BB King légende du Blues : un paradoxe ?
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BAYOU
sergio88
Jipes
Phil cotton color
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BB King légende du Blues : un paradoxe ?
Tiens donc, ça fait bien quelques semaines que nous ne nous sommes pas étripés sur un sujet futile.
Je ne veux pas forcément dire que ça me manque , encore que, vous me connaissez, je ne déteste pas ça... , mais voilà depuis quelques jours je me pose une petite question.
C'est parti d'une réflexion de notre Flovia préférée, qui précisait ses goûts personnels en matière de Blues :
"Autrement dit, plus la variété d'instruments intervenants est large, plus l'essence-même de cette musique s'en trouve diluée, et c'est justement son aspect primitif, proche de ses sources, qui personnellement m'attire et me touche au plus profond"..
Fort bien. Au delà de la simple question de goût, c'est aussi une opinion largement admise que le Blues est la musique de l'urgence, du dépouillement, de la simplicité d'approche et de traitement. D'ailleurs ce sont bien ces raisons là qui, pour la grande majorité, nous ont fait un jour aller vers le Blues.
Pire même, si on demande à tout un chacun de décrire sans réfléchir un archétype de bluesman, nul doute que beaucoup de réponses présenteront un noir plutôt âgé et quelque peu alcoolisé, assis sous le porche de sa maison en bois, en train de chanter ses peines de coeur en gratouillant avec une technique approximative une vieille guitare rafistolée.
Et voilà que BB King meurt, salué de partout comme étant la légende du Blues, son représentant le plus emblématique. Et il ne viendra pas à l'idée de beaucoup, même (et surtout) des connaisseurs, de dire que cette présentation est erronée.
Vous voyez où je veux en venir. BB King était quelque part l'exact contraire de l'archétype du bluesman tel que l'imagerie le représente. Un professionnalisme sans faille depuis son plus jeune âge, une réelle ambition tout à fait intégrée et assumée, une musique soignée et orchestrée avec sophistication, une présentation impeccable etc...
Comment expliquez-vous ce paradoxe, et d'abord y a t'il vraiment paradoxe ? Et comment vous même le ressentez-vous ?
Je ne veux pas forcément dire que ça me manque , encore que, vous me connaissez, je ne déteste pas ça... , mais voilà depuis quelques jours je me pose une petite question.
C'est parti d'une réflexion de notre Flovia préférée, qui précisait ses goûts personnels en matière de Blues :
"Autrement dit, plus la variété d'instruments intervenants est large, plus l'essence-même de cette musique s'en trouve diluée, et c'est justement son aspect primitif, proche de ses sources, qui personnellement m'attire et me touche au plus profond"..
Fort bien. Au delà de la simple question de goût, c'est aussi une opinion largement admise que le Blues est la musique de l'urgence, du dépouillement, de la simplicité d'approche et de traitement. D'ailleurs ce sont bien ces raisons là qui, pour la grande majorité, nous ont fait un jour aller vers le Blues.
Pire même, si on demande à tout un chacun de décrire sans réfléchir un archétype de bluesman, nul doute que beaucoup de réponses présenteront un noir plutôt âgé et quelque peu alcoolisé, assis sous le porche de sa maison en bois, en train de chanter ses peines de coeur en gratouillant avec une technique approximative une vieille guitare rafistolée.
Et voilà que BB King meurt, salué de partout comme étant la légende du Blues, son représentant le plus emblématique. Et il ne viendra pas à l'idée de beaucoup, même (et surtout) des connaisseurs, de dire que cette présentation est erronée.
Vous voyez où je veux en venir. BB King était quelque part l'exact contraire de l'archétype du bluesman tel que l'imagerie le représente. Un professionnalisme sans faille depuis son plus jeune âge, une réelle ambition tout à fait intégrée et assumée, une musique soignée et orchestrée avec sophistication, une présentation impeccable etc...
Comment expliquez-vous ce paradoxe, et d'abord y a t'il vraiment paradoxe ? Et comment vous même le ressentez-vous ?
Phil cotton color- Chicago Hero
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Re: BB King légende du Blues : un paradoxe ?
