Attaque implicite envers les blancs dans les paroles Blues

Je crée ce topic exprès pour avoir un renseignement (et qui sait peut être qu'il pourra servir par la suite),j'aimerais savoir si quelqun ne connaitrait pas un exemple type de chanson Blues où les noirs se servent des femmes pour critiquer implicitement les blancs.
Je demande ça car ma soeur fait un mémoire dont le sujet est "l'intégration des noirs américain grâce au Blues".
Merci de répondre

je vais faire des recherches un peu plus approfondies dans mes archives mais en règle générale les bluesmen parlaient très peu des blancs.

en dehors du côté salace des chansons blues la plupart du temps celles-ci avaient un genre moral vis à vis de la communauté. Un peu un guide de bonne conduite (ne bois pas, ne bas pas ta femme, fais bien ton travail ... ) qui pourrait paraitre le pendant profane de la morale donnée dans les églises.

la revendication, la politique et la satire vis à vis de l'autorité établie ont été très rares en fait, quelqu'un comme JB Lenoir est une des exceptions dans sa communauté.

Jungleland a écrit:je vais faire des recherches un peu plus approfondies dans mes archives mais en règle générale les bluesmen parlaient très peu des blancs.

Si ils parlaient des blancs mais pas de façon explicite,ma soeur à fait quelques recherche approfondies et apparement la plupart du temps les bluesmen qui parlaient des femmes dans leurs chansons du genre "Ma femme m'a quitté,cette vilaine femme me fait souffrir", cette femme symbolise en générale l'homme blanc.Ce que je cherche c'est une chanson de ce type qui ne parle pas ouvertement des blancs mais se sert de la femme comme une sorte de métaphore ou de code que seul les noirs pouvait comprendre.C'est souvent très dur de distinguer clairement dans une chanson si "La Femme" symbolise l'homme blanc ou si il s'agit bien de la femme dans le sens "deception amoureuse" comme chez Son House par exemple qui lui parle de la douleur de perdre une femme.
J'espère que ce que je dis est compréhensible.

Oui, je crois d'ailleurs qu'il y a une phrase de Martin Luther King à ce propos. Il s'exprimait plus précisément sur le gospel, mais je pense que l'on peut tout à fait l'étendre au blues :

"Nos negro-spirituals, aujourd'hui admirés dans le monde entier, étaient souvent des codes. Nous chantions le 'ciel' qui nous attendait et les maîtres esclaves écoutaient, en toute innocence, sans se douter que nous ne parlions pas de l'au-delà. Le mot 'ciel' désignait le Canada et le Noir chantait l'espoir qu'en s'enfuyant par le chemin de fer souterrain, il y parviendrait un jour".

Dans le dernier numéro de "Blues again", le dossier sur Martin Luther King évoque la question de la musique et de l'émergence du combat pour les droits civiques. Je pense que tu dois pouvoir y piocher quelques éléments.

Iceman a écrit:Oui, je crois d'ailleurs qu'il y a une phrase de Martin Luther King à ce propos. Il s'exprimait plus précisément sur le gospel, mais je pense que l'on peut tout à fait l'étendre au blues :

"Nos negro-spirituals, aujourd'hui admirés dans le monde entier, étaient souvent des codes. Nous chantions le 'ciel' qui nous attendait et les maîtres esclaves écoutaient, en toute innocence, sans se douter que nous ne parlions pas de l'au-delà. Le mot 'ciel' désignait le Canada et le Noir chantait l'espoir qu'en s'enfuyant par le chemin de fer souterrain, il y parviendrait un jour".

Dans le dernier numéro de "Blues again", le dossier sur Martin Luther King évoque la question de la musique et de l'émergence du combat pour les droits civiques. Je pense que tu dois pouvoir y piocher quelques éléments.

Je l'ai acheté et en effet le dossier sur Martin Luther King et les droits civiques est très interessant.

