Little Milton

De son vrai nom Milton Campbell Junior, Little Milton voit le jour le 7 septembre 1934 à Inverness, près de Greenville, dans le Delta. Ses parents, agriculteurs très pauvres, transmettent très vite le goût de la musique à Milton. En effet, à ses moments perdus, son père était musicien de blues local tandis que sa mère l’emmenait chanter dans la chorale de l’église. A 12 ans il apprend à jouer de la guitare sur un incroyable instrument confectionné avec deux cubes, une bouteille et un fil de fer...

Les années 40 le voit jouer dans les bars de Greenville. A cette époque son influence majeure se nomme T-Bone Walker, “sa guitare chantait” se rappelle Milton. C’est dans ces établissements qu’il rencontre Junior Parker, B.B. King et Sonny Boy Williamson. En 1953, Ike Turner, avec qui il est très ami, le présente à Sam Philips. De cette rencontre nait, à Memphis, l’enregistrement de son premier single : “Beggin’ My Baby” chez Sun.

Sur les conseils de Ike, Milton part en 1958 à East Saint Louis. Il va y donner une débauche de concerts et, sous le label Bobbin Records, enregistre ce qui va être son premier succès commercial : “I’m a Lonely Man”. Séduit le label Chess l’engage dans la foulée.

Les années 60-70 vont voir son heure de gloire, avec des titres comme “We’re Gonna Make It” ou “Blind Man”. Son passage chez Stax lui fera atteindre des sommets avec “Walking the Back Streets and Cryn” et “That’s What Love Will Make You Do”. La faillite du label lui fera vivre un bref passage à vide avant de repartir du bon pied chez Malaco qui va réaliser une bonne quinzaine d’albums de Milton. On peut citer parmi les plus remarquables : “Movin’ to the Country en 1987, “Too Much Pain” en 1990, “Cheatin” Habit” en 1996, “Feel It” en 2001 ou encore “Guitar Man” en 2002.

Parallèlement Little Milton continue de tourner assidument sur toutes les scène mondiales. A toutes ces tournées nous devons d’ailleurs le fameux “Blues is Alright”, créé pratiquement sur scène pour remplir un vide.

Le 4 août 2005, à la suite d’une attaque cérébrale, le coeur de Little Milton cesse de battre, privant la scène blues d’un artiste des plus attachant. Il sera accompagné à sa dernière demeure le 10 août, à South Haven, Mississippi, par sa famille, ses amis et des centaines de fans.

Discographie :
1965 We're Gonna Make It - Chess
1968 Sings Big Blues - Checker
1970 Grits Ain't Groceries [live] - Stax
1970 If Walls Could Talk - MCA/Chess
1973 Waiting for Little Milton - Stax
1973 What It Is - Stax
1974 Montreux Festival [live] - Stax
1974 Blues 'N Soul - Stax
1975 Tin Pan Alley - Stax
1976 Friend of Mine - Glades
1981 Walkin' the Back Streets - Stax
1982 The Blues Is Alright - Evidence
1983 Age Ain't Nothin' But a Number - Mobile
1984 Playing for Keeps - Malabo
1987 Movin' to the Country - Malaco
1987 Annie Mae's Cafe - Malaco
1988 I Will Survive - Malaco
1988 Back to Back - Malaco
1989 Live - Passport
1990 Too Much Pain - Malaco
1991 Reality - Malaco
1992 Who's Cheating Who - Sound
1992 Strugglin' Lady - Malaco
1994 I'm a Gambler - Malaco
1995 Live at Westville Prison - Delmark
1996 Cheatin' Habit - Malaco
1997 Count the Days - 601
1998 For Real - Malaco
1999 Welcome to Little Milton - Malaco
2000 Blues in the Night - Onyx Classix
2001 Feel It - Malaco
2002 Guitar Man - Malaco
2005 Think of Me - Telarc
2006 Live at the North Atlantic Blues Festival - North Atlantic Blues Records

encore une bien belle présentation

J'en ai entendu pas mal de morceaux épars de Little Milton mais je n'ai comme disque que Sings Big Blues et encore sur une vieille cassette pourrie.

tu as des favoris dans sa discographie ?

Merci Jungle

En ce qui concerne ta demande je peux te conseiller "Annie Mae's Cafe" ainsi que "Too Much Pain".

Peut-être que d'autres connaisseurs du forum pourront aussi y aller de leurs conseils

il me semble aussi me souvenir que Fredo avait bien aimé Think Of Me. Je retiens les titres dont tu parles ... faut bien que je complète ma discothèque

J'ai cet album qui a priori est une compilation qui date de 1995 :



1. Grits Ain't Groceries (All Around The World)
2. If Walls Could Talk
3. Just A Little Bit
4. Poor Man's Song
5. So Mean To Me
6. Let's Get Together
7. Without My Sweet Baby
8. I Play Dirty
9. Blind Man
10. Baby I Love You

Ainsi que "Think of me" qui me semble pas mal.