Excellente question, au panthéon des Bluesmen y a pas photo BB King de part sa carrière et son influence mérite amplement d'être un exemple charismatique. Si on considère son âge et le fait qu'il représentait l'un des derniers Bluesmen d'avant guerre ayant notamment travaillé sur des plantations celà fait auusi de lui un totem
Si on parle de sa musique là c'est déjà plus aussi évident, en effet comme tu l'évoques Phil il est finalement à des années lumière de son territoire d'origine en l'occurence le Mississipi. Non seulement stylistiquement parlant car on peut difficilement trouver plus sophistiqué que le Blues de BB avec un orchestre assez conséquent et des rafales de cuivres quand ce ne sont pas de violons
Au niveau de son image d'artiste bien polissé et ayant cherché toute sa carrière a conquérir tous les publics, évidemment il n'est pas vraiment l'archétype du Bluesman en pleine crise de manque affectif ou de substances alcoolisées.
alors oui c'est une question que l'on peut se poser quand on écoute certains de ses enregistrements.
Par contre si on le lit ou que l'on écoute Live at the Regal, on se rend compte de sa parfaite synchronie avec le peuple noir américain pour qui le Blues à l'ancienne a pendant les années de la lutte pour les droits civiques ressemblait à un passé d'esclave et pas la marque d'émancipation.
Alors oui BB King est peut être trop polissé mais il a sû s'adapter au changement de ses compatriotes noirs unis vers un futur meilleur quitte à parfois vouloir peut être pas renier mais en tous cas oublier pour un temps leurs racines
Si on parle de sa musique là c'est déjà plus aussi évident, en effet comme tu l'évoques Phil il est finalement à des années lumière de son territoire d'origine en l'occurence le Mississipi. Non seulement stylistiquement parlant car on peut difficilement trouver plus sophistiqué que le Blues de BB avec un orchestre assez conséquent et des rafales de cuivres quand ce ne sont pas de violons
Au niveau de son image d'artiste bien polissé et ayant cherché toute sa carrière a conquérir tous les publics, évidemment il n'est pas vraiment l'archétype du Bluesman en pleine crise de manque affectif ou de substances alcoolisées.
alors oui c'est une question que l'on peut se poser quand on écoute certains de ses enregistrements.
Par contre si on le lit ou que l'on écoute Live at the Regal, on se rend compte de sa parfaite synchronie avec le peuple noir américain pour qui le Blues à l'ancienne a pendant les années de la lutte pour les droits civiques ressemblait à un passé d'esclave et pas la marque d'émancipation.
Alors oui BB King est peut être trop polissé mais il a sû s'adapter au changement de ses compatriotes noirs unis vers un futur meilleur quitte à parfois vouloir peut être pas renier mais en tous cas oublier pour un temps leurs racines
Re: BB King légende du Blues : un paradoxe ?
Comme je suis flemmard, plutôt que m'emmerder m'embêter à cogiter et tartiner, il suffit de suivre le lien proposé par Blues Rules et d'écouter "Paradiso" qui a proposé une émission spéciale en hommage à B.B.King, émission co-animée par Yann Zitouni et Arnaud Robert. C'est moins fatiguant, il y a de la zic agréable à écouter, et, à mon sens, on y entend les réponses à tes questions existentielles.
http://www.rts.ch/la-1ere/programmes/radio-paradiso/6746404-hommage-a-b-b-king-1925-2015-15-05-2015.html?f=player%2Fpopup#
http://www.rts.ch/la-1ere/programmes/radio-paradiso/6746404-hommage-a-b-b-king-1925-2015-15-05-2015.html?f=player%2Fpopup#
sergio88- Admin
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Re: BB King légende du Blues : un paradoxe ?
Ah ben voilà une question qu'elle est bonne.
Pour ma part, j'ai longtemps pensé que moins il y avait de monde sur scène mieux c'était.
Longtemps, j'ai pensé que les cuivres par exemple alourdissaient le son d'un groupe.
Et la musique de BB King sonne souvent comme un grand orchestre...
Et puis et puis, un jour un mec avec un saxophone a illuminé une musique...Môssieur Clarence Clemons, avec Springsteen, ce n'est pas du blues, encore que Jungleland (la chanson, pas Didier) fait brûler l'asphalte des rues de NYC... Et puis justement les noirs, le peuple du blues, adorent les groupes avec de nombreux musiciens, et puis un jour j'ai écouté un brass-band, alors là même pas de guitare ! Et j'ai adoré, parce que cette musique est une autre forme de blues, c'est la musique de la rue, de la vie quotidienne.
Alors bien sur BB KING ne chante pas la musique de sa terre natale, de ses ancêtres, un mec comme Muddy Waters est plus roots (enfin pas toujours).
