work-song
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work-song
Les "Work-songs" sont rattachés à deux grandes catégories : les chants utilisés comme accompagnement cadencé à une tâche et les chansons qui ont eu l'habitude de faire état d'un travail.
Utilisés par les ouvriers de tous les métiers dans le monde entier, les "Work-songs" varient du bourdonnement simple d'un ouvrier du bâtiment solitaire aux protestations politiques et sociales contre les conditions de travail ou la qualité de vie des ouvriers.
Des chants distinctifs existent pour différentes sortes de travail et dans différentes zones géographiques. Les "gayap" sont les chants du travail agricole traditionnel de Trinité ; les manœuvres japonais chantent le "min-yo" ; les ouvriers des coopératives de la République Dominicaine se rallient autour de la "pléna".
Pendant et après l'ère de l'esclavage, les ouvriers noirs américains ont développé un vaste répertoire de spirituals et, finalement, le blues, issu des plus vieilles traditions de "Work-songs". Rarement ces "Work-songs" été couchés par écrit, il y a 100 ans la majorité de ces travailleurs étaient analphabètes.
C'est bien les "Work-songs" des ouvriers noirs américains qui nous intéresse ici.
Les "Work-songs" chantés au travail sont d'habitude destinés à soulager l'ennui d'une tâche répétitive ou a augmenter l'efficacité en maintenant un rythme régulier. Ces chansons incorporent souvent des grognements, les gestes des ouvriers et les sons de leurs outils comme contrepoint. Les textes de ces chansons peuvent refléter la nature du travail (comme dans “mark twain quarter twain” des bateliers du Mississippi) ou raconter une histoire peu en rapport la tâche sauf dans son rythme (par ex., the shanty). L'arrivée des grosses machines a radicalement diminué l'utilisation des "Work-songs" au travail.
Le work-song présente en général un caractère lancinant et répétitif, et utilise souvent le principe du « call and response pattern » (structure d'appel et de réponse) : un soliste lance une formule à laquelle répond la collectivité. Le rythme peut être marqué par l'outil de travail (pioche, hache, marteau, etc.). Certains pionniers du blues comme Huddie Ledbetter (1889-1949) ont enregistré des work-songs sous leur forme ancienne.
Les ouvriers du secteur industriel américain au début du 20ème siècle se sont rassemblé autour de chansons appelant les ouvriers à l'action progressive. Les groupes d'immigrés, les ouvriers du textile et notamment le "Industrial Workers of the World organization", ou "Wobblies", ont de nombreuse fois crédités de telles chansons, souvent associées aux mouvements de gauche.
Re: work-song
Plus tard, les instruments de musique ont remplacé les outils justement en contrepoint pour donner naissance au blues. Canevas qu'on retrouve régulièrement dans cette musique.Old_Debris a écrit:
Les "Work-songs" chantés au travail sont d'habitude destinés à soulager l'ennui d'une tâche répétitive ou a augmenter l'efficacité en maintenant un rythme régulier. Ces chansons incorporent souvent des grognements, les gestes des ouvriers et les sons de leurs outils comme contrepoint.
Très instructif OD
Invité- Invité
Re: work-song
C'est passionnant ces histoires de work song. Merci Odé. Tu nous emmène là encore au coeur du truc je crois. Plus proche de notre mémoire culturelle, y a les questions réponses du trad breton, certains chants de marche et surtout les chants de marins... Il y a une très belle scène aussi dans En remontant le Mississipi, reportage français (cocorico) tourné aux US au début des seventies. On y voit des prisonniers, black en majorité, chanter une work song en grattant la terre.
Je trouve qu'il y a qque chose de basique et de très puissant qui se passe dans de tels moments. Sans parler de la force que peut y puiser tout groupe capable de s'offrir de tels remèdes.
Si chanter c'est thérapeutique, chanter ensemble, c'est de l'ordre de la thérapie de groupe. Ce qu'on ne sais plus faire depuis longtemps ici.