Jungleland a écrit:celles-ci avaient un genre moral vis à vis de la communauté. Un peu un guide de bonne conduite (ne bois pas, ne bas pas ta femme, fais bien ton travail ... )

le Blues, moral (?) mouarf Jungle t'as bu ou quoi je dirais plutot réaliste et vivant, mais bon j'étais pas la quand ca a été inventé.

...je citerai pour exemple les paroles de Garbage Man, Banana in your fruit basket, de Vicious vicious vodka ou de Good good whiskey ou encore de Spoonful..

sinon en effet j'ai vaguement entendu dire que certaines chansons planquent effectivement des allusions non prononcables en clair sous couvert de parler de sa moitié.

je te conseillerai le bouquin de JP Levet "talkin' that talk".

si si je maintiens. Evidemment on connait le blues "lamentation sur la vie" ou le blues salace mais c'est très loin de représenter l'intégralité des textes blues.

je vais en prendre quelques exemples (tirés pour la pluparts du livre "fonctions sociales du blues" de Robert Springer) :

- Références à la Bible : Skip James - Cypress Grove Blues
- Conformisme sexuel et refus des déviances : Leroy's Buddy - Sweet Woman Blues
- Peur de la perte de l'être aimé : Roosevelt Sykes - Ups and Downs Blue. Bessie Smith - Empty Bed Blues.
et surtout comment mener une vie simple permettant d'éviter ces problèmes : Blind Willie Reynolds - Married Man Blues
- La morale vis à vis de la drogue : Jazz Gillum - Refeer Head Woman
- ou l'alcool : Tommy Johnson - Canned Heat Blues

C'est là un des aspects du blues souvent oublié : le narrateur conte ses mésaventures et donne des tuyaux pour éviter ses problèmes (souvent des conseils moraux ou des regrets - si j'avais écouté papa ou si je m'étais tenu loin du pénitencier)


Pour en revenir à la représentation du blanc dans les chansons j'ai fouillé un peu : la femme représente souvent le patron, le contremaitre ou le planteur blanc
voir dans ce titre de Willie Walker - South Carolina Rag :
Ask for drink of water, she brought gasoline
Now listen, tellin' you, doin' me mighty mean
I wanna tell you, that's no way to do.

Begged for water, she bring gasoline
Now let me tell you ain't that mean ?

When you beg for water they bring gasoline

A voir aussi dans le titre de Kokomo Arnold : I'll Be Up Someday (prétexte : le bon ouvrier outragé)
ou Brownie McGhee : Grievin' Hearted Blues (prétexte : le regret amoureux)
ou Howlin' Wolf : How Many More Years (prétexte : le suicide)
ou Furry Lewis : Judge Boushe (prétexte : la revanche)

et pour finir le souhait de la mort du coupable : Henry Townsend - She's Got A Mean Disposition


Plus rare a été l'ironie directe envers les blancs en raison des risques encourrus. On peut citer les titres :
Jim Jackson - Going Round The Mountain
Charlie Jordan - Raidin' Squad Blues
Blind Boy Fuller - When You Are Gone
Willie Turner - Captain Holler Hurry

Merci beaucoup Jungle

On peut aussi citer le "POLICE DOG BLUES" de Blind Blake...

" I met a girl...Couldn't get her of my mind"....
"She passed me up, said she didn't like my kind"
"Think I'll travell, think I'll let her be".
"Before she stick, her Police Dog on me"

Il rencontre une femme qu'il trouve désirable mais avec laquelle il ne peut rien espérer parce qu'il n'est pas (de) son genre...
Quand au chien policier qu'elle va lui jeter dessus, l'allusion est suffisamment explicite...

C'est tout ce qui me vient à l'esprit en plus des infos de Jungle...
Désolé, je suis plutôt absent en ce moment.
La vie va trop vite.
Quelques amis proches malades. Le problème de devenir Quadra Tes potes vieillissent aussi et tu dois dire au revoir à certains.
Profitez et jouez !
A plus.