Mais comme le souligne Jipes, BB KING est totalement "raccord" avec son peuple, je pense aussi que sa réussite artistique mais aussi financière (n'oublions pas qu'il possède une dizaine de clubs) a servi d'exemple et de moteur pour d'autres.
Toutefois, voir un gars seul avec sa guitare dans un juke-joint ou dans un petit club, c'est quand même l'histoire du blues, la légende du blues et cela n'a pas de prix !
Pour ma part, j'ai longtemps pensé que moins il y avait de monde sur scène mieux c'était.
Longtemps, j'ai pensé que les cuivres par exemple alourdissaient le son d'un groupe.
Et la musique de BB King sonne souvent comme un grand orchestre...
Et puis et puis, un jour un mec avec un saxophone a illuminé une musique...Môssieur Clarence Clemons, avec Springsteen, ce n'est pas du blues, encore que Jungleland (la chanson, pas Didier) fait brûler l'asphalte des rues de NYC... Et puis justement les noirs, le peuple du blues, adorent les groupes avec de nombreux musiciens, et puis un jour j'ai écouté un brass-band, alors là même pas de guitare ! Et j'ai adoré, parce que cette musique est une autre forme de blues, c'est la musique de la rue, de la vie quotidienne.
Alors bien sur BB KING ne chante pas la musique de sa terre natale, de ses ancêtres, un mec comme Muddy Waters est plus roots (enfin pas toujours).
Mais comme le souligne Jipes, BB KING est totalement "raccord" avec son peuple, je pense aussi que sa réussite artistique mais aussi financière (n'oublions pas qu'il possède une dizaine de clubs) a servi d'exemple et de moteur pour d'autres.
Toutefois, voir un gars seul avec sa guitare dans un juke-joint ou dans un petit club, c'est quand même l'histoire du blues, la légende du blues et cela n'a pas de prix !
Re: BB King légende du Blues : un paradoxe ?
j'suis d'accord avec Serg...iosergio88 a écrit:Comme je suis flemmard, plutôt quem'emmerderm'embêter à cogiter et tartiner, il suffit de suivre le lien proposé par Blues Rules et d'écouter "Paradiso" qui a proposé une émission spéciale en hommage à B.B.King, émission co-animée par Yann Zitouni et Arnaud Robert. C'est moins fatiguant, il y a de la zic agréable à écouter, et, à mon sens, on y entend les réponses à tes questions existentielles.
http://www.rts.ch/la-1ere/programmes/radio-paradiso/6746404-hommage-a-b-b-king-1925-2015-15-05-2015.html?f=player%2Fpopup#
et je vous invite à lire l'excellent livre de William Ferris - Les Voix du Mississippi où BB prend la parole...
Re: BB King légende du Blues : un paradoxe ?
Je lisais il y a quelques mois une étude américaine sur le racisme blancs-noirs dans le stéréotype du Bluesman, notamment au sujet des premiers bluesmen publiés par Fat Possum, qui les décrivait comme ayant eu plusieurs femmes, une multitude d'enfants, étant armés, ayant eu des démélées avec la justice, cotoyant la violence... bref, le bluesman du Mississippi qui fait vendre des disques...
Re: BB King légende du Blues : un paradoxe ?
Ben quand on lit la bio de Muddy Watrs ..."plusieurs femmes, une multitude d'enfants, étant armés, ayant eu des démélées avec la justice, cotoyant la violence".. c'est quand même un peu vrai !
Re: BB King légende du Blues : un paradoxe ?
Pour faire simple: sa vie est une légende, sa musique est un paradoxe..
Invité- Invité
Re: BB King légende du Blues : un paradoxe ?
C'est vrai que l'image de BB King contraste un peu avec l'idée qu'on se fait du bluesman. Mais pas tant que ça, je trouve. Ben oui, le vieillard sous son porche qui chante ses peines et ses espoirs sur sa guitare fait de bric et de broc... mais je crois que j'ai toujours vu (et imaginé) le bluesman qui se produit sur scène enfiler ses plus beaux vêtements pour être présentable.
L'orchestre est assez fourni chez BB King mais pourtant la musique reste assez simple : quelques notes, quelques mots mais beaucoup d'émotion transmise. C'est quelque chose qui m'a tout de suite séduit dans sa musique, cette habileté à donner de la puissance à ses phrasés à la guitare et aux paroles de ses chansons.