Je trouve qu'il y a qque chose de basique et de très puissant qui se passe dans de tels moments. Sans parler de la force que peut y puiser tout groupe capable de s'offrir de tels remèdes.
Si chanter c'est thérapeutique, chanter ensemble, c'est de l'ordre de la thérapie de groupe. Ce qu'on ne sais plus faire depuis longtemps ici.
T.Jiel- ça marche pô chez moi
- Nombre de messages : 3381
Age : 68
Localisation : Le Mans
Date d'inscription : 26/09/2008
Re: work-song
super important tout ça! dans la Caraïbe la tradition africaine a perduré: le travail en commun: par exemple en Haïti: la Coumbite.
Dans les mornes d'Haïti, c'est à travers le rythme que s'est transmise et perpétuée, sous des formes inédites, la tradition des sociétés de travail africaines. Ces groupements de paysans reposent sur des principes de réciprocité et d'égalité : on cultive la terre du prochain qui, à son tour, cultivera la vôtre. Le travail n'est pas payé mais échangé. Dans le cas de l'" escouade " haïtienne, huit cultivateurs travaillent ensemble toute l'année sur les terres respectives de chacun des membres ; chaque " compère " bénéficiant du travail de tous les autres un jour par semaine. C'est un système extrêmement égalitaire : celui qui commande l'escouade est le propriétaire du champ. La rotation des champs entraîne donc la rotation du " commandement " (qui n'est jamais autoritaire).
En assurant la synchronie des gestes, la cadence régulière des efforts, l'alignement chorégraphique des corps, le rythme produit la communauté fraternelle des paysans. Le fonctionnement des " coumbites ", " escouades ", " corvées " et autres sociétés de travail atteste l'importance du rythme dans l'institution et l'incorporation de la loi communautaire .
Cette tradition du travail dansé et chanté a pris dans le sud des Etats-Unis la forme des Worksongs, la matrice du Blues. Travailler ensemble, c'est épouser une pulsation collective, vibrer à l'unisson, communier en un même chant.
Dans l'esclavage ces chants de travail avaient évidemment plus un rôle d'"aide au travail", mais ensuite (après 1865 aux USA) ils ont retrouvé toute leur signification (sauf dans les fermes-prisons où l'esclavage continuait)
Dans les mornes d'Haïti, c'est à travers le rythme que s'est transmise et perpétuée, sous des formes inédites, la tradition des sociétés de travail africaines. Ces groupements de paysans reposent sur des principes de réciprocité et d'égalité : on cultive la terre du prochain qui, à son tour, cultivera la vôtre. Le travail n'est pas payé mais échangé. Dans le cas de l'" escouade " haïtienne, huit cultivateurs travaillent ensemble toute l'année sur les terres respectives de chacun des membres ; chaque " compère " bénéficiant du travail de tous les autres un jour par semaine. C'est un système extrêmement égalitaire : celui qui commande l'escouade est le propriétaire du champ. La rotation des champs entraîne donc la rotation du " commandement " (qui n'est jamais autoritaire).
En assurant la synchronie des gestes, la cadence régulière des efforts, l'alignement chorégraphique des corps, le rythme produit la communauté fraternelle des paysans. Le fonctionnement des " coumbites ", " escouades ", " corvées " et autres sociétés de travail atteste l'importance du rythme dans l'institution et l'incorporation de la loi communautaire .
Cette tradition du travail dansé et chanté a pris dans le sud des Etats-Unis la forme des Worksongs, la matrice du Blues. Travailler ensemble, c'est épouser une pulsation collective, vibrer à l'unisson, communier en un même chant.
Dans l'esclavage ces chants de travail avaient évidemment plus un rôle d'"aide au travail", mais ensuite (après 1865 aux USA) ils ont retrouvé toute leur signification (sauf dans les fermes-prisons où l'esclavage continuait)
gorax- Delta King
- Nombre de messages : 432
Date d'inscription : 21/10/2005
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