@+

Prochainement je compte investir dans celui là dont j'ai des retours élogieux

Il a un petit côté "Carl Weathers", le "apollo creed" dans Rocky

vous ne trouvez pas ?

Absolument ! Je m'étais d'ailleurs déjà fait la même réflexion.

j'aime beaucoup celui-là:


1981 Walkin' the Back Streets - Stax

Je le préfère à "think of me" (et il est à 5 € sur marketplace)

Pas un très grand fan de Little Milton, en plus de celui présenté par bb boogie, j'ai juste celui-ci :



If Walls Could Talk - 1969

Les 2 ne sont pas mal, mais trop Soul à mon goût, et perso j'ai du mal avec sa voix et aussi avec la production STAX en général.

Il est clair que Milton faisait le grand écart entre le blues et la soul, au risque bien évidemment d'en rebuter certains.

01. Feel So Bad
02. Reconsider Baby
03. Stormy Monday
04. Woke Up This Morning
05. Hard Luck Blues
06. Please, Please, Please
07. Sweet Sixteen
08. Fever
09. Sneakin' Around
10. Have Mercy Baby
11. Part Time Love

Little Milton délaisse la soul orchestrale (omniprésente sur We're Gonna Make It) pour l’album suivant, « Sings Big Blues » chess 1966 , il propose principalement des reprises de blues (memphis-texas-californie) taillées sur mesure avec des arrangements très moderne qui parfois surpassent les versions originales.
Little Milton est un remarquable chanteur, il est également surprenant à la guitare (grosse influence de t-bone walker via Lowell Fulson, BB King...).
"Sings Big Blues" est dispo en cd couplé avec "We're Gonna Make It" MCA

Je n'aime pas trop Little Milton, mais l'album que tu cites Bloomers, me mets l'eau à la bouche.

Je ne sais pas si cet Lp a été réédité en Cd, mais si vous tombez dessus n'hésitez pas,
Little Milton y interprète du Blues, il y démontre aussi d'excellente qualité de guitariste.

c'est une compile avec ses premiers enregistrement dirigé par Ike Turner pour le célèbre label Sun

Old_Debris a écrit:Je n'aime pas trop Little Milton, mais l'album que tu cites Bloomers, me mets l'eau à la bouche.

vas-y, les yeux fermés

"What an emotional tribute to an AMAZING Blues Legend! The Blues Foundation unveiled the Little Milton statue that will no doubt become a must see for visitors of ‪Memphis‬. I was extremely touched and honored to capture the emotion’s of Little Milton’s widow Pat as she looked upon the face of this incredible monument for the first time. I cannot wait until the Grand Opening of the Blues Hall of Fame May 8."

James Wessels - Photographe.

























Crédits Photos James Wessels - http://www.blurredimg.com/

A propos de Little Milton, on peut remarquer que ce fut un artiste plutôt original dans le monde de la musique populaire noire américaine, mi soulman, mi bluesman.

Les "purs" artistes soul, issus pour la plupart du Gospel, n'ont abordé que très rarement le Blues, et encore de façon édulcorée.
A l'inverse, des bluesmen, comme BB King, ont fait ça et là des incursions dans la Soul.
D'autres ont clairement eu deux carrières distinctes, l'une soul, l'autre Blues (par exemple les frères Johnson, Syl et Jimmy).
Little Milton, lui, a sans cesse fait l'aller retour entre Soul et Blues, se montrant aussi à l'aise dans les deux genres.

Je me rappelle l'avoir vu en concert en 1982 à Bagneux près de Paris dans le cadre du "Chicago Blues festival", en l'occurence plutôt mal nommé, encore que plusieurs enregistrements de Little Milton ont été distribués par Chess records dans les années 60.
En fait, les organisateurs du festival avaient sauté sur une occasion : à cette époque Little Milton vivait un creux dans sa carrière, sans maison de disques. On pouvait donc "se le payer" sans son orchestre à un prix abordable et les organisateurs en avait profité ! Quelques années après, le succès revenant avec ses disques Malaco, cela n'aurait pas été possible.

Le concert avait été très bon. Je me souviens d'un Little Milton arrivant sur scène dans un étonnant costume rose flashy  qu'il fallait oser porter mais qui finalement lui seyait très bien .
La musique avait été 100% Blues et il avait montré qu'il était un très bon guitariste de Blues et un excellent chanteur.
Un disque studio (lui aussi Blues) avait même été enregistré en France ("The Blues is allright"), assez "routinier" sans doute, mais plutôt de bonne qualité quand même.

Devil's Slide a écrit:Il est clair que Milton faisait le grand écart entre le blues et la soul, au risque bien évidemment d'en rebuter certains.