J'ai un live à Montreux où je le trouve vraiment excellent : ses mimiques, sa simplicité et sa générosité sur scène. Woaw, ça me met une claque à chaque fois.
Mais oui, ce n'est pas du blues façon "roots". Seasick Steve collerait bien plus à cette image-là !
L'orchestre est assez fourni chez BB King mais pourtant la musique reste assez simple : quelques notes, quelques mots mais beaucoup d'émotion transmise. C'est quelque chose qui m'a tout de suite séduit dans sa musique, cette habileté à donner de la puissance à ses phrasés à la guitare et aux paroles de ses chansons.
J'ai un live à Montreux où je le trouve vraiment excellent : ses mimiques, sa simplicité et sa générosité sur scène. Woaw, ça me met une claque à chaque fois.
Mais oui, ce n'est pas du blues façon "roots". Seasick Steve collerait bien plus à cette image-là !
Daeron- At The Crossroad
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Date d'inscription : 01/01/2015
Re: BB King légende du Blues : un paradoxe ?
Seasick Steve est un blanc non-américain qui joue de cette image du Hobo (okay, il trainé un temps aux USA de train en stop, de bouibouis en porches) et c'est devenu une image commerciale (quelque en soit l'authenticité de départ)
B.B. King est issu d'une époque où un noir en guenilles n'aurait eu aucune chance de se produire là où il a pu jouer et devenir ce grand représentant du Blues (je n'ai pas dis grand bluesman, car à chacun ses goûts et références).
Riley en guenilles ne serait jamais devenu B.B.
Ensuite, il n'a jamais renié ses origines, et cet homme qui à 80 ans se fait payer 300.000/500.000 € pour un concert continuait à jouer gratuitement chaque année à Indianola... en costume de scène, en habit de roi...
B.B. King est issu d'une époque où un noir en guenilles n'aurait eu aucune chance de se produire là où il a pu jouer et devenir ce grand représentant du Blues (je n'ai pas dis grand bluesman, car à chacun ses goûts et références).
Riley en guenilles ne serait jamais devenu B.B.
Ensuite, il n'a jamais renié ses origines, et cet homme qui à 80 ans se fait payer 300.000/500.000 € pour un concert continuait à jouer gratuitement chaque année à Indianola... en costume de scène, en habit de roi...
Re: BB King légende du Blues : un paradoxe ?
Nous avons permis à Mud Morganfield et William Ferris de s'exprimer dans un canard suisse sur ce décès : http://www.illustre.ch/illustre/article/bb-king-blues-eternel
Re: BB King légende du Blues : un paradoxe ?
Blues Rules a écrit:Nous avons permis à Mud Morganfield et William Ferris de s'exprimer dans un canard suisse sur ce décès : http://www.illustre.ch/illustre/article/bb-king-blues-eternel
Magnifique interview ! Merci du partage
Re: BB King légende du Blues : un paradoxe ?
Personnellement, je pense que le paradoxe n’est qu’apparent.
Bien évidemment le Blues est né « à la campagne » parce que la grande majorité des noirs y vivaient et y travaillaient, d’abord en tant qu’esclaves, puis en tant que métayers. Mais selon les régions, l’environnement et l’histoire, le Blues joué dans ces campagnes au début du 20ème siècle était déjà très varié et a toujours présenté des différences de style notables, parfois même très locales.
Ensuite les grandes migrations successives ont déplacé beaucoup de noirs dans les grandes villes de tout le pays et ils ont amené le Blues dans leurs bagages. Celui-ci a évidemment évolué au contact d’autres musiques et d’un mode de vie tout autre, et là encore avec des sensibilités et des caractéristiques différentes selon les régions et les villes.
Il est donc vain de vouloir définir à tout prix un modèle de Blues et de bluesman qui n’aurait concrètement guère de signification. Les images que l’on peut en avoir, souvent assez « romantiques » ou même parfois un tantinet condescendantes, conduisent souvent à des archétypes très réducteurs qui ne reflètent qu’une petite partie de la réalité.
Le mode d’expression d’un bluesman obéit certes à des codes de base, mais dépend dans la forme tout autant de sa génération, son lieu de naissance et son parcours.
