Autour du Blues : mort d'un festival

Les temps sont durs pour tout le monde ; y compris pour le blues et ses bénévoles. Le festival "Autour du Blues" vient d'en faire les frais.

Il venait d'avoir 10 ans. Le festival “Autour du Blues", à Binic, n'est plus. L'association qui le gérait a été placée en liquidation judiciaire. Dans les Cotes-d'Armor, c'est le deuxième festival à mettre la clef sous la porte en moins d'un mois. Cachets d'artistes trop élevés ? Subventions insuffisantes ? Porte-monnaies en berne ? Toutes ces raisons sont avancées. Reste que Binic perd une manifestation qui, au plus haut de sa forme, avait réussi à attirer plus de 15 000 spectacteurs sur trois jours.

Pour beaucoup ce n’est qu’une demi-surprise. On savait le festival “Autour du blues “ mal en point. Sa présidente, Brigitte Revault, n'avait pas caché l'échec de la dixième édition qui n'avait attiré que 3000 spectateurs payants à Binic, en août dernier.

Les problèmes rencontrés par l'association “Autour de” illustrent la difficulté qu'il y a aujourd'hui à faire vivre un petit festival. Il y a moins de deux mois, interrogée sur le prix de l'entrée (30 €) jugé trop élevé, Brigitte Revault dressait un constat d'impuissance. “Aux caisses, des gens nous ont dit que c'était trop cher. Mais la culture a un prix. D'autres, au contraire, étaient étonnés du prix par rapport à la qualité du spectacle. Il faut relativiser quand on sait qu'il faut payer 120 € pour voir Léonard Cohen à Paris !” D'autres soucis rencontrés par les organisateurs étaient, en revanche, semblables à ceux que connaissent aussi les grosses machines comme “Bobital”.

À commencer par les cachets des artistes qui ont connu une inflation faramineuse. “Tous ceux qui gravitent dans ce monde artistique veulent une part de plus en plus grande du gâteau. (...) À force de scier la branche sur laquelle on est assis, elle finit par tomber”, ajoutait alors Brigitte Revault. Une déclaration qui prend aujourd'hui un caractère prémonitoire.

Le festival qui a eu à l'affiche Dee Dee Bridgewater, Bill Deraime, Charlélie Couture, Michel Jonasz, Popa Chubby, Jean-Louis Aubert, Eddy Mitchell, Buddy Guy ou encore Joe Cocker renaîtra-t-il de ses cendres, sous d'autres cieux ? "Il faut remettre les choses à plat financièrement, trouver des sponsors assez costauds, et attendre que les têtes de certains artistes se refroidissent", déclare Brigitte Revault qui n'envisage pas, de toute façon, cette éventualité avant 2010.

C'est triste, mais visiblement entre les gens qui, à l'heure du tout gratuit et du téléchargement complaisant, trouvent trop cher d'assister à des concerts de qualité, et des artistes qui visiblement sont un peu trop gourmands.... difficile de faire de grand écart durablement. Et puis c'est aussi le serpent qui se mort la queue étant donné que les organisateurs doivent trouver un juste équilibre entre têtes d'affiches onéreuses mais capables de ramener du public et artistes plus discrets mais aux cachets plus raisonnables. Je n'ose imaginer le casse tête que l'organisation de ce type de manifestations doit représenter.

En tout cas, c'est fort dommage.

D'autant plus dommage que le prix d'entrée de 30 euros me parait fort raisonnable à côté de certains autres festivals qui ne proposent guère mieux...