Merci Bluephil

J'avais lu quelque chose comme quoi lorsque'un homme noir couche avec des femmes blanches, celui-ci était félécite chez les noirs. Mais si l'inverse se produisait, la femme était méprisé. Ainsi beaucoup de gens métis préfèrent dire que c'ets leur père ou grand-père qui était noir plutot que l'inverse.

Je tiens ca de Chien-blanc de R.Gary. Un très bon bouquin qui se passe en Amérique aux environs de l'assassinat de Martin Luther King.

Sinon, ilmesemblait plutot que le blues etait immorale de part la conduite du bluesman et part ses textes.
Mais c'ets vrai que certains textes sont très morals ou pieux. Bliend Lemon Jefferson était un ancien pasteur qui préchait avce sa guitare.

ce rapport de races était très complexe, il y même eu à un moment donné une échelle de valeur chez les noirs eux-mêmes entre les métis et les différents tons de la couleur de la peau - il faudrait que je fouille un peu pour retrouver des textes de chansons qui traitent de ça.


Pour ce que tu dis du reste il est vrai qu'il y a une tradition de la glorification du jeu, de l'alcool et des conquêtes féminines dans le blues mais là encore ça ne se résume pas qu'à ça. Il y a eu également pas mal de messages "socio-éducatifs" qui ont été passés par ce biais, mais pas au début en tout cas !

You give me nothin', nothin' but the blues
You give me nothing but the blues
You give me nothin', nothin' but the blues
You give me nothing but the blues
But baby, still I go for you

You always lie to me
You've always been untrue
You always lie to me
You've always been untrue
You give me nothing but the blues
But baby, still I go for you

You make my night so miserable
You make my day so blue
You make my night so miserable
You make my day so blue
You give me nothing but the blues
But baby, still I go for you

Come on and ease my troubles
No one can but you
Come on and ease my troubles
'Cause no one can but you
You give me nothing but the blues
But baby, still I go for you

(Guitar Slim)



Les rapports hommes/femmes pour parler des noirs et des blancs c'est assez connu.
Déterminer quels morceaux parlent de quoi...
Je crois qu'il y a tout les stades entre le truc à peine déguisé et la métaphore peut-etre même inconsciente à l'auteur.
Je crois surtout que beaucoup aiment justement jouer sur l'ambuiguité.
C'est beau le blues.

Il me semble que Miles Davis s'en était exprimé en son temps avec un peu de colére teintée d'humour noir...ce qui ne l'a pas empéché d'acceuillir des musiciens blancs lorsqu'ils étaient talentueux et digne selon lui d'intégrer une culture autre.

Je crois que pour le bluesman blanc, il est important d'accepter avec humilité la dette de l'esclavage dont nous ne sommes pas tout blanc

novisad a écrit:Je crois que pour le bluesman blanc, il est important d'accepter avec humilité la dette de l'esclavage dont nous ne sommes pas tout blanc

Hey hey hey, dis-moi Monsieur Faubus
Hey hey hey, dis-moi comment les blancs
Font pour vendre les nègr's à l'argus
Et pour en brûler de temps en temps
Moi je fais de mon mieux pour ne pas y penser
Mais je me sens très souvent très très embarrassé
Par la couleur de ma peau qui me démoralis' un p'tit peu

Et c'est pourquoi je voudrais
Je voudrais être noir
Je voudrais être noir

Hey hey hey, vous les Saints, les Élus
Hey hey hey, vous les simples d'esprit
Vous qui chantez tout de blanc vêtus
Dans les verts pâturag's près de lui
Dites-moi s'il vaut mieux pour entrer dans c'royaum'
Avoir plutôt la peau noire ou plutôt la peau jaun'
Et si le blanc n'est pas un' couleur déconseillée parmi vous

Une chanson comme "Respect" chantée par Otis Redding et Aretha Frankilin me semble être aussi une métaphore des revendications des noirs par rapport aux blancs. Le "respect" que le narrateur demande à son conjoint est sans doute également celui que les noirs demandaient aux blancs dans les années 60.

Five long years c'est du même tonneau non?