Ainsi BB King est né dans le Mississippi et est au départ un pur campagnard travaillant la terre, mais il a assez vite migré vers Memphis. Mais s’il était allé à Chicago, nul doute que sa musique eut été différente. De même, s’il a beaucoup appris de Bukka White, un bluesman bien roots, il a commencé sa carrière très jeune par le Gospel (chose qui n’est pas rare pour un bluesman, mais pas la règle non plus), et a très vite écouté du Jazz. Toutes ces choses ont formé son univers musical, et ce n’est pas pour autant qu’il serait moins bluesman que beaucoup d’autres qui ont évolué à Chicago, Dallas, la Nouvelle Orléans ou qui sont simplement restés dans leur campagne.
Après il y a aussi l’aspect « carrière » qui entre en ligne de compte dans ce paradoxe. Mais là aussi je pense que c’est en grande partie un faux problème. Quel bluesman n’a pas rêvé de faire la carrière de BB King ? Quel musicien professionnel, où ayant la prétention de l’être, peut CHOISIR de vivoter dans des bars minables et de ne pas essayer d’agrandir son audience et gagner plus d’argent ?
La différence de BB King avec beaucoup d’autres est qu’il avait, musicalement et de part sa personnalité, les moyens de ses ambitions. Et également pas mal de « nez » et un peu de chance d’avoir toujours su s’entourer de managers qui ont su lui faire passer les étapes et l’amener progressivement au sommet.
Et d’ailleurs de quel sommet parle t-on ? Les hommages médiatiques qui lui sont mondialement rendus aujourd’hui dépassent largement son audience réelle, et sont surtout le reflet de sa figure emblématique au sein d’un style musical que tout le monde s’accorde à considérer comme primordial dans la musique populaire d’après guerre.
En réalité BB King n’a réellement eu de vrai succès populaire qu’au sein de sa communauté dans les années 50, tout simplement parce que sur le fond il n’est toujours resté qu’un bluesman, même s’il s’est parfois essayé à des genres dérivés. Et même dans ces cas là, bien souvent il ne faisait que suivre les évolutions de la communauté afro américaine, ce qui a toujours été le fait des bluesmen, même les plus roots. Quelqu’un comme RL Burnside, au sein de son groupe familial, jouait des morceaux funky dans les juke joint du deep south !
Quant à sa façon de se produire, bien sûr qu’il y avait des paillettes et des arrangements au quart de tour. Mais qui l’a vu sur scène du temps de sa splendeur ne peut pas douter un seul instant de sa sincérité, de l’urgence de sa musique, de la priorité donnée au feeling, à la manière sur la matière, même si pour le coup la technique (enfin une certaine technique, comme tous les grands…) était au rendez vous et qu’il jouait les mêmes morceaux tous les soirs !
Bien évidemment le Blues est né « à la campagne » parce que la grande majorité des noirs y vivaient et y travaillaient, d’abord en tant qu’esclaves, puis en tant que métayers. Mais selon les régions, l’environnement et l’histoire, le Blues joué dans ces campagnes au début du 20ème siècle était déjà très varié et a toujours présenté des différences de style notables, parfois même très locales.
Ensuite les grandes migrations successives ont déplacé beaucoup de noirs dans les grandes villes de tout le pays et ils ont amené le Blues dans leurs bagages. Celui-ci a évidemment évolué au contact d’autres musiques et d’un mode de vie tout autre, et là encore avec des sensibilités et des caractéristiques différentes selon les régions et les villes.
Il est donc vain de vouloir définir à tout prix un modèle de Blues et de bluesman qui n’aurait concrètement guère de signification. Les images que l’on peut en avoir, souvent assez « romantiques » ou même parfois un tantinet condescendantes, conduisent souvent à des archétypes très réducteurs qui ne reflètent qu’une petite partie de la réalité.
Le mode d’expression d’un bluesman obéit certes à des codes de base, mais dépend dans la forme tout autant de sa génération, son lieu de naissance et son parcours.
Ainsi BB King est né dans le Mississippi et est au départ un pur campagnard travaillant la terre, mais il a assez vite migré vers Memphis. Mais s’il était allé à Chicago, nul doute que sa musique eut été différente. De même, s’il a beaucoup appris de Bukka White, un bluesman bien roots, il a commencé sa carrière très jeune par le Gospel (chose qui n’est pas rare pour un bluesman, mais pas la règle non plus), et a très vite écouté du Jazz. Toutes ces choses ont formé son univers musical, et ce n’est pas pour autant qu’il serait moins bluesman que beaucoup d’autres qui ont évolué à Chicago, Dallas, la Nouvelle Orléans ou qui sont simplement restés dans leur campagne.