Le désir et le besoin des maisons de disques de tout vouloir catégoriser, compartimenter pour des raisons commerciales brouille le discours je trouve.
Il n'y a pas de grand écart entre le blues et la soul. C'est la même musique en réalité, qui puise ses sources dans le gospel des églises et même plus loin.
Pour exemple, Junior Wells qui fait du Blues a la voix de James Brown: ya de la soul dans son blues...
Milton est un noir qui fait de la musique noir tout simplement.
Les américains en général, se formalise beaucoup moins sur les catégories car ils n'ont pas le problème de la langue et peuvent se focaliser sur le message et le propos.
Nous français, comprenons peu ou pas les paroles: on sera logiquement plus sectaires et concentré sur le style, ce qui réduit en quelque sorte la fenêtre de tir....

Dans cette vidéo, l’œil avisé reconnaitra le surprenant et légendaire Clarence Gatemouth Brown lui aussi très "éclectique" (il dirige l'orchestre derrière)



Blues, soul ou Gospel ? (superbe chanson en passant...)


fin guitariste...

DandyBlues a écrit:Le désir et le besoin des maisons de disques de tout vouloir catégoriser, compartimenter pour des raisons commerciales brouille le discours je trouve.
Il n'y a pas de grand écart entre le blues et la soul. C'est la même musique en réalité, qui puise ses sources dans le gospel des églises et même plus loin.
Pour exemple, Junior Wells qui fait du Blues a la voix de James Brown: ya de la soul dans son blues...
Milton est un noir qui fait de la musique noir tout simplement.

Un peu d’accord et un peu pas d’accord avec toi !...    

Evidemment d’accord pour estimer qu'il n'y a pas de grand écart entre la Soul et le Blues. Maintenant dire que c’est la même chose parce que les racines sont les mêmes (encore qu’à mon avis le Gospel est plus « frère » du Blues que « père »), là je trouve ça plus contestable.  
Dans ce cas, on pourrait aussi inclure le Jazz, le Jump, la Folk, le Rock, le Doo Wop, et même la country et ses dérivées, tous issus du même socle.

D’ailleurs, et ça va dans ton sens, c’est un peu ce qui était fait dans les années 40 et 50 où la plupart des musiques noires américaines étaient réunies sous la seule dénomination R&B. Mais comme en parallèle les enregistrements issus de ces musiques noires étaient tous appelés « race records », j’avoue que je ne goûte pas trop ces généralisations à l’arrière goût douteux et qui de plus me paraissent très réductrices de la richesse et de l’histoire de la musique noire américaine.  

Alors où je te rejoins c’est pour constater que ces styles ont forcément un air de famille plus ou moins marqué (parents, enfants, frères, cousins… Je ne suis pas un spécialiste de la généalogie…   ), et sont donc nullement imperméables.
Et on peut effectivement trouver nombre d’artistes qui ont enregistré des morceaux dans un genre un peu différent de ce qu’ils font habituellement. Mais, outre le fait que c’est essentiellement ponctuel, le plus souvent ces enregistrements sont justement réalisés dans le style du genre habituel de l’artiste !...
Ainsi, quand Otis Redding chante « rock me Baby », il le fait de manière très Soul et on peut dire qu’aucun bluesman ne le chanterait comme cela. De même, Un jazzman qui joue du Blues (et c’est relativement fréquent) le fera, sauf exceptions, dans une démarche et avec une technique instrumentale jazz.

Et pour en revenir à Little Milton, ce qui est original c’est que durant toute sa carrière il est sans cesse passé de la Soul au Blues et inversement (pourquoi d’ailleurs ? je ne le sais pas… Par goût ou par opportunisme ? ) en étant parfaitement à l’aise et « crédible » dans les deux genres.

DandyBlues a écrit:Les américains en général, se formalise beaucoup moins sur les catégories car ils n'ont pas le problème de la langue et peuvent se focaliser sur le message et le propos.
Nous français, comprenons peu ou pas les paroles: on sera logiquement plus sectaires et concentré sur le style, ce qui réduit en quelque sorte la fenêtre de tir....

Ben… Je ne sais pas…  
Je ne suis pas certain que les américains soient si focalisés que cela par les paroles des chansons…  
Peut être effectivement sont-ils moins enclins que nous à coller des étiquettes et à mettre dans des cases. Cela dit, coller des étiquettes ne me paraît pas en soi si blâmable dans la mesure où on cherche à comprendre le parcours des artistes et des musiques.  
Et puis bon, la célèbre formule « Il n’y a que deux sortes de musique, la bonne et la mauvaise » est habile et bien trouvée, mais ce n’est qu’une formule…  
Ce qui est surtout mauvais, c’est de vouloir à tout prix conserver les artistes dans ces cases en leur interdisant d’en sortir. Après, quand ils en sortent on peut plus ou moins apprécier… C’est aussi permis !