quand même pris pas mal de retard, il n'est pas exclu que je sois encore plus bavard qu'avant…