Luther Allison-Luther's blues (1974)
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Luther Allison-Luther's blues (1974)
Parution aujourd'hui sur Forces PArallèles de la chronique de Luther's Blues que je vous fait partager sur le forum : http://fp.nightfall.fr/index.php?idchoix=4186
La première moitié des années soixante-dix sonne l’heure d’un déclin progressif pour le blues. Muddy Waters et John Lee Hooker n’ont plus la même aura, Howlin’ Wolf repose six pieds sous terre, Albert King coule avec le navire Stax. Certes, il existe des exceptions comme Freddie King, mais ce dernier n’a malheureusement plus beaucoup de temps à vivre. Bref, le blues revival des sixties n’est plus qu’un souvenir lointain. Certains jeunes bluesmen continuent tout de même de percer à la fin des années soixante. Luther Allison en fait partie : après un bref passage chez Delmark, il enregistre dès 1972 pour l’usine Motown. Il est un peu surprenant qu’un guitariste de Chicago ait pu signer un contrat sur le label de Marvin Gaye et des Jackson 5, alors même que l’avenir du blues semble compromis. Mais à l’époque, la Motown est en pleine mutation et s’apprête à poser ses valises sur la côte ouest du pays. Luther Allison est donc l’un des derniers artistes à jouer dans les studios historiques de Detroit.
Alors, Luther Allison est-il influencé par la soul ambiante ? Lorsqu’on voit que Berry Gordy, patron de la Motown est crédité pour la chanson « Someday Pretty Baby », le suspense n’est pas bien grand. Et quand on écoute la reprise du tube de Clay Hammond, « Part Time Love », interprété aussi bien par Isaac Hayes, Ann Peebles ou Johnnie Taylor, l’évidence se confirme. Cependant, des bluesmen comme Otis Rush et même très récemment Magic Slim se sont également appropriés ce hit. Luther Allison s’inscrit en fait dans la lignée des grands représentants du West Side Sound de Chicago. Il rend même directement hommage à Magic Sam avec la sublime reprise d’ « Easy Baby ». Mais le style d’Allison ne se résume pas au West Side. Luther Allison pousse en effet le bouchon encore plus loin avec le funk enthousiasmant de « K.T. ».
Cela dit, Luther’s blues, comme son titre l’indique, est avant tout un album de blues d’une très grande classe. Les amateurs d’envolées guitaristiques seront comblés. Un peu à la manière de Jimmy Dawkins, en moins torturé cependant, Luther Allison multiplie les improvisations généreuses et son jeu très fluide d’une grande pureté force l’admiration. Dès la splendide introduction « Luther’s blues », la Stratocaster et le chant poignant d’Allison nous émeuvent avec force. De même, « Let’s Have a Little Talk », autre longue ballade intense, s’insère à merveille entre des morceaux rythmés tels « Now You Got It » ou le saisissant « Into My Life ». La rythmique très souple toute en nuance n’est pas étrangère à la somptuosité de cet album dans l’ensemble très agréable. Et ce n’est sûrement pas la reprise prenante de « Driving Wheel » de Roosvelt Sykes qui va faire de l’ombre à la remarquable qualité de Luther’s Blues.
Pour prolonger le plaisir, la réédition de 2001 propose trois titres bonus à ne pas négliger. Luther Allison se fait plaisir sur l’instrumental « San Ho Zay » de Freddie King. Il en rajoute encore une couche avec le funky « Bloomington Closing ». Et si vous êtes étourdis par tant de virtuosité, il serait dommage de passer à côté du medley live de vingt minutes qui conclue en beauté cet album majeur dans la discographie d’un bluesman attachant et très apprécié en France dans les années quatre-vingt dix.
La première moitié des années soixante-dix sonne l’heure d’un déclin progressif pour le blues. Muddy Waters et John Lee Hooker n’ont plus la même aura, Howlin’ Wolf repose six pieds sous terre, Albert King coule avec le navire Stax. Certes, il existe des exceptions comme Freddie King, mais ce dernier n’a malheureusement plus beaucoup de temps à vivre. Bref, le blues revival des sixties n’est plus qu’un souvenir lointain. Certains jeunes bluesmen continuent tout de même de percer à la fin des années soixante. Luther Allison en fait partie : après un bref passage chez Delmark, il enregistre dès 1972 pour l’usine Motown. Il est un peu surprenant qu’un guitariste de Chicago ait pu signer un contrat sur le label de Marvin Gaye et des Jackson 5, alors même que l’avenir du blues semble compromis. Mais à l’époque, la Motown est en pleine mutation et s’apprête à poser ses valises sur la côte ouest du pays. Luther Allison est donc l’un des derniers artistes à jouer dans les studios historiques de Detroit.