Après il y a aussi l’aspect « carrière » qui entre en ligne de compte dans ce paradoxe. Mais là aussi je pense que c’est en grande partie un faux problème. Quel bluesman n’a pas rêvé de faire la carrière de BB King ? Quel musicien professionnel, où ayant la prétention de l’être, peut CHOISIR de vivoter dans des bars minables et de ne pas essayer d’agrandir son audience et gagner plus d’argent ?
La différence de BB King avec beaucoup d’autres est qu’il avait, musicalement et de part sa personnalité, les moyens de ses ambitions. Et également pas mal de « nez » et un peu de chance d’avoir toujours su s’entourer de managers qui ont su lui faire passer les étapes et l’amener progressivement au sommet.
Et d’ailleurs de quel sommet parle t-on ? Les hommages médiatiques qui lui sont mondialement rendus aujourd’hui dépassent largement son audience réelle, et sont surtout le reflet de sa figure emblématique au sein d’un style musical que tout le monde s’accorde à considérer comme primordial dans la musique populaire d’après guerre.
En réalité BB King n’a réellement eu de vrai succès populaire qu’au sein de sa communauté dans les années 50, tout simplement parce que sur le fond il n’est toujours resté qu’un bluesman, même s’il s’est parfois essayé à des genres dérivés. Et même dans ces cas là, bien souvent il ne faisait que suivre les évolutions de la communauté afro américaine, ce qui a toujours été le fait des bluesmen, même les plus roots. Quelqu’un comme RL Burnside, au sein de son groupe familial, jouait des morceaux funky dans les juke joint du deep south !
Quant à sa façon de se produire, bien sûr qu’il y avait des paillettes et des arrangements au quart de tour. Mais qui l’a vu sur scène du temps de sa splendeur ne peut pas douter un seul instant de sa sincérité, de l’urgence de sa musique, de la priorité donnée au feeling, à la manière sur la matière, même si pour le coup la technique (enfin une certaine technique, comme tous les grands…) était au rendez vous et qu’il jouait les mêmes morceaux tous les soirs !
Phil cotton color- Chicago Hero
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Age : 69
Localisation : Paris
Date d'inscription : 30/12/2008
Re: BB King légende du Blues : un paradoxe ?
ce qu'il y a aussi c'est que c'était le dernier grand représentant vivant avec Buddy Guy (si l'on excepte Otis Rush qui n'avait pas leur renommée et qui s'est semi retiré depuis pas mal de temps) alors forcément le mot légende devait apparaitre.
Pas mal de choses justes ont déjà été dites, je rajouterais pour ma part le fait que BB King était quelqu'un d'authentique, il n'y avait pas d'esbroufe dans sa façon de se comporter et de jouer; c'est peut être ça aussi qui fait les légendes
Pas mal de choses justes ont déjà été dites, je rajouterais pour ma part le fait que BB King était quelqu'un d'authentique, il n'y avait pas d'esbroufe dans sa façon de se comporter et de jouer; c'est peut être ça aussi qui fait les légendes
Re: BB King légende du Blues : un paradoxe ?
- qu'il est ai des cuivres à plus savoir quoi en foutre ,
- des costards trois pièces taillé sur mesure ...etc .......
- des concerts en veux tu en voilà de par le monde ........................bref ,
- se mec est l'un des dernier à avoir bossé dans les champs de coton
- a infuençé de par son jeu nombre de british en passant par jimmy et svr
- pour finir par joué à la maison blanche pour président le plus puissant de la planète
moi je dit ( en toute modestie ) chapeau bas , et sourtout sacré revanche quand mème .
pour ètre un pur des pur , faut finir comme johnson ou jefferson ?!
respect bb
- des costards trois pièces taillé sur mesure ...etc .......
- des concerts en veux tu en voilà de par le monde ........................bref ,
- se mec est l'un des dernier à avoir bossé dans les champs de coton
- a infuençé de par son jeu nombre de british en passant par jimmy et svr
- pour finir par joué à la maison blanche pour président le plus puissant de la planète
moi je dit ( en toute modestie ) chapeau bas , et sourtout sacré revanche quand mème .
pour ètre un pur des pur , faut finir comme johnson ou jefferson ?!
respect bb
fred-51- Mississippi Singer
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