Alors, Luther Allison est-il influencé par la soul ambiante ? Lorsqu’on voit que Berry Gordy, patron de la Motown est crédité pour la chanson « Someday Pretty Baby », le suspense n’est pas bien grand. Et quand on écoute la reprise du tube de Clay Hammond, « Part Time Love », interprété aussi bien par Isaac Hayes, Ann Peebles ou Johnnie Taylor, l’évidence se confirme. Cependant, des bluesmen comme Otis Rush et même très récemment Magic Slim se sont également appropriés ce hit. Luther Allison s’inscrit en fait dans la lignée des grands représentants du West Side Sound de Chicago. Il rend même directement hommage à Magic Sam avec la sublime reprise d’ « Easy Baby ». Mais le style d’Allison ne se résume pas au West Side. Luther Allison pousse en effet le bouchon encore plus loin avec le funk enthousiasmant de « K.T. ».
Cela dit, Luther’s blues, comme son titre l’indique, est avant tout un album de blues d’une très grande classe. Les amateurs d’envolées guitaristiques seront comblés. Un peu à la manière de Jimmy Dawkins, en moins torturé cependant, Luther Allison multiplie les improvisations généreuses et son jeu très fluide d’une grande pureté force l’admiration. Dès la splendide introduction « Luther’s blues », la Stratocaster et le chant poignant d’Allison nous émeuvent avec force. De même, « Let’s Have a Little Talk », autre longue ballade intense, s’insère à merveille entre des morceaux rythmés tels « Now You Got It » ou le saisissant « Into My Life ». La rythmique très souple toute en nuance n’est pas étrangère à la somptuosité de cet album dans l’ensemble très agréable. Et ce n’est sûrement pas la reprise prenante de « Driving Wheel » de Roosvelt Sykes qui va faire de l’ombre à la remarquable qualité de Luther’s Blues.
Pour prolonger le plaisir, la réédition de 2001 propose trois titres bonus à ne pas négliger. Luther Allison se fait plaisir sur l’instrumental « San Ho Zay » de Freddie King. Il en rajoute encore une couche avec le funky « Bloomington Closing ». Et si vous êtes étourdis par tant de virtuosité, il serait dommage de passer à côté du medley live de vingt minutes qui conclue en beauté cet album majeur dans la discographie d’un bluesman attachant et très apprécié en France dans les années quatre-vingt dix.
maniacblues- I've got my guitar
- Nombre de messages : 7
Date d'inscription : 29/03/2012
Re: Luther Allison-Luther's blues (1974)
un des deux albums d'Allison pour la Motown. Un peu inégal à mon humble avis mais il y a d'excellentes choses.
Il faudra que je me penche sur la réédition que je ne connais pas
Il faudra que je me penche sur la réédition que je ne connais pas
_________________
The blues are the roots
The rest are the fruits
http://aupaysdublues.free.fr/index.php
Re: Luther Allison-Luther's blues (1974)
Evidemment pas très roots comme enregistrements... Pas mal de sauce mais la sauce n'est pas mal du tout (enfin selon moi...) et le feeling de Luther n'est pas noyé dedans.
Bref, bien que je préfère le luther enregistré (abondamment) live qui donnait alors sa pleine mesure de bluesman, j'ai toujours aimé ce disque. Et puis tant qu'on est en studio, autant en profiter pour essayer de faire quelques arrangements... Cela dit, je suis quand même conscient que ça peut ne pas plaire à tout le monde... A ecouter avant d'acheter...
Bref, bien que je préfère le luther enregistré (abondamment) live qui donnait alors sa pleine mesure de bluesman, j'ai toujours aimé ce disque. Et puis tant qu'on est en studio, autant en profiter pour essayer de faire quelques arrangements... Cela dit, je suis quand même conscient que ça peut ne pas plaire à tout le monde... A ecouter avant d'acheter...
Phil cotton color- Chicago Hero
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Date d'inscription : 30/12/